"Guerre de la saucisse": pourquoi Londres et Bruxelles sont à couteaux tirés

BREXIT - Le grill sur feu vif. Entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, le ton monte sur le sujet du “protocole nord-irlandais” négocié dans le cadre du Brexit.  Au point que la presse britannique pronostique même une prochaine “guerre de...

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Boris Johnson en campagne à Bdeale, le 4 juillet 2019

BREXIT - Le grill sur feu vif. Entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, le ton monte sur le sujet du “protocole nord-irlandais” négocié dans le cadre du Brexit.  Au point que la presse britannique pronostique même une prochaine “guerre de la saucisse”, ou “Sausage war”, en anglais. 

L’Union européenne a prévenu ce mercredi 9 juin qu’elle n’hésiterait pas à adopter une réponse “ferme” et “rapide” si le gouvernement britannique refusait de mettre en oeuvre les dispositions spécifiques post-Brexit. L’avertissement a été formulé de vive voix par le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic, à l’issue d’une réunion à Londres qui n’a permis aucune percée significative dans les négociations sur la mise en oeuvre des nouvelles mesures douanières. 

Effectif depuis le 1er janvier, le protocole nord-irlandais maintient la province britannique d’Irlande du Nord dans le marché unique et l’union douanière européens pour les marchandises, en prévoyant des contrôles douaniers sur les biens arrivant en Irlande du Nord depuis la Grande-Bretagne.

Il s’agit d’éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’UE, afin de préserver la paix conclue en 1998 avec l’accord du Vendredi saint, après trois décennies sanglantes entre unionistes favorables au maintien sous la couronne britannique et républicains favorables à la réunification de l’île.

Mais le protocole provoque le mécontentement des unionistes, qui dénoncent l’introduction de fait d’une frontière en mer d’Irlande, au sein du Royaume-Uni. Après plusieurs soirées de violences début avril, les craintes de nouveaux heurts cet été augmentent.

“Intégrité du pays” 

Selon le journal conservateur The Telegraph, Londres envisage une extension de “la période de grâce” pour la viande réfrigérée, censée s’achever le 30 juin: les importations de viande sont normalement interdites depuis un pays hors UE.

Si rien n’est fait, saucisses et nuggets de poulets britanniques risquent donc de disparaître des supermarchés nord-irlandais, un signe de l’absurdité de ces mesures selon le gouvernement de Boris Johnson.

Pour Bruxelles, Londres doit tenir parole après avoir signé le protocole en connaissance de cause. “Personne ne veut enter dans une guerre commerciale ou quoi que ce soit d’approchant”, a souligné un haut-responsable côté britannique.

Face à la grogne des unionistes, le gouvernement britannique avait déjà repoussé unilatéralement la période d’adaptation pour certains contrôles, notamment pour l’agroalimentaire, conduisant la Commission européenne à engager une procédure d’infraction contre le Royaume-Uni.  

Au Parlement mercredi, Boris Johnson a expliqué que sa priorité était de donner “aux habitants d’Irlande du Nord un accès libre et sans interruption aux biens et services de l’ensemble du Royaume-Uni” et de “protéger l’intégrité territoriale et économique” du pays.

Les tensions autour de l’Irlande du Nord devraient figurer au menu des discussions entre Joe Biden et Boris Johnson qui se rencontrent jeudi avant le sommet des chefs d’État et gouvernement du G7 sous présidence britannique en Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre).

Joe Biden a prévenu qu’une absence de solution risquerait de compromettre les chances de succès de l’accord de libre-échange entre les deux pays, que recherche ardemment Boris Johnson.

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