“Ibrahim”, un 1er film en clair-obscur

Les souvenirs que déposent en nous les films constituent souvent les précieux indices qui nous permettent de les regarder en pensée, de les voir différemment pour constater que le temps aura bien fait son mystérieux travail de révélateur, celui...

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Les souvenirs que déposent en nous les films constituent souvent les précieux indices qui nous permettent de les regarder en pensée, de les voir différemment pour constater que le temps aura bien fait son mystérieux travail de révélateur, celui qui fixe définitivement l’appréciation. Ce sont d’abord des couleurs qu’Ibrahim, 1er long métrage du comédien Samir Guesmi, laissera derrière lui comme trace de son existence. Celles des briques rouges d’une cité ouvrière plantée en plein cœur du XIIIe arrondissement de Paris et d’un film urbain qui s’intéresse, en partie, aux héritiers et héritières du prolétariat.

Puis celles des variations du bleu doux et profond qui inonde chacun de ses plans et qui donne au matin ses teintes brumeuses, à la journée, sa mélancolie ouatée et au soir, sa tristesse sourde. Ce bleu s’accorde aussi avec le personnage de clown triste et parfois inquiétant que Samir Guesmi s’est composé, celui d’un père de famille taiseux, bientôt promu chef de rang d’une chic brasserie parisienne et qui a, non sans mal, économisé suffisamment d’argent pour s’offrir l’opération dentaire qui transformera son visage autant qu’elle marquera symboliquement son ascension sociale.

>> À lire aussi : Avec “Une histoire à soi”, Amandine Gay questionne le déracinement 

Chronique adolescente

Ibrahim (le nouveau et délicat Abdel Bendaher) c’est l’ado, le fils. Il porte le prénom de l’une de ses idoles de foot dont il rêve la nuit et se retrouve empêtré, malgré lui, dans une histoire de vol qui mettra en péril la future embauche de son père et renforcera les tensions familiales. Ibrahim a d’ailleurs hérité du caractère secret et taciturne de son père, ces mêmes traits qui forgent les fondements d’un film qui se dérobe à toute explication ou psychologisation d’un enfant sans mère, et sans mots.

C’est la subtilité (épure, dépouillement…), la croyance suffisamment forte dans les gestes et les regards plutôt que dans les phrases qui font la force tranquille de ce 1er film, même si par endroits il faiblit quand il fait se succéder les rencontres entre les deux hommes uniquement sur le mode de la confrontation et de l’incompréhension. Mais Ibrahim trouve le souffle suffisant pour assouplir sa carapace faussement austère quand il s’engage du côté de la chronique adolescente, et fait enfin éprouver au jeune garçon qui observe la vie, sans vraiment la saisir, les sensations –celles du sentiment amoureux – qui lui permettent de s’ouvrir.

Ibrahim de et avec Samir Guesmi, Abdel Bendaher, Rabah Nait Oufella, Luàna Bajrami (Fr., 2020, 1 h 20). En salle le 23 juin