“Free Guy” : la comédie méta commence à bien ronronner
Guy, figurant dans un jeu vidéo évoquant le mode online de GTA V, prend soudainement conscience de la vanité de son existence et décide d’en réchapper en gravissant les échelons de son jeu au nez et à la barbe des véritables joueurs et joueuses,...
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Guy, figurant dans un jeu vidéo évoquant le mode online de GTA V, prend soudainement conscience de la vanité de son existence et décide d’en réchapper en gravissant les échelons de son jeu au nez et à la barbe des véritables joueurs et joueuses, pour les beaux yeux de l’une d’entre elles – tout du moins de son avatar. Ce faisant, il va permettre à Shawn Levy – bien rôdé à ce genre de principe via la saga La Nuit au musée – de dérouler en pilote automatique toutes les plaisanteries qu’on peut attendre d’une comédie sur le jeu vidéo en ligne en 2021 : looting mirobolant, streameurs·euses préados, etc.
Pris au piège ?Certes “briser le quatrième mur” (c’est-à-dire abolir la frontière symbolique séparant le monde de la fiction du nôtre, avec des héros qui ont conscience d’être des personnages fictifs) pouvait peut-être encore faire frétiller les geeks amateurs d’audace théorique, et remuer le paysage pop culturel il y a 5 ans. En tout cas, suffisamment pour relancer la carrière de Ryan Reynolds qui allait alors, grâce aux pitreries autoréflexives de Deadpool, connaître une explosion soudaine après 20 ans de relative insignifiance.
>> À lire aussi : “The Suicide Squad” de 2021 fait-il le poids face à celui de 2016 ?
Mais 5 ans après, Reynolds est à peu près devenu Deadpool – à moins que ce soit l’inverse, on ne sait plus très bien. Toujours est-il que l’acteur semble complètement emberlificoté dans sa performance méta, qu’il a prolongée dans d’autres films comme Deadpool 2 ou Detective Pikachu (sans oublier leur tournée promo et leurs partenariats publicitaires), et qui atteint avec Free Guy le pic de lassitude à laquelle elle était depuis le début condamnée.
Archétype de l’entertainment contemporainL’ironie étant que ce principe de récit est à l’origine singulier, émancipateur voire subversif, permettant à des personnages d’échapper symboliquement à leur condition et de se moquer de la machine hollywoodienne. Il apparaît désormais comme totalement standardisé, dictatorial et avalisé par la machine à spectacle.
Car la conscience faussement insoumise qu’a Guy d’être un personnage, ou plutôt un produit – une scène de combat effarante le voit manipuler successivement des armes issues d’Avengers, de Star Wars, de Fortnite et de Portal façon combo ultime : la frime hollywoodienne ne se mesure plus à la quantité de pyrotechnie mais au nombre de licences de copyright – le renferme dans un archétype mollasson de l’entertainment contemporain.
Il est grand temps pour ce bon acteur comique de trouver matière à se réinventer sur d’autres terrains que ceux de la déconstruction parodique facile et de sortir d’un statut de “Jean-Michel Méta” qui pourrait bien vite commencer à pourrir.
Free Guy de Shawn Levy. Avec Ryan Reynolds, Jodie Comer, Lil Rel Howery. En salle le 11 août.