“How Long Do You Think It’s Gonna Last? ”, deuxième album réussi pour Big Red Machine

Les années 2000 et 2010 auront fermement installé Justin Vernon (alias Bon Iver) et les frères Aaron et Bryce Dessner (The National) en valeurs sûres du rock cérébral. Si bien qu’ils ont pu devenir les parangons d’un bon goût qui aurait oublié...

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Les années 2000 et 2010 auront fermement installé Justin Vernon (alias Bon Iver) et les frères Aaron et Bryce Dessner (The National) en valeurs sûres du rock cérébral. Si bien qu’ils ont pu devenir les parangons d’un bon goût qui aurait oublié de causer aux tripes. Auréolé de son casting all inclusive, le deuxième album du projet commun de Justin et Aaron, Big Red Machine, avait tout pour s’avérer une grosse machine raide et empesée. Pourtant, Dessner retrouve ce que son groupe avait réussi sur le sublime Sleep Well Beast de 2018.

S’il n’en a pas la splendeur tourmentée, How Long Do You Think It’s Gonna Last? impressionne assez vite par l’ample évidence de ses mélodies et le vaste éventail de sa palette. Si on retrouve sur le beau refrain du single d’ouverture Latter Days le chant si caractéristique de Bon Iver, il s’y adjoint le renfort crucial d’Anaïs Mitchell, également présente sur un Phoenix aux chœurs gorgés de soul, avec Robin Pecknold de Fleet Foxes. À l’opposé d’un fourre-tout bigarré, le mélange des genres est absorbé grâce à l’harmonie qui semble être ici le maître-mot. Long disque d’indie folk nourri aux rondeurs sèches du r’n’b contemporain et aux rêveries stressées de l’electronica, How Long… avance d’un mouvement rassembleur capable de résoudre nombre de paradoxes, en baume réparateur qui prend soin de garder quelques tensions à vif.

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Aréopage d’invité·es

Des tensions qui infusent dans le côté Kid A (Radiohead) d’un Easy to Sabotage, transe ascensionnelle et statique à la fois, rappelant de loin en loin le Brian Eno de Nerve Net ou High Life et le bouillonnement fluide d’un Paul Simon. Est-ce la dimension expérimentale, presque récréative, du projet ? Toujours est-il que Dessner et Vernon laissent entrer l’émotion comme rarement dans leurs productions respectives – expressives, mais souvent en retenue. Ce lyrisme soyeux, qui atteint des sommets avec Hutch, où Sharon Van Etten, Lisa Hannigan et Shara Nova (My Brightest Diamond) se mêlent aux mélopées incantatoires de Vernon, donne à l’album sa beauté évidente qui ne sacrifie en rien la finesse d’écriture et le foisonnement des idées.

Présente sur le doublé Birch/Renegade, Taylor Swift apporte avec elle l’allant désarmant qui irradiait des meilleurs instants de ses deux albums de 2020, folklore et evermore, où Bon Iver apposait d’ailleurs sa patte. Ici ou là, leur association restera un exemple d’heureuse rencontre entre mainstream élégant et indie accueillant. Dessner et Vernon embrassent d’une accolade maîtrisée leur aréopage d’invité·es, mais aussi tout un empilement d’époques, années 1970 boisées et bidouillages caractéristiques du début de ce siècle. Des affèteries de l’Auto-Tune (les détracteurs·trices systématiques de la chose auront peine à argumenter) à la dentelle maniaque des beats, Big Red Machine fait de sa préciosité un peu geek un atout, une lézarde dans son folk cosy : c’est le middle of the road, mais traversé en zigzag. Ou, ultime paradoxe, un classic rock en prise directe avec le présent.

How Long Do You Think It’s Gonna Last? (37d03d/Jagjaguwar/PIAS). Sortie le 27 août

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