Guy Marchand, la disparition d’un second rôle de 1er plan
C’est en repartant de la fin et de ses derniers projets que l’on approche peut-être au plus près des débuts de Guy Marchand. Comme l’indique le nom de son dernier album, Né à Belleville (2020), il fut d’abord un chanteur parisien, un musicien...
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C’est en repartant de la fin et de ses derniers projets que l’on approche peut-être au plus près des débuts de Guy Marchand. Comme l’indique le nom de son dernier album, Né à Belleville (2020), il fut d’abord un chanteur parisien, un musicien (piano, saxophone, clarinette…) qui alla jouer le jazz, le blues mais aussi le tango dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. La douce fin des années 1950… avant d’entamer son service militaire obligatoire, soit un ingénieux moyen d’approcher le cinéma, en tant que conseiller technique sur Le Jour le plus long de Ken Annakin, en tant qu’officier parachutiste.
Un acteur aussi populaire que le chanteur
Marchand rencontrera un 1er succès musical à l’été 1965 avec La Passionata, qui ouvrit la voie à plusieurs singles et albums à succès, dont son 1er, Je cherche une femme, en 1969. Déjà dans ces archives, se dessine le Marchand acteur, joueur, coquin avec la caméra diront les plus visionnaires, à la vue de ce regard caméra entrecoupé de grimaces et des cris de Henri Salvador.
Un artiste touche à tout et populaire donc, et dont la recette restera intacte lors de son incursion au cinéma : pour son 1er véritable rôle (il a déjà trente-trois ans), il s’entoure de Lino Ventura et Brigitte Bardot dans Boulevard du rhum de Robert Enrico, en 1971. Il y construira petit à petit un personnage de beauf râleur légèrement sanguin en jouant chez Claude Miller à deux reprises (Garde à vue en 1981 encore avec Ventura et Mortelle Randonnée deux ans plus tard), mais aussi chez François Truffaut pour son deuxième film (Une belle fille comme moi en 1972) ou la comédie Cousin, cousine en 1975 qui rencontrera un grand succès outre-Atlantique. Dans les années 1980, il s’illustrera notamment chez Bertrand Tavernier (Coup de torchon en 1981) et Diane Kurys (Coup de foudre en 1983).
Ce rôle lui vaudra une nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle, une catégorie dont il semble avoir découvert le secret avec pas moins de cinq mentions, dont quatre au cours des années 1980. Il remportera la prestigieuse récompense lors de son deuxième coup d’essai, pour Garde à vue, mais pas pour Loulou de Maurice Pialat en 1981, dans lequel il joue une sorte de rôle-synthèse, en incarnant le mari jaloux et impuissant d’Isabelle Huppert, lorsqu’elle choisit délibérément de faire de Loulou (Gérard Depardieu) son amant, un agent perturbateur de la vie rangée à laquelle elle se destinait.
Nostalgie du râleur
Guy Marchand était peu à peu devenu un second rôle populaire de films commerciaux hauts de gamme, dont le sommet se situerait dans les années 1970 et 1980, période à laquelle il a pu donner la réplique à toutes les plus grandes stars de l’époque. Il faudrait aussi mentionner Michel Serrault et Isabelle Adjani qu’il côtoie dans Mortelle Randonnée, et Serrault qu’il croisera à nouveau dans Nestor Burma, aux côtés de Pierre Arditi, Alain Bashung, Jane Birkin, Jean-Pierre Kalfon…
Mais, c’est peut-être en devenant une figure familière du cinéma français, dont le pic artistique chez Pialat côtoie des apparitions chez Claude Zidi (en tant qu’acteur, mais aussi en interprétant Destinée sur la bande originale des Sous-doués en vacances, et que l’on retrouvera également sur celle du Père Noël est une ordure), qu’il développera quelque chose de profondément émouvant, et que l’on retrouvera à la fin de sa carrière.
Avec Dans Paris de Christophe Honoré en 2006, il incarne le père, un très beau rôle de papa poule, attendri et comme revenu de l’intensité de ses années 1980, qui recueille désormais son fils dépressif (Romain Duris). Cela lui vaudra sa dernière nomination aux César (toujours pour un second rôle), mais on le verra à nouveau à l’écran et dans ce même registre : pour jouer son propre rôle dans les saisons 2 et 3 de Dix pour cent, ou pour la dernière fois au cinéma dans La Plus Belle pour aller danser, de Victoria Bedos.
Ses enfants ont annoncé à l’AFP que l’acteur et musicien était mort paisiblement, ce vendredi 15 décembre 2023.