“Indiana Jones et le Cadran de la destinée”, la résurrection resplendissante d’une franchise à la peau dure
Hollywood a semble-t-il levé le pied sur les “legacyquels”, ces barouds d’honneur de franchises cultes mettant en scène les adieux de leurs stars grisonnantes (la dernière trilogie Star Wars, Matrix Resurrections…) voire carrément mortes (le...
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Hollywood a semble-t-il levé le pied sur les “legacyquels”, ces barouds d’honneur de franchises cultes mettant en scène les adieux de leurs stars grisonnantes (la dernière trilogie Star Wars, Matrix Resurrections…) voire carrément mortes (le Harold Ramis holographique de SOS Fantômes : L’Héritage). Ce n’est peut-être qu’une reprise de souffle, mais toujours est-il qu’on en voit peu en 2023, où même ce nouvel Indiana Jones, qui s’annonçait comme une caricature du genre, s’écarte contre toute attente des obsessions convenues pour la vieillesse méta et les adieux à la scène.
C’est d’abord qu’Harrison Ford a déjà tiré sa révérence symbolique dans Star Wars VII. Une reprise du thème plaquée sur son “autre” personnage iconique aurait fait l’effet d’une répétition, voire d’un paresseux prêt-à-filmer. Mais c’est surtout que James Mangold, pilote de ce cinquième volet des aventures de l’archéologue, a l’élégance de prendre assez au sérieux la commande pour refuser le formatage crépusculaire.
Indy approche des quatre-vingts balais et le film ne prétend pas le contraire (plans assez tendres sur l’anonymat tranquille de la retraite et les bas de contention séchant sur le balcon, répliques comiques de rigueur dans les scènes d’action façon “trop vieux pour ces conneries”). Mais Mangold cherche moins à transfigurer le personnage que la forme. D’où une sublimation de cinéma d’aventure, à la recherche d’un point de fusion dans plusieurs séquences de poursuite d’une beauté si éclatante qu’elles se déchaussent quelque peu du récit et suspendent le film dans une stase esthétique.
Poursuite à cheval dans un San Francisco noyé par les cotillons d’une parade militaire, ballet nocturne de motos et d’avions sur un tarmac nappé d’une pluie grasse et diluvienne, jeu du chat et de la souris à dos de train nazi pourchassé par les bombardiers alliés (écho de la séquence d’ouverture de la Dernière croisade) : le film est resplendissant, pantagruélique sur le papier mais sans pour autant jamais produire l’effet d’une surcharge.
Quel avenir pour Harrison Ford ?
Or on se désintéresse parfois de l’intrigue, face à cette approche qui se détourne du destin des hommes pour s’abandonner à celui des images. Et ainsi il apparaît assez cohérent que Mangold lâche aussi la piste de la transmission. Phoebe Waller-Bridge, jeune protégée britannique qui aurait pu être un avatar de la Daisy Ridley de Star Wars, est une filleule orpheline qui ne cherche pas de père symbolique. Indy est laissé sans descendance, dans une aventure qui lui fait miroiter un arrachement à la course du temps (l’artefact au centre de l’intrigue et du titre est une horloge antique) et l’invite à rejoindre la mythologie sans plus de compte à rendre au présent (restons évasifs pour éviter le spoiler).
En ressort tout de même une émotion particulière à l’endroit d’Harrison Ford, dont on peut se demander ce qu’il lui reste d’avenir maintenant qu’il vient de sonner le glas de ses trois personnages emblématiques (Indy, Han Solo, Rick Deckard) avant de recevoir une Palme d’or d’honneur. La retraite n’est néanmoins pas à son goût : l’infatigable octogénaire a récemment signé pour deux Marvel.
Indiana Jones et le Cadran de la destinée de James Mangold, en salle le 28 juin.