Hospitalisations en baisse mais réanimations en hausse: comment l'expliquer? Réponse en courbes
SCIENCE - Au bout d’un an, on pourrait se dire que l’on commence à connaître les mécanismes de l’épidémie de Covid-19. Mais celle-ci n’a pas fini de nous surprendre. Alors que la France sous couvre-feu se demande si une troisième vague et son...
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SCIENCE - Au bout d’un an, on pourrait se dire que l’on commence à connaître les mécanismes de l’épidémie de Covid-19. Mais celle-ci n’a pas fini de nous surprendre. Alors que la France sous couvre-feu se demande si une troisième vague et son confinement vont arriver ou si le printemps et le vaccin vont nous sauver, voilà que les indicateurs de suivi du coronavirus bougent étrangement.
Depuis un mois, alors que l’incidence est sur un “plateau montant”, les hospitalisations baissent doucement. À l’inverse, les réanimations, elles, continuent d’augmenter continuellement, et ce depuis début janvier.
Pourtant, jusqu’à maintenant, ces deux courbes avaient toujours évolué de concert, avec certes des décalages, mais dans un sens toujours similaire, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous. Alors pourquoi les choses changent-elles? Plusieurs explications sont possibles et un début d’effet des vaccins serait le plus logique.
Une différence d’âge
Pour comprendre le croisement de ces courbes, il faut regarder les classes d’âge. Selon les données de Santé publique France, 55% des personnes hospitalisées au 2 mars ont plus de 75 ans. Cette tranche d’âge ne représente que 21% des lits occupés en réanimation. Pourquoi?
D’abord, il faut rappeler que les soins intensifs pour cause de forme grave de Covid-19 ne sont pas à prendre à la légère. Cela implique une mise sous respiration artificielle pendant une dizaine de jours, avec une réadaptation importante. En clair, difficile d’imposer cela à une personne très âgée et déjà fragile.
Mais cela est vrai depuis le début de l’épidémie. Ce qui change ces dernières semaines, c’est que le nombre de personnes âgées baisse fortement parmi les hospitalisations. Les graphiques ci-dessous permettent de s’en rendre compte:
Les + de 80 ans baissent très fortement et les 70-79 ans diminuent aussi, mais moins doucement. De quoi compenser la hausse des moins de 70 ans.
Le même type de graphique montrant cette fois l’évolution (en pourcentage) du nombre de personnes hospitalisées par rapport au 1er février montre clairement la tendance:
Du côté des réanimations, les choses sont différentes. Le nombre de personnes de plus de 80 ans est plutôt faible et en chute très limitée. Pour la classe d’âge 70-79 ans, il y a une stagnation et enfin, pour les moins de 70 ans, une hausse constante.
Encore une fois, la différence est flagrante si l’on compare l’évolution par rapport au 1er février.
Début d’efficacité du vaccin
On sait donc ce qui explique cette divergence entre les courbes d’hospitalisations et de réanimations. Mais pourquoi les personnes âgées sont-elles moins hospitalisées?
“Tout converge pour attribuer à la diminution observée des différents indicateurs chez les sujets de plus de 75 ans le bénéfice de la vaccination”, affirme au micro d’Europe 1 Daniel Levy-Bruhl, responsable de l’unité infections respiratoires de l’agence Santé publique France.
En effet, la grande différence entre les classes d’âge, c’est l’accès au vaccin. Un tiers des personnes de plus de 75 ans ont déjà reçu une première dose de vaccin, contre 7% environ pour les 50-74 ans et moins de 3% pour les moins de 49 ans. L’efficacité des vaccins commence en général une dizaine de jours après la vaccination, cette baisse serait donc assez logique.
On voit d’ailleurs que le taux d’incidence des personnes âgées de 80 ans et plus baisse de manière importante depuis la fin du mois de janvier.
Variants et autres pistes
Comme toujours avec une épidémie, il n’y a pas de réponse simple et il n’est pas certain que les vaccins soient la seule explication. Il est par exemple possible que les personnes âgées fassent plus attention et aient fortement réduit leurs contacts, par exemple avec le couvre-feu à 18h (ils ne travaillent pas et n’ont souvent pas d’enfants à l’école, deux sources de contacts sociaux majeures actuellement).
Le variant britannique pourrait également amplifier ce phénomène. En effet, certains chercheurs anglais se demandent s’il n’entraînerait pas plus de formes graves de Covid-19, en plus d’augmenter la contagiosité.
Or, on sait que le variant se répand plus vite chez les jeunes que chez les séniors. Un phénomène logique, qu’on a déjà vu avec les souches classiques: les vagues épidémiques commencent régulièrement par les moins de 30 ans (qui ont plus de contacts sociaux), puis se répandent petit à petit à travers les âges.
Pour autant, l’impact du variant sur la maladie n’est pas du tout clair. “Imaginez que les infections par les variants causent plus d’infection asymptomatiques (et
donc non dépistées)”, explique au HuffPost Samuel Alizon, directeur de recherche spécialiste des épidémies au CNRS. Dans ce genre de cas, la part des variants serait plus importante qu’on ne le croit, ce qui pourrait logiquement entraîner plus d’hospitalisations et de décès, alors que le risque quand on est infecté reste similaire à la souche classique du coronavirus.
L’évolution de ces prochaines semaines permettra d’affiner les causes de cette divergence. Si les courbes d’hospitalisation des personnes âgées finissent par suivre celles des plus jeunes, c’est le variant qui jouait le rôle principal dans cette affaire. Si au contraire les courbes d’hospitalisations des 50-64 ans, qui sont depuis mi-février vaccinés avec AstraZeneca, suivent celles des plus âgés, ce sera la preuve de plus que l’effet du vaccin se ferait sentir. Espérons fortement que cette deuxième solution sera la bonne.
A voir également sur Le HuffPost: le clip de la campagne de vaccination dévoilé par le gouvernement