Guy Blakeslee nous envoie de bonnes nouvelles du rock
Il faut se méfier des disques qui vous accueillent par des chœurs. Ceux, lupins, qui ouvrent le Sometimes placé à l’entrée de ces Postcards from the Edge laisseraient presque entendre que l’on pénètre chez un Bon Iver redevenu forestier. Très...
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Il faut se méfier des disques qui vous accueillent par des chœurs. Ceux, lupins, qui ouvrent le Sometimes placé à l’entrée de ces Postcards from the Edge laisseraient presque entendre que l’on pénètre chez un Bon Iver redevenu forestier. Très vite, le trémolo dans la puissante voix de Guy Blakeslee (lui qui déjà officiait derrière Entrance et dont c’est ici le second lp solo) nous réoriente. Il se pourrait bien que nous assistions à un inattendu retour du rock expressionniste, à coups d’albums impressionnants – Chris Brokaw il y a peu, Julien Baker bientôt – où la batterie cavalcade tandis que le chant prend feu.
Des disques qui doivent autant à l’électricité qu’à leur toute springsteenienne américanité. Comme pour rappeler que l’Amérique du Nord fut – et demeure – la fiction projetée par le Vieux Continent (pourquoi sinon serions-nous à ce point passionné·es par ce qui s’y trame ?), ces sept brûlantes chansons ont été écrites en Europe (Paris, Bruxelles et Londres) avant que Blakeslee ne rentre les enregistrer à Los Angeles puis, surtout, à La Nouvelle-Orléans sous la houlette d’Enrique Tena Padilla, régulièrement vu en studio auprès des Oh Sees.
Blakeslee nous déroute joliment
Accompagné entre autres du batteur Derek James (Entrance, encore) et de la chanteuse Lael Neale (dont il faudra reparler sous peu), le néo-beatnik magnifie ses titres aux poignantes mélodies (Faces, Blue Butterfly), ici en dégraissant le paysage, là en multipliant les détails hétérogènes. Des zébrures synthétiques du morceau titre aux nappes douces-amères qui se déposent à contre-courant, Postcards... est un album qui a autant le souci de la démesure dans l'imposant tableau d’ensemble que celui de la petite touche (des cloches, des croches) qui désarçonne et fait choir dans le sublime.
Avec ces ornements déphasés, Blakeslee nous déroute joliment pour mieux asséner ensuite un tube comme l’indiscutable What Love Can Do – sa rythmique musculaire, son lit de complaintes, son clavier minimal. Au milieu de ce disque qui prend sa source dans la douleur (l’auteur a récemment frôlé la mort), Giving Up the Ghost, supplique sous respirateur artificiel, élève sa beauté sur les vestiges du chaos. Pour le dire autrement : l’ex-Entrance nous laisse en transe.
Postcards from the Edge Entrance Records/Differ-Ant