Gaspard Augé (Justice) tout en “Escapades” electro-illustratives
“Il est bon de renouveler les sources d’émerveillement”, écrivait Ray Bradbury. L’auteur américain des Chroniques martiennes (1950), pas le dernier pour susciter le désir du voyage interstellaire, aurait sans doute aimé déambuler dans l’appartement...
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“Il est bon de renouveler les sources d’émerveillement”, écrivait Ray Bradbury. L’auteur américain des Chroniques martiennes (1950), pas le dernier pour susciter le désir du voyage interstellaire, aurait sans doute aimé déambuler dans l’appartement montmartrois de Gaspard Augé, sorte d’astronef vintage trahissant les penchants fétichistes de son propriétaire.
On imagine que c’est dans cet écrin aux allures de time machine (on croise des robots seventies, une borne rétro-éclairée Bee Gees, des 33t de la collection “Prospective 21e siècle” consacrée à la musique concrète, electro-acoustique et électronique dirigée par les compositeurs Pierre Henry et François Bayle) que la moitié de Justice a mûri ses escapades en solitaire.
Oubliant de confondre air du temps et modernité, ce bon vieux Gaspard s’affranchit sur ce 1er album en solo – au générique duquel on retrouve en cocompositeur Victor le Masne (batteur de Housse de Racket, arrangeur de Juliette Armanet) – de la tendance d’une certaine pop made in France à tanguer entre disco de Prisunic et variet’ “cool”, pour s’étendre en long et en large sur douze plages instrumentales qu’il qualifie lui-même de “maximalistes”.
Un habile recyclage des poubelles de la pop
A l’image de ce diapason rutilant qui transperce le paysage lunaire de la pochette et dont les reflets chromés ne sont pas sans évoquer les délires SF de Métal Hurlant autant que la pochette du Tubular Bells de Mike Oldfield.
Comme la plupart de ses copains bercés par une mélancolie bien hexagonale, Gaspard Augé a un petit faible pour la période giscardienne, les bandes originales de films français et italiens et la musique d’illustration, “cette poubelle de la pop”, comme la nomme Rob, vieux compagnon de route de Sébastien Tellier et spécialiste du genre.
Chœurs, clavecin, synthés de 900 chevaux et suites d’arpèges désenchantés
Partant de l’idée qu’il y a quinze Hans Zimmer dans le petit doigt de François de Roubaix et qu’un thème bien lustré vaut mieux qu’un tube 1er au hit-parade, Escapades offre des cavalcades primesautières à la Cosma (Captain), héroïques (Vox) ou martiales (Pentacle) en convoquant chœurs, clavecin, synthés de 900 chevaux et suites d’arpèges désenchantés à la puissance d’évocation sidérante.
Si l’on voit bien Gaspard aux manettes du score d’un potentiel remake de La Folie des grandeurs (1971) – assuré autrefois par Michel Polnareff – dans l’espace, c’est parce que le moindre centimètre carré de sa mémoire, puisque l’on cause ici d’un disque qui appelle aux réminiscences du passé, est hanté par un accord qui conduit à une image, et que cette image, à défaut d’être projetée en Cinémascope, est restituée par l’entremise de toiles sonores tissées par un esthète taiseux vivant à la marge de l’époque. Et donc pile-poil là où il faut pour émerveiller.
Escapades (Ed Banger Records/Because Music), sortie le 25 juin