Golden Coast : le festival de rap fait carton plein pour sa 1ère édition

La proposition était osée, elle est couronnée d’un franc succès. Pour sa 1ère édition, qui s’est déroulée vendredi 13 et samedi 14 septembre sur les terres de la Côte d’Or, le festival Golden Coast s’est montré à la hauteur de sa promesse :...

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La proposition était osée, elle est couronnée d’un franc succès. Pour sa 1ère édition, qui s’est déroulée vendredi 13 et samedi 14 septembre sur les terres de la Côte d’Or, le festival Golden Coast s’est montré à la hauteur de sa promesse : décentraliser le rap des pôles marseillais et parisiens pour l’emmener ailleurs.

Dans le parc de la Combe à la Serpent qui accueillait jusqu’alors le VYV Festival, le festival dijonnais a fait résonner les tubes de certain·es des plus gros artistes de la scène rap francophone devant plus de 50 000 festivalier·ères de tous horizons (même si une bonne moitié des billets viennent d’Île-de-France comme l’a précisé Vivien Bècle, directeur artistique du festival, au quotidien régional Le Bien public).

Avec pour ambition de s’installer comme le plus gros festival de rap de France en proposant une programmation éclectique partagée entre rookies, têtes d’affiche trustant les charts, nouvelles stars du rap français, scène locale, rap des années 1990, ou autres genres affiliés au rap (le shatta est à l’honneur cette année), le Golden Coast a ravi tous les publics qui s’étaient donné rendez-vous en Côte d’Or. Morceaux choisis.

Yvnnis et Bu$hi, en éclaireur

Avec la lourde tâche d’ouvrir le festival, le rappeur derrière l’imparable Vin italien ne s’est pas laissé démonter par l’enjeu. Devant une foule déjà compacte, Yvnnis a idéalement chauffé à blanc les festivalier·ères pour le concert de Bu$hi, 1er à fouler la main stage. Un passe-passe de public idoine pour lancer cette édition cristallisée par la présence du jeune Nes (non programmé cette année), mais présent pour une collaboration avec les deux rappeurs. Une mise en jambes dans les règles de l’art qui alternera donc entre le rap faussement old school du natif de Fontenay-sous-Bois et celui à l’heure américaine de Bu$hi (il a collaboré avec Quavo de Migos). Départ en fanfare.

Kay The Prodigy, star de poche

Avant l’affluence de têtes d’affiche en cette 1ère journée, on fonce sur la plus petite des trois scènes du festival pour guetter le concert de la jeune Kay The Prodigy (23 ans seulement). Bien nous en prend, puisque celle qui rappe depuis ses 15 ans (elle a fait ses armes dans le collectif LDE) a livré une prestation absolument euphorisante. Balayant à vitesse grand V, les tubes expéditifs de sa jeune carrière lorgnant vers l’influence de tous les sous-genres du rap US de la côte Est (plug, super-trap, drill et consorts), AKay-47 a fait bon usage de la demi-heure qui lui était attribuée. Juste le temps de rappeler subtilement à l’ordre le festival pour son manque d’inclusivité (c’était la seule rappeuse du jour) et nous donner envie de nous replonger dans sa courte discographie.

La Fève et Josman, en patrons

Avant la prestation de Luidji au bout de la soirée, les festivalier·ères s’étaient donné massivement rendez-vous sur la main stage pour – il le répétera à l’envi – le “dernier concert en France avant longtemps” de Josman. En véritable star (en témoignent les hits XS et J’aime Bien en clôture de son set), l’auteur de 000$ a idéalement déroulé le tapis rouge pour celui qui finira certainement par lui emboîter le pas sur toutes les main stages de France et de Navarre : la nouvelle star du rap français, La Fève. S’il ne jouera aucun des nouveaux morceaux tout juste publiés sur l’excellente mixtape Biglaf, le jeune Louis a déroulé à haut débit et avec une dextérité sans faille les hits de sa verte discographie allant de Kolaf à 24. Devant sa trap house héritée de ses voyages à Atlanta, il a encore démontré toute l’étendue de son insolent talent. Un phénomène générationnel qui ne manquera pas de ravir les fans de la 1ère heure éructant le moindre de ses refrains. Déjà tout d’un grand.

Luidji, bête de scène

Pour clôturer en beauté la toute 1ère journée du Golden Coast, Luidji a livré une formidable prestation à direction du public dijonnais. Avec sa scénographie parfaite à la tombée de la nuit et accompagné d’un groupe du meilleur effet, le rappeur du Foufoune Palace égrène un à un les tubes réarrangés de son impeccable discographie. Entre la luxure de ses 1ers textes et l’influence de la musique brésilienne de son second album (Saison 00, 2023), le concert de Luidji aura une nouvelle fois cristallisé l’importance de l’indépendance dans son processus de création d’une liberté formelle rare dans le rap français. Et, de facto, éminemment précieuse.

Angie, Lazuli et Tif, (faux) départ canon

Minée par un problème technique, la seconde journée du Golden Coast a failli se faire sans l’auteur de Shadow Boxing. Repoussé d’une heure, on s’empresse de rejoindre la petite scène pour assister au show de la paire nouvellement formée par Angie et Lazuli. Un choix judicieux qui voit les deux artistes et amies dresser des ponts entre les rythmiques d’Amérique Latine (baile funk, reggaeton) et l’afrobeats ou le R&B avec une déconcertante facilité qui n’en finit pas de nous mettre au diapason de la journée qui nous attend. Quelques minutes plus tard, les 1ères notes du concert de Tif, contraint à être mené tambour battant, retentissent. Enchaînement de tubes, messages de soutien à la Palestine, remerciements, excuses, un dernier hit avec Demain C’est B3id, en vingt minutes chrono. Frustrant mais absolument réjouissant.

Lala &ce, KO debout

Glanant petit à petit des festivalier·ères curieux·ses, la prestation de Lala &ce s’est imposée comme l’un des meilleurs – si ce n’est le meilleur – concert de cette 1ère édition du Golden Coast Festival. Gonflé par de nouveaux arrangements taillés pour le live et bien aidé par un live band épousant les sonorités apocalyptiques de son dernier album en date, Solstice (2024), le show de Lala &ce a pris une impressionnante dimension. Des puissants Djinzin ou Sexxy Red en passant par le tube synthétique Parapluie jusqu’à l’immanquable Show Me Love partagé avec une festivalière, la rappeuse lyonnaise a fait montre de toute sa versatilité avec une aisance et une élégance rare qui frôle l’insolence. Un véritable sommet de notre week-end.

Maureen, reine du festival

Programmée juste après Bamby sur la plus petite scène, la martiniquaise Maureen, fer de lance du mouvement shatta, a livré l’un de tous meilleurs concerts du festival devant une foule délirante et maîtrisant sa discographie sur le bout des doigts. Un moment de liesse et de sidération qui tranche avec les pogos à répétition du week-end. Morceaux originaux, remixes, interpolations, balayant des Antilles jusqu’à l’hymne de l’équipe Ivoirienne victorieuse de la dernière CAF (l’immanquable Coup du Marteau), la reine du shatta a fait honneur à l’un des genres musicaux les plus stimulants des dernières années.

So La Lune et Rounhaa, rage et mélancolie

Après l’épiphanie Maureen et avant l’imparable best of de Booba sur la grande scène deux heures plus tard, il fallait bien un double-programme emmené par So La Lune et Rounhaa pour faire redescendre (quoique) la pression. Se succédant respectivement sur la moyenne et la petite scène, les deux rappeurs à la mélancolie exacerbée ont prouvé qu’ils avaient tout de futures têtes d’affiche du rap français. D’un côté, chez So La Lune, une prestation minimale mais à effet maximal qui fait la part belle à sa voix toute particulière ne manquant pas d’émouvoir un public présent en nombre pour s’égosiller sur la discographie de celui qui ne se risque presque pas à causer entre ses morceaux. De l’autre, une personnalité beaucoup plus expansive qui n’hésite pas à haranguer la foule et à l’inciter à panser les blessures dans les mosh-pits façon Playboi Carti. Deux idées de la musique pour une vision partagée du spleen.