Gabriels : “On veut se connecter avec les gens sur tous les plans”
Depuis plusieurs années, la hype autour de Gabriels monte, à coup de singles et de concerts renversants. Le trio basé à L.A. repose sur une alchimie inattendue entre Ryan Hope, un réalisateur fan de house, Ari Balouzian, violoniste branché...
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Depuis plusieurs années, la hype autour de Gabriels monte, à coup de singles et de concerts renversants. Le trio basé à L.A. repose sur une alchimie inattendue entre Ryan Hope, un réalisateur fan de house, Ari Balouzian, violoniste branché classique, et Jacob Lusk, chanteur de Compton, qui a grandi avec le gospel. Ensemble, les trois créent la soul la plus séduisante et pertinente de l’époque, en équilibre entre tradition et révolution. Rencontre avec l’incroyable Jacob, porte-parole d’un trio qui sort son 1er véritable album, le magnifique Angels & Queens.
Pendant le concert au festival We Love Green, tu as rappelé être un “church boy”. L’église, c’est vraiment là où tu es né en tant que chanteur ?
Jacob Lusk – Jeune, je suis allé dans une église chrétienne, tout près de Compton. J’étais un horrible chanteur – demandez aux personnes qui étaient là –, mais je voyais d’excellents musiciens jouer, des pointures. Ça a influé sur l’amour que j’ai pour la musique, c’est sûr.
Comment as-tu progressé ?
J’ai beaucoup pratiqué le chant, j’étais très motivé pour progresser. Dès que l’on m’en donnait l’opportunité, je tentais ma chance. J’ai toujours été ouvert à l’apprentissage. Je crois qu’au bout d’un moment, Dieu s’est dit : ”Allez, aidons-le !”
En 2011, tu as participé à l’émission American Idol, une expérience difficile ?
Oh, pas tant que ça. Simplement, j’étais jeune, les réseaux sociaux venaient d’être créés, je n’avais pas l’habitude d’être jugé par le public. Mais c’était la meilleure chose qui me soit arrivée jusque-là. Je suis passé à la télévision, je collaborais avec les plus gros producteurs du monde, je côtoyais J.Lo et Steven Tyler au quotidien.
Lors de cette émission, tu as repris, entre autres, des titres de Billie Holiday, Elton John, Sam Cooke. C’étaient tes chansons préférées ?
Certaines, mais je ne les avais jamais interprétées ! D’autres sont devenues mes préférées. J’aime simplement la bonne musique, j’écoute du classique, du jazz.
Avec une préférence pour la musique spirituelle ?
Oh non, je pense que n’importe quelle musique possède un degré de spiritualité.
Que s’est-il passé entre American Idol et le début de Gabriels ?
Beaucoup de hauts et de bas. J’ai eu différents boulots, je me suis parfois éloigné de la musique. Pendant cette période, j’ai fait des chœurs pour Diana Ross, j’ai travaillé pour Beck sur plusieurs de ses albums et des concerts, j’ai chanté pour St Vincent.
Ces expériences de background singer te servent désormais ?
Beaucoup. Quand tu es en en studio pour enregistrer des chœurs, il faut aller vite. Lorsqu’arrive ton tour, tu dois être prêt. Les artistes et les producteurs veulent que la prise soit directe la bonne pour passer à autre chose.
Comment s’est déroulée ta rencontre avec Ryan Hope et Ari Balouzian, les deux autres membres de Gabriels ?
Ils cherchaient une chorale, ma tante voulait que je les aide pour décrocher l’audition. J’ai commencé par refuser parce que je me voyais trop beau – “Oh, tu sais qui je suis ?” Bon, finalement je les ai aidés. Mais, ensuite Ryan et Ari ont voulu enchaîner sur une session studio. Je leur ai répondu : “Vous avez eu ce que vouliez, laissez-moi tranquille !” Alors ils sont venus à l’église où répète la chorale dont je m’occupe et ils ont mis en place un studio mobile. Finalement, Ryan, Ari et moi sommes devenus amis et avons commencé à collaborer. C’était juste pour s’amuser, il n’y avait pas l’objectif de créer un groupe.
Quand as-tu su que c’était du sérieux ?
Quand on a participé aux films publicitaires pour Prada (The Delivery Man, réalisé par Ryan Hope, ndlr). Là, je me suis dit : “Peut-être que l’on tient quelque chose.” À l’époque, je travaillais pour un fabriquant de lunettes de soleil. Je ne pensais pas que Gabriels deviendrait aussi énorme qu’aujourd’hui, pour être honnête.
Quelles sont vos influences communes ?
Il y a beaucoup d’influences mais autant que l’on ne partage pas. Ari et Ryan adorent Nick Cave, je n’ai aucune idée de qui c’est.
C’est un chanteur important pour ce magazine !
Promis, j’écouterai…
Comment travaillez-vous ensemble ?
On s’assied dans une pièce et on discute. Et dès que quelque chose d’intéressant en sort, on s’y met. Ryan est un réalisateur, il a une autre approche que celle d’un musicien. Quand nous écrivons nos chansons, nous nous représentons la scène, à quoi ressemble le décor, l’atmosphère. Les images sont très importantes dans notre univers.
Vous jouez avec l’imagerie de la revue soul sur scène mais votre musique n’a pas vocation à être rétro…
Hé, je suis un jeune gars ! J’écoute du hip-hop, j’aime Kendrick Lamar, Cardi B, Nicki Minaj…
Manteau cape multicolore et brodé et smoking complet… Ton costume de scène est très classe.
C’est une question d’élégance, de fierté. Je veux montrer que, pour moi et aussi ma famille, monter sur scène est un grand honneur. C’est aussi pour exposer une autre facette du monde d’où je viens (Compton, ndlr). Pour mon look, j’ai piqué pas mal de choses à André Leon Talley (regretté journaliste de mode disparu en janvier 2022, ndlr).
Tu chantes l’amour, le deuil. D’où viennent ces sujets ?
C’est un juste un reflet de nos vies, la vie n’est pas noire ou blanche. Je veux me connecter avec les gens sur tous les plans. Si on peut réussir ça, on est bien parti.
Comment avez-vous travaillé avec le producteur Sounwave ?
Il a un talent incroyable, il respire comme s’il avait un troisième poumon. C’est vraiment fou la manière avec laquelle il a plongé dans notre musique pour lui apporter le plus de vie possible et d’autres perspectives. On a travaillé pendant plusieurs périodes et, quand on a eu le squelette des chansons, on s’est littéralement enfermé pendant deux semaines avec Sounwave. Ensuite, on a continué à distance pour opérer de petits changements. Glory, on l’a modifiée une semaine avant la sortie.
Pourquoi avoir sorti Angels & Queens en deux parties ?
On avait tellement de musique ! Certaines personnes se plaignaient que notre musique était trop profonde, lourde, voire indigeste. Alors on s’est dit : “Ok, divisons l’album en deux, comme un bon repas.” Comme ça, tu n’as pas en même temps les amuses-gueules, l’entrée, le hors-d’œuvre, le plat principal, le désert, le champagne, le café, le vin.
Qui s’occupe du live ?
Je suis peut-être plus impliqué que les autres quand il s’agit des concerts… Juste parce que je suis dingue. Je règle les interventions des choristes, je fais les chorégraphies, on cause constamment de l’ordre des chansons. Je demande souvent de le changer. Je ne suis pas control freak, mais perfectionniste, je veux que les concerts soient les meilleurs possibles.
La pochette d’Angels & Queens représente une sorte de baptême. Pourquoi cette image spirituelle ?
D’abord, merci d’avoir dit “spirituelle” plutôt que “chrétienne”. On voulait que l’interprétation soit la plus ouverte possible, parce que ma foi n’est pas forcément la tienne. Gabriels est pour moi une renaissance. La manière avec laquelle je chante et je me produis sur scène n’a rien à voir avec ce que je faisais auparavant. Ce que cette pochette symbolise.
On t’a vu dans une vidéo de Gabriels chanter Strange Fruit de Billie Holiday lors d’une manifestation Black Lives Matter. On peut changer le monde avec une chanson ?
Oui. Parfois, il te manque les mots justes pour causer d’un sujet, mais la mélodie et une chanson peuvent le faire à ta place. Strange Fruit, je l’avais déjà chantée avec un orchestre. Lors de cette manifestation, je ne sais pas, j’ai juste ouvert la bouche et c’est cette chanson qui est sortie. Ce qui est intéressant, c’est que l’on pourrait penser qu’une chanson aussi vieille ne peut plus être pertinente à notre époque. Et pourtant… Nous avons parcouru du chemin mais il nous en reste autant à parcourir.
Kerri Chandler, légende la house américaine, vous a remixés. Comment c’est arrivé ?
C’est parce que Ryan est un gros fan de house. C’est son monde.
Quelle pourrait être la collaboration de tes rêves ?
Faire une chanson avec Mariah Carey, avec Adele ou avec Juliette… J’ai peur d’écorcher son nom, ha oui, Juliette Armanet !
Propos recueillis par Vincent Brunner
Angels & Queens (Warner). Sortie le 7 juillet.