Génocide au Rwanda: Nicolas Sarkozy accable "l'aveuglement dramatique" de François Mitterrand
POLITIQUE - Pas “de complicité” de la France dans le génocide au Rwanda mais “un aveuglement dramatique” de l’exécutif de l’époque, à savoir François Mitterrand. Dans une entrevue-fleuve accordée au Point mercredi 5 mai, Nicolas Sarkozy a accablé...
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POLITIQUE - Pas “de complicité” de la France dans le génocide au Rwanda mais “un aveuglement dramatique” de l’exécutif de l’époque, à savoir François Mitterrand. Dans une entrevue-fleuve accordée au Point mercredi 5 mai, Nicolas Sarkozy a accablé l’ancien Président socialiste de la République, coupable selon lui d’avoir négligé les alertes sur le massacre des Tutsis.
Rendu fin mars à Emmanuel Macron, le rapport de l’historien Vincent Duclert sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis entre avril et juillet 1994 a estimé que la France “est demeurée aveugle face à la préparation” du génocide et porte des “responsabilités lourdes et accablantes” dans la tragédie.
Un avis que partage Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre du Budget dans le gouvernement Balladur. Saluant “la qualité” du rapport et soulignant à plusieurs reprises qu’il était à ce jour le seul chef d’État en exercice à s’être rendu à Kigali depuis le drame, Nicolas Sarkozy a lourdement accablé ceux qui étaient alors “au plus haut niveau de l’État”.
“Nous n’avions évidemment pas l’entière vérité des faits à l’époque. La politique africaine de la France, en particulier s’agissant du Rwanda, était le pré carré du président Mitterrand, de son entourage le plus proche, de son état-major particulier et de la cellule africaine de l’Élysée”, a déclaré Nicolas Sarkozy, avant d’accuser ces mêmes personnes de n’avoir pas tenu compte des “alertes lancées par les services de renseignement, par des militaires et par des diplomates sur place. “Beaucoup avaient compris ce qui se passait. L’aveuglement dramatique était le fait d’un petit groupe au plus haut sommet de l’État: chef d’état-major particulier, cellule Afrique et le président Mitterrand lui-même”, a-t-il ajouté.
Le génocide rwandais “sous-estimé” par la France, entre autres
La France n’est pas le seul pays à être pointée du doigt par l’ancien dirigeant de droite. Jugeant “indispensable” la reconnaissance de la responsabilité française, Nicolas Sarkozy a globalement dénoncé la “dérive génocidaire” du gouvernement hutu “gravement sous-estimée par l’ensemble de la communauté internationale, dont la France”.
“Un million de morts en trois mois, Kigali, la capitale, qui avait perdu un quart de sa population en cent jours, c’est à peine imaginable. (...) La communauté internationale était sur place, mais elle est restée impuissante!”, s’indigne-t-il, en dénonçant notamment la décision de réduire la présence militaire sur place quelques semaines après le début des affrontements.
Nicolas Sarkozy fait pourtant une exception dans ses reproches au gouvernement de l’époque. Fidèle à sa famille politique, l’ancien président LR a salué l’implication du Premier ministre de la cohabitation Édouard Balladur “qui a joué un grand rôle pour que la France prenne ses responsabilités avec l’opération Turquoise, même si elle fut trop tardive.” Nicolas Sarkozy a cependant laissé entendre que l’opération n’avait pas fait l’unanimité au sein du gouvernement, évoquant “le souvenir d’une polémique sur la mission Turquoise, sa présence dans le pays et son utilité”, sans donner le nom des sceptiques éventuels.
Cette opération “a toutefois permis de sauver des vies”, a-t-il défendu, tout en reconnaissant que la fin du génocide n’a été permise que grâce à la “victoire militaire” du FPR “et non la communauté internationale.”
La remise du rapport Duclert à Emmanuel Macron marque une avancée importante dans le dossier rwandais. Nicolas Sarkozy, qui révèle avoir eu une discussion avec l’actuel dirigeant peu de temps après son élection, plaide lui pour un rapprochement franc entre les deux pays, faisant du Rwanda “un îlot de stabilité dans une région très instable.”
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