Hamza et la science de l’outro

Hamza a fait son retour en ce début d’année avec 140 BPM 2. L’occasion de revenir sur une particularité dans sa carrière : la qualité de ses outros. L’art de terminer un album. De finir sur une bonne note. Alors qu’aujourd’hui, le format album...

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Hamza a fait son retour en ce début d’année avec 140 BPM 2. L’occasion de revenir sur une particularité dans sa carrière : la qualité de ses outros.

L’art de terminer un album. De finir sur une bonne note. Alors qu’aujourd’hui, le format album est mis à mal par des projets différents (EP, mixtape…), voire par certains qui se disent albums alors qu’il n’y ressemblent pas, il semble important de souligner l’effort de certains artistes à clôturer avec brio un projet. En effet, l’introduction et l’outro sont particulièrement essentielles pour donner une atmosphère à un projet et une logique dans sa conception.

Et s’il y en a un qui se montre assez régulier dans cette discipline, c’est Hamza. On retrouve chez lui une ligne directrice assez similaire sur le dernier morceau de ses 4 derniers projets en date. Avec un dénominateur commun : la volonté d’élever l’atmosphère dans une autre dimension, dans un morceau unique au sein de chaque projet. Et ça commence en 2017.

“1994” : Hamza et la naissance d’une jeune légende

Morceau éponyme de la mixtape 1994 sortie en 2017, “1994” est l’un des morceaux les plus emblématiques de la carrière d’Hamza. Au cœur d’un projet qui mélange trap, raï et rides estivales, un titre se démarque particulièrement. Musicalement tout d’abord, Hamza nous plonge dans un RnB cloud mélancolique et pousse un refrain fabuleux. Produit par Ponko, ce morceau touche profonfément l’auditeur par la maîtrise de ses vocaux et de ses mélodies (avec une version Colors fantastique).

Lyricalement ensuite, “1994” est certainement l’un des morceaux les plus intimistes de la discographie du Saucegod. Il débarque avec le désormais classique “J’me rappelle quand c’était fucked up”. S’en suit alors une rétrospective de sa jeunesse et de son ascension dans le monde du rap. Entre pauvreté, trahison, solitude, famille et succès, Hamza se livre de bout en bout, sans filtre. Et ça fait plaisir, dans un projet où l’on retrouve surtout l’égotrip pour lequel on le sait très fort. “1994”, l’année de sa naissance, était la meilleure manière de clore ce projet qui a été son premier succès commercial en France, certifié disque d’or en six mois.



“Minuit 13”, un OVNI inattendu

Pour son premier véritable album Paradise, sorti en 2019, Hamza a fait le choix surprenant de collaborer avec Christine and The Queens et Oxmo Puccino sur le morceau “Minuit 13”. On retrouve Hamza et Ponko à la production. Ce titre sample “Everybody’s Got To Learn Sometime” de The Korgis sorti en 1980. Chris reprend les paroles de la chanson dans son intro avant de laisser Hamza s’exprimer sur la prod. Un morceau encore particulièrement mélancolique, avec une touche très nocturne qui rajoute de la fatalité et une certaine rage dans le fond de la voix d’Hamza, notamment sur le premier couplet qui semble destiné à une ancienne petite amie.

Si cette collaboration semble plutôt surprenante quand on connaît les univers musicaux des trois artistes, force est de constater que l’alchimie est réelle. Les backs vocaux de Christine and The Queens sur les couplets d’Hamza donnent un élan de fraîcheur au morceau. L’outro d’Oxmo Puccino vient progressivement faire redescendre la pression, après 4 minutes extrêmement intenses. Oxmo se mue en narrateur et prend la parole sur la notion bien et du mal dans une vie, au moment de quitter ce monde pour espérer atteindre le Paradise.

“Por La Vida”, sous le sapin de Noël

Projet surprise dévoilé fin décembre 2019, Santa Sauce 2 vient conclure une année très productive pour Hamza. Si la mixtape n’a dans l’ensemble pas été le projet le plus marquant de sa carrière, on retient tout même quelques très bons morceaux qui sont sortis du lot. C’est le cas du dixième et dernier titre: “Por La Vida”. Si cette fois Hamza ne se livre pas plus qu’à son habitude dans les textes, c’est musicalement que ce titre se démarque.

Produit par l’infatigable Ponko, on retrouve une atmosphère de Noël qui rejoint l’esprit du projet et de la cover. Je pense notamment aux chants dans le fond qui accompagnent Hamza. La maîtrise parfaite des mélodies nous emmène dans une ride douce et lancinante dont on ne saurait se lasser. “Por La Vida” clôture idéalement cette mixtape et ne saurait être égalée au coin du feu le 24 décembre avec un plaid et un thé au miel.

“Gang Activity”, la douceur drill d’Hamza

S’il s’est fait connaître depuis quelques années par des morceaux doux, sensuels et ensoleillées, l’année 2020 fut celle de la drill pour Hamza. L’effervescence du mouvement en France l’a poussé à sortir l’EP 140 BPM en mai et de s’illustrer sur plusieurs featurings. C’est dans cette lignée qu’il sort en 2021 un album 100% drill: 140 BPM 2. Seulement voilà, la drill peut rapidement être redondante et lassante. Au milieu d’un projet assez claustrophobe, “Gang Activity” apparaît comme une bouffée d’air frais.

Un morceau produit par Lucozi et Pierrari, où l’on retrouve certes une rythmique drill, mais le retrait des percussions adoucit le contenu. Cela permet au titre de se distinguer dans un album où l’on retrouve assez rapidement des similitudes. Sur le fond, Hamza parle encore beaucoup de trahison, de succès et d’argent. On retrouve l’influence de flows qu’il avait déjà abordés sur Paradise, d’où la note de fraîcheur qui s’en dégage. Ce titre met  fin à l’album sur une bonne note: on quitte l’univers fermé et répétitif de la drill, pour l’adapter à toute la palette artistique faite de mélodies et d’autotune qu’Hamza exploite minutieusement.

Dans le reste de l’actualité, Hamza confirme un projet commun avec Damso… un jour.