“Godzilla vs Kong” : match nul entre les géants
La dangerosité n’est pas une affaire de taille. Et il aura suffi d’un virus pour mettre à mal l’assaut programmé de deux géants. Godzilla vs Kong, quatrième opus du MonsterVerse de la Warner (après Godzilla et Kong : Skull Island), a dû plusieurs...
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La dangerosité n’est pas une affaire de taille. Et il aura suffi d’un virus pour mettre à mal l’assaut programmé de deux géants. Godzilla vs Kong, quatrième opus du MonsterVerse de la Warner (après Godzilla et Kong : Skull Island), a dû plusieurs fois repousser sa sortie mondiale depuis l’automne dernier pour finalement se limiter à certains territoires (USA, Asie…).
Sur le marché américain, le film fait une performance et peut prétendre à être le 1er long métrage depuis la catastrophe sanitaire à dépasser la barre des 100 millions de dollars de recettes. En France, le film a atterri vendredi dernier sur les plateformes de VOD. Peut-être que boosté par un dolby surround qui bastonne et le gigantisme d’un écran de cinéma, l’affrontement des deux titans auraient fait moins piètre figure. Mais peut-être aussi que l’extrême faiblesse du produit aurait rendu encore plus dérisoire de se déplacer pour le voir et qu’un visionnage distrait sur écran domestique fait tout aussi bien l’affaire.
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Un grand saccage
Le match en question a déjà été joué il y a presque soixante ans au Japon, la terre natale du film de monstres. Ishiro Honda, réalisateur du 1er Godzilla en 1954, avait déjà imaginé un duel entre son saurien coriace et le grand singe hollywoodien. De ce King Kong contre Godzilla (1962), le remake ne retient que les prémisses : les humains rapatrient l’uber primate en Asie pour qu’il les protège d’un nouvel assaut du lézard déchainé. Très vite toutefois, le film d’Adam Wingard (repéré, si on ose dire, par une suite déjà très faible de The Blair Witch Project en 2016) invente ses propres péripéties et lance un troisième monstre dans la bataille.
Si le mythe de Godzilla a toujours été l’instrument d’une critique du démiurgisme humain et une façon pour le cinéma japonais de décrire le désastre incicatrisable des attaques atomiques, le film franchit une étape supplémentaire dans la sanctification des deux monstres, désormais vestales de la vie sur terre et remparts contre l’ubris technologique de quelques humains paranoïaques et cupides. Bien que louant la puissance primitive de la nature et du vivant contre les dangers de la technologie, le film échoue à faire éclore un soupçon de vie, d’animalité (même monstrueuse) dans ces deux figurines numériques informes qui détruisent des villes en CGI tout aussi dépourvues de matière. Ce grand saccage, cet éboulement continu de tout (des kilomètres de buildings réduits en miette) s’exerce sur un monde qui ne touche sous aucune forme le réel. La faiblesse des enjeux dramatiques et l’inexistence des personnages humains achèvent de rendre ce spectacle purement visuel (et au demeurant assez laid) vide de tout affect.
Godzilla vs Kong d’Adam Wingard (USA, 113 mn) avec Rebecca Hall, Alexander Skarsgard, Millie Bobby Brown…