“Godzilla Minus One” : le retour triomphal du roi des monstres en ses terres
Le roi des monstres joue les prolongations. Après une exploitation (très) limitée en France les 16 et 17 décembre derniers, Godzilla Minus One, nouvel opus japonais de l’emblématique franchise de la Toho, retrouve le chemin des salles hexagonales,...
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Le roi des monstres joue les prolongations. Après une exploitation (très) limitée en France les 16 et 17 décembre derniers, Godzilla Minus One, nouvel opus japonais de l’emblématique franchise de la Toho, retrouve le chemin des salles hexagonales, précédé d’une excellente réputation et d’un engouement si massif qu’il a fait revoir ses plans au distributeur.
À l’heure où la filière américaine s’englue dans un MonsterVerse globalement navrant (Godzilla 2 : Roi des monstres, Godzilla vs Kong, et prochainement le redouté Godzilla x Kong: The New Empire), ce Minus One, extrêmement impressionnant en dépit de son budget riquiqui, renoue avec la force primale du film de 1954 et dit quelque chose de l’état moribond du cinéma stupéfiant américain.
Retour aux sources
En 2016 déjà, les Japonais réinventaient les origines de leur monstre antédiluvien avec Shin Godzilla, de Hideako Anno, reboot aride et chirurgical dans lequel les personnages étaient réduits à leurs fonctions ; le film concentrant sa force de frappe sur la destruction méthodique des côtes nippones par Godzilla et la gestion de crise calamiteuse du gouvernement, parabole vénéneuse et pleinement assumée de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Minus One procède à un double retour aux sources : d’abord parce qu’il s’agit d’un reboot, faisant table rase des innombrables suites d’une franchise devenue tentaculaire et aujourd’hui septuagénaire ; et ensuite parce qu’il situe son action en 1947, réattribuant à Godzilla son rôle, hautement séminal, de porteur des psychoses nationales, né des traumatismes de Hiroshima et de Nagasaki.
On y suit Koichi, kamikaze déserteur n’ayant pu se résoudre à mourir pour une cause déjà perdue, qui tente de se reconstruire dans un Tokyo décimé par les bombardements américains. Lorsque Godzilla émerge des eaux, deux ans après la fin de la guerre, il y voit une occasion de se racheter et de prouver qu’il est possible d’engager un combat pour la vie et l’avenir, plutôt que de s’enliser dans un combat à mort.
Plus terrifiant que jamais
Véritable tour de force, le film de Takashi Yamazaki redéfinit le prototype même du kaiju eiga (le film de monstre japonais) avec un savoir-faire impressionnant et une ligne claire opportune, à l’heure où le genre (côté américain) a plutôt tendance à se tuméfier en crossovers et autres spin-off indigents. Godzilla y est plus terrifiant que jamais, et les scènes de destructions ou d’affrontements (pour la plupart maritimes) qui structurent le film y sont tout bonnement ébouriffantes, autant dans leurs effets visuels bluffants – qui n’ont rien à envier aux franchises multimillionnaires du MCU – que dans leur mise en scène millimétrée.
Si la fibre sentimentale du long métrage (il y est question d’une histoire d’amour un peu artificielle) succombe à quelques excès lacrymaux, elle s’assortit d’un discours acrimonieux sur le pouvoir impérialiste japonais et d’un regard acéré sur la raison d’être de Godzilla : à la fois fruit des expérimentations nucléaires américaines (et donc ennemi venu d’ailleurs, porteur du trauma atomique) et ennemi intérieur, embusqué au sein même de la société japonaise, se repentant de ses démons.
Avec ses quelque 15 millions de dollars de budget (soit 10 fois moins que Godzilla vs Kong !), Godzilla Minus One ridiculise l’écrasante majorité des blockbusters américains actuels, égarés dans une logique inflationniste dépourvue de vision, et nous fait formuler cette aporétique question : mais que fait Hollywood de ses moyens démesurés ?
Godzilla Minus One, de Takashi Yamazaki. En salle du 17 au 31 janvier.