Indochine et le désert culturel de l’extrême droite

Le groupe ne jouera pas si les organisateurs ne trouvent pas un nouveau site : “Hier matin, nous avons été mis devant le fait accompli, que le festival Les Déferlantes […] se déplaçait à Perpignan au lieu du site initialement prévu. Hier soir,...

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Le groupe ne jouera pas si les organisateurs ne trouvent pas un nouveau site : “Hier matin, nous avons été mis devant le fait accompli, que le festival Les Déferlantes […] se déplaçait à Perpignan au lieu du site initialement prévu. Hier soir, le maire RN de Perpignan a tweeté qu’il était heureux d’accueillir le festival. Nous demandons expressément à la direction des Déferlantes de déplacer ce festival dans un autre lieu, faute de quoi nous annulerons notre venue.

L’édile, Louis Aliot, dont on ne doute pas qu’il écoute en boucle Indochine, mais aussi Gazo, Josman et Tiakola, également programmés cette année, avait effectivement déclaré dans un tweet depuis effacé : “Je suis fier d’accueillir le festival Les Déferlantes à Perpignan qui fera rayonner notre ville.” Un message perçu comme une tentative de récupération par le parti d’extrême droite d’un événement culturel majeur dans la région. Et quand bien même, soyons honnêtes, n’importe quel élu de France aurait accueilli la nouvelle avec le même enthousiasme, quelque chose nous reste en travers de la gorge à chaque fois que le RN saisit l’occasion de se tailler pour pas cher un costard de parti fréquentable.

À la recherche d’une municipalité

Toujours est-il que dans la foulée de la prise de parole de la bande à Sirkis, le groupe Louise Attaque a lui aussi mis sa participation en balance, quand certains fustigeaient le silence des rappeurs programmés (on reste en France, ça serait dommage de ne pas taper sur le rap, même quand on lutte dans le même temps contre Le Pen et consorts). Résultat des courses, après avoir “pris acte”, le festival a décidé de se mettre à la recherche d’une nouvelle municipalité pour accueillir cette édition 2023. Faut-il vraiment s’en réjouir ?

Je n’ai pas grandi dans une ville d’extrême droite, mais la rumeur dit que la vie culturelle y est triste à pleurer, que les budgets sont réduits à rien et que les demandes de subventions faites à la mairie restent souvent lettres mortes, quand elles ne sont pas dénigrées avec une beauferie crasse. Doit-on laisser ces déserts culturels devenir encore plus arides ? Doit-on stigmatiser 47 % de la population inscrite qui n’a pas voté Aliot au second tour des municipales en 2020 ? Doit-on laisser les kids, qui n’ont rien à voir avec les choix ineptes de leurs parents dans les urnes, sans motifs d’exaltation cet été ?

Jouer à Perpignan quand on s’appelle Indochine ou Louise Attaque, ce n’est pas disputer une Coupe du monde au Qatar, où l’on risque la prison pour s’être flanqué sur le dos un t-shirt arc-en-ciel : le pouvoir, et les récents ultimatums satisfaits des groupes cités plus haut l’ont prouvé, est entre les mains des artistes. À eux de faire de cet événement, un événement politique, au lieu de se tailler à leur tour, et pour pas beaucoup plus cher, un costard de types à la moralité exemplaire. Ne pas laisser un centimètre carré d’espace à l’extrême droite, ça veut aussi dire aller pisser dans le jardin de l’extrême droite.

Édito initialement paru dans la newsletter musique du 13 janvier. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !