Inondations en Allemagne: le climat au centre de campagne de l'après Merkel
ALLEMAGNE - Après 16 ans à la tête du pays, Angela Merkel va passer la main et quittera la chancellerie après les élections législatives du 26 septembre. Si le conservateur Armin Laschet (CDU) est donné favori du scrutin, les violentes inondations...
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ALLEMAGNE - Après 16 ans à la tête du pays, Angela Merkel va passer la main et quittera la chancellerie après les élections législatives du 26 septembre. Si le conservateur Armin Laschet (CDU) est donné favori du scrutin, les violentes inondations qui ont touché l’ouest de l’Allemagne le 15 juillet et fait au moins 103 morts et des centaines de disparus, viennent chambouler la campagne électorale, plaçant la question de l’écologie un peu plus au centre des débats et du jeu politique.
Au point de rebattre les cartes? À l’heure où l’Allemagne est sous le choc de la tragédie, la question n’est pas encore ouvertement évoquée, mais les prétendants à la succession d’Angela Merkel -actuellement en voyage aux États-Unis-, rivalisent déjà de promesses “vertes”, alors que le parti Die Grünen (Les Verts), un temps donné en tête, est désormais largement devancé dans les intentions de vote, après une série de polémiques qui ont plombé la campagne de leur candidate Annalena Baerbock.
Un député écologiste, qui dès les 1ères heures du drame, avait attaqué les politiques des partis concurrents sur le climat, a dû effacer son tweet, qualifié de récupération scandaleuse. Mais les responsables politiques allemands de tout bord ont immédiatement mis en cause les conséquences du réchauffement, avec une célérité nouvelle notamment parmi les caciques du parti conservateur, comme le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer. Cette figure du parti CDU d’Angela Merkel a martelé que l’Allemagne doit “se préparer beaucoup mieux” aux bouleversements climatiques.
Le précédent Gerhard Schröder en 2002
Armin Laschet a, lui, était le 1er candidat à se rendre sur place jeudi matin, plus précisément dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie dont il est le président, annulant à la hâte une réunion de son parti. “La situation est alarmante. Ces inondations doivent accélérer la mise en œuvre de mesures de protection du climat, tant au niveau européen, national que mondial”, a-t-il déclaré, chaussé de bottes en caoutchouc dans cette région très touchée par la tragédie, avec celle voisine de Rhénanie-Palatinat.
Une image qui a rappelé, celle du chancelier Gerhard Schröder lors des crues de l’Elbe à l’été 2002 en Allemagne, que le chancelier du SPD avait su affronter, avant d’être réélu de justesse en septembre face aux conservateurs, malgré des sondages serrés et une série de mauvais résultats économiques.
Les opposants du chef de file conservateur n’ont cependant pas manqué de rappeler qu’il avait montré des réserves, quelques jours plus tôt, quant aux propositions de la Commission européenne pour réduire les gaz à effet de serre, notamment celle d’interdire la vente de voitures à moteur thermique à partir de 2035.
???????? Le candidat à la chancellerie Armin Laschet sur les lieux des terribles inondations dans son Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Impossible de ne pas penser à Schröder bottes aux pieds lors des inondations de l’été 2002, moment déterminant pour sa réélection un mois plus tard https://t.co/Sa7qrimkYqpic.twitter.com/4UJAVflAD1
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) July 15, 2021
Le ministre des Finances Olaf Scholz, candidat social-démocrate (SPD) à la chancellerie, a également décidé de se rendre sur place jeudi pour estimer les dégâts, qui devraient se chiffrer en centaines de millions d’euros.
Ich habe in Rheinland-Pfalz bedrückende Bilder und immense Schäden gesehen. Mein Mitgefühl gilt vor allem den Angehörigen der Opfer und all denen, die vom #Hochwasser betroffen sind. Es ist eine nationale Tragödie und deshalb auch eine nationale Aufgabe, finanziell zu helfen. pic.twitter.com/S0uIxtVIXl
— Olaf Scholz (@OlafScholz) July 15, 2021
“J’ai vu des images déprimantes et d’immenses dégâts en Rhénanie-Palatinat. Mes condoléances aux proches des victimes et à tous ceux qui sont touchés. C’est une tragédie nationale et donc aussi une tâche nationale d’aider financièrement”.
“Les conséquences du changement climatique se manifestent par les sécheresses et les tempêtes”, a déclaré l’ancien maire de Hambourg dans une série de tweets. “C’est une autre raison pour laquelle le soutien n’est pas seulement l’affaire des régions touchées. Ensemble, nous - le gouvernement fédéral, l’UE et toutes les régions - devons faire plus pour arrêter le réchauffement climatique”.
La candidate écologiste Annalena Baerbock a, elle, interrompu ses vacances, publiant des messages de compassion et de solidarité envers les victimes sur son compte Twitter. L’empressement de certains élus à se rendre dans les régions sinistrées a été épinglé par le co-dirigeant des Verts, Robert Habeck. “C’est maintenant l’heure des sauveteurs et non l’heure des politiciens qui se contentent de rester là en travers du chemin”, a-t-il observé sur son compte Instagram. Il est légitime, a-t-il toutefois reconnu, que les responsables locaux se fassent une idée sur le terrain.
L’urbanisme et la déforestation pointés du doigt
Si, dans l’émotion des événements, les Verts n’ont pas encore mis en cause frontalement les politiques climatiques menées durant les seize années de l’ère Merkel, des représentants de la société civile s’en sont chargés. “Les conséquences catastrophiques des fortes pluies de ces derniers jours sont en grande partie de notre propre responsabilité ”, a critiqué Holger Sticht, président de la branche de Rhénanie-du-Nord-Westphalie du BUND (Fédération allemande pour l’environnement et la protection de la nature). Il a notamment fustigé les constructions en zone inondable et le déboisement des pentes de basse altitude qui empêche de retenir les pluies.
Pour la ministre de l’Environnement de cette région, Ursula Heinen Esser (CDU), les bouleversements du climat sont les principaux facteurs du drame. “Le défi est que nous devons parfois faire face à une sécheresse extrême et parfois à des pluies extrêmement fortes”, a-t-elle déclaré au journal local Kölner Stadt-Anzeiger. Le sol était ”à peine capable d’absorber davantage d’eau en raison de la sécheresse des années précédentes et des précipitations des dernières semaines”, a-t-elle estimé, affirmant que dans cette situation, il était “pratiquement impossible de réagir à court terme”.
“Un échec monumental du système”
Dans cette partie prospère de l’Allemagne, qui compte des métropoles comme Düsseldorf, Cologne, Bonn, des villages entiers ont été dévastés par les rivières sorties de leur lit. “Le fait que des gens meurent dans un pays hautement industrialisé à cause de conditions météorologiques extrêmes (...) montre simplement que nous atteignons de plus en plus les limites de notre capacité d’adaptation”, a mis en garde le météorologue Mojib Latif, chercheur à l’institut d’océanographie de Kiel, dans le quotidien Neue Osnabrücker Zeitung.
Pour Hannah Cloke, professeur d’hydrologie à l’Université britannique de Reading, “le fait qu’autant de personnes meurent dans des inondations en Europe en 2021 représente un échec monumental du système”. “La cause de ces fortes pluies semble être un convoyeur d’air chaud et humide en provenance du nord, qui a déversé d’énormes quantités d’eau sur un sol déjà humide, explique-t-elle. Or “ces torrents de pluie estivaux soudains et à haute énergie sont exactement ce que nous anticipons d’un climat qui se réchauffe rapidement”.
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