Guinée: des militaires annoncent un coup d'État, la Défense dément
GUINÉE - Que se passe-t-il en Guinée? Vers 15h30 heure de Paris, les forces spéciales guinéennes ont annoncé avoir “pris” le président Alpha Condé et “dissoudre” les institutions dans une vidéo adressée à un correspondant de l’AFP. Quelques...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
GUINÉE - Que se passe-t-il en Guinée? Vers 15h30 heure de Paris, les forces spéciales guinéennes ont annoncé avoir “pris” le président Alpha Condé et “dissoudre” les institutions dans une vidéo adressée à un correspondant de l’AFP. Quelques minutes plus tard, le ministre de la Défense a assuré que l’attaque des forces spéciales contre la présidence a été “repoussée”.
“Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (...) de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions; nous avons décidé aussi de dissoudre le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes”, a dit un des putschistes en uniforme et en armes dans cette déclaration qui a aussi abondamment circulé sur les réseaux sociaux mais qui n’a pas été diffusée à la télévision nationale.
Les putschistes, auprès desquels le correspondant de l’AFP a confirmé la provenance de ces images, ont diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s’il a été maltraité, et Alpha Condé, en jeans et chemise dans un canapé, refuse de leur répondre.
De son côté, le ministère de la Défense a affirmé dans un communiqué que “les insurgés (avaient) semé la peur” à Conakry avant de prendre la direction du palais présidentiel, mais que “la garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, ont contenu la menace et repoussé le groupe d’assaillants”.
Tirs nourris à Kaloum, à Konacry
Les yeux sont rivés sur Conakry depuis ce dimanche 5 septembre alors que des tirs nourris d’armes automatiques retentissaient dans le centre de la ville. Cette dernière semblait être le théâtre d’une probable tentative de coup d’Etat mené par des militaires en Guinée, en proie depuis des mois à une grave crise économique et politique, ont rapporté plusieurs témoins à l’AFP.
Des habitants joints au téléphone à Kaloum ont fait état de tirs soutenus. S’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour leur sécurité, ils ont dit avoir vu de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir.
L’opposition a fait circuler abondamment sur les réseaux sociaux des vidéos tournées selon elle par des résidents à la dérobée et dans lesquelles les rues résonnent de tirs intenses. L’accès à la presqu’île de Kaloum est restreint du fait de sa géographie. Les forces de sécurité peuvent aisément la bloquer.
Les tensions pourraient avoir été provoquées par le limogeage ou la tentative d’arrestation ou de marginalisation du commandant des forces spéciales, unité bénéficiant de moyens supérieurs aux autres forces de sécurité et susceptible d’avoir suscité des jalousies, a dit le diplomate occidental s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, selon les pratiques établies dans de telles circonstances. Les forces spéciales seraient alors passées à l’action, a-t-il ajouté.
L’avant-veille de la présidentielle du 18 octobre 2020, le centre de Conakry s’était réveillé avec ses accès bloqués par les forces de sécurité, tandis que la presse faisait état d’une mutinerie dans un camp militaire à Kindia, à une centaine de kilomètres à l’est de la capitale.
Le 19 juillet 2011, Alpha Condé, élu l’année précédente, était sorti indemne d’une attaque menée par des militaires contre sa résidence. Il avait accusé plusieurs personnalités, et mis en cause le Sénégal et la Gambie, qui avaient démenti.
- Des mois de tensions -
Depuis des mois, ce pays d’Afrique de l’Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.
La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat le 18 octobre 2020 a provoqué des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.
Aloha Condé, 83 ans aujourd’hui, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des “bourrages d’urnes” et des irrégularités de toutes sortes.
Des défenseurs des droits humains fustigent une dérive autoritaire observée au cours des dernières années de la présidence Condé et remettant en cause les acquis du début.
Alpha Condé, ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort, était devenu en 2010 le 1er président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires.
Les militaires s’étaient emparés du pouvoir par la force en 2008 après la mort du président Lansana Conté.
Alpha Condé a rejoint aux yeux de ses adversaires et de maints défenseurs de la démocratie les rangs des dirigeants africains se maintenant au pouvoir au-delà du terme prévu, de plus en plus souvent en usant d’arguments légaux.
Il avait fait adopter en mars 2020, malgré une contestation déjà vive, une nouvelle Constitution pour, disait-il, “moderniser (les) institutions” et, par exemple, accorder une plus grande place aux femmes et aux jeunes. L’opposition dénonçait un “coup d’État” constitutionnel. La contestation a été à plusieurs reprises durement réprimées.
Alpha Condé se targue d’avoir fait avancer les droits humains et d’avoir redressé un pays qu’il dit avoir trouvé en ruines. Il se défendait en octobre 2020 sur Radio France Internationale et France 24 de vouloir instaurer une “présidence à vie”. La nouvelle Constitution lui permet théoriquement de se représenter dans six ans, une éventualité sur laquelle il s’est gardé de se prononcer.
À voir également sur Le HuffPost: Le camp de sans-abris, notamment afghans, devant la préfecture d’Ile-de-France a été évacué