Il m'a fallu une vie pour être fier de mon homosexualité - BLOG
HOMOSEXUALITÉ - Aujourd’hui, ce que j’ai refoulé au fond de moi depuis ma naissance il y a presque 57 ans est devenu une évidence: je suis homosexuel.Ce n’est pas un aveu, car être homosexuel n’est pas une faute. Non, c’est une constatation.L’homosexualité...
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HOMOSEXUALITÉ - Aujourd’hui, ce que j’ai refoulé au fond de moi depuis ma naissance il y a presque 57 ans est devenu une évidence: je suis homosexuel.
Ce n’est pas un aveu, car être homosexuel n’est pas une faute. Non, c’est une constatation.
L’homosexualité n’est pas une tare, l’homosexualité n’est pas une maladie, l’homosexualité n’est pas un choix. L’homosexualité est un état de fait doublé d’une richesse personnelle inestimable faite de douceur, de finesse, de tendresse, et, bien sûr, d’estime de soi. Il a fallu une vie ou presque pour que je m’en rende compte.
Pas une faute ni une tare, une constatation
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Aujourd’hui, j’ai envie de vivre, j’ai envie d’être moi-même, j’ai envie d’être heureux. Et je ne le conçois pas autrement qu’en partageant ce que je suis avec un autre homme.
Petit, je jouais à des jeux interdits… Non pas avec les copines, mais avec les copains… Je ne savais pas… Maman est morte l’année de mes seize ans. Un accident de voiture a fauché la vie d’une mère, celle de son mari, celles de ses trois garçons.
10 ans de silences avant d’émerger
De l’adolescent que j’étais alors, je suis passé à l’âge adulte d’un coup. Il fallait réussir à sortir du chaos à n’importe quel prix, moi, mes frères, mon père. Là-dedans, pas de sentiments, pas d’amour, pas de tendresse. Pas le temps. Il fallait mener la guerre, même pas pour la vie, mais pour la survie. Alors j’ai enfermé tout ça dans une grande marmite en vissant son couvercle bien à fond pour que rien n’en sorte.
Surtout pas. Je me suis accroché à des modèles pour me rassurer. Un fumeur de pipe c’est tranquille, c’est rassurant, c’est familial. Moi, ça m’apaisait en attendant des jours meilleurs. Dix ans, dix ans… Avant d’émerger. Et de constater l’étendue du champ de ruines laissé par Maman. Pendant quarante années, je n’ai plus rien voulu savoir de tout cela. J’aime mon métier d’enseignant, les chevaux que je me suis achetés croyant trouver en eux cette affection, cette tendresse, qui me manquaient tant… Mais un animal ne peut donner que ce qu’il n’a, ni plus ni moins. Un leurre. Un emplâtre sur une jambe de bois…
Les femmes? Pas une seule n’est entrée dans ma vie, jamais. Les hommes non plus d’ailleurs. Mais lorsque je me donnais du plaisir, je pensais autant à eux qu’à elles.
Ouvrir la boîte de Pandore
Faire l’amour avec quelqu’un, je ne connais pas, la tendresse de l’un pour l’autre, je ne connais pas, les bisous, les câlins, les regards complices, je ne connais pas, aimer et être aimé, je ne connais pas non plus... Je ne sais pas, je ne sais rien.
J’ai juste la rage et la révolte au fond du cœur de ne pas savoir. La haine… Et aussi la désillusion, le découragement, la dévalorisation, l’humiliation, le sentiment de ne pas exister…
Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un traitement pareil?
Le temps a passé. À la fin de ma 56e année, après la mort de papa, je suis entré en dépression comme on entre au couvent. J’ai ouvert la boîte de Pandore. Tout a explosé dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. J’ai réalisé alors que maman me manquait, elle, la femme de ma vie.
Se donner le droit de vivre
N’y tenant plus, j’ai voulu commencer à vivre. Une jolie escort m’a donné du plaisir un jour d’avril, mais ce n’était pas assez, je n’étais pas comblé.
Jusqu’au jour où j’ai eu l’idée d’expérimenter ce que je voulais vraiment. Avec un homme. C’est là que j’ai compris. J’aurais tellement voulu le comprendre avant, le réaliser avant, le vivre avant. Vivre une histoire d’amour vrai…
Je suis fier d’être ce que je suis, d’être passé par où je suis passé… Mais je ne le souhaite à personne, c’est trop dur, trop difficile… Donnez-vous le droit de vivre. Tout de suite.
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