[Interview] On a rencontré le phénomène Suzuya ! (Vidéo)

Comme un prophète né trop tôt, Zoxea annonçait en 1999 que le Rap était désormais « La Ruée vers le roro« . Depuis le début des années 00′, les « Gladiateurs » entrent en piste cooptés par les paroliers et les Top Liners, ils rentrent dans...

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Comme un prophète né trop tôt, Zoxea annonçait en 1999 que le Rap était désormais « La Ruée vers le roro« . Depuis le début des années 00′, les « Gladiateurs » entrent en piste cooptés par les paroliers et les Top Liners, ils rentrent dans l’arène de la musique urbaine, la musique la plus écoutée de France à la recherche de l’eldorado. Tous les rappeurs ? Non certains artistes résistent encore et toujours aux tentations cruelles de notre industrie musicale.

Suzuya est fasciné par le Japon, les mangas et XXX Tentacion. Il n’a jamais rêvé de Bling, de soirée huppées, de bimbos en mini jupe, et ou de trophées musicaux. Son 1er freestyle, il le fait incrédule devant une salle de classe abasourdie par sa qualité textuelle. Car si certains vont au rap pour les formes et les rythmes, d’autres viennent des lettres et de la poésie. Et avant de transformer ses angoisses, et ses antagonismes en singles, Suzuya écrivait des rimes, juste des rimes, pas vraiment de la poésie, en référence au sacro-saint Haïku japonais. Cependant le rappeur ne trouve pas son inspiration dans la Nature, mais dans la nature humaine. Il dissèque au fer la passion brûlante quelque fois criminelle de l’amour. Il n’y a rien de lisse chez Suzuya. Après son freestyle de classe, il se lance single par single sur YouTube. Ce qu’il pense de sa montée en puissance : « Je sais pas… J’ai juste fait les choses comme je voulais les faire même si ça m’a fait perdre des gens et tout j’men fou d’eux c’est des loosers.
J’ai juste écouté mon cœur y’a que ça de vrai :p ».

Ils ne prend même pas la peine d’aller réaliser des clips avec gamos et vixens de circonstances pour ses 1ers singles. Mais il invente déjà une forme de poésie. Un déchaînement de lettres sur des visuels empruntés intelligemment à des mangas. Le choix est loin d’être innocent. Plus qu’aucun autre, il met le visuel au service de sa musique. Pourquoi ce choix ? « les AMV, c’est parfait pour mettre en image mes sons. Je compte encore en faire jusqu’à être dead car j’aime trop les animes ( pas tous y’en a je déteste )« .

Dans le choix des instrumentales, on retrouve aussi beaucoup de sonorités propres au mangas. Et ces sonorités là sont chargées d’émotions. Si beaucoup détournent leurs regards des œuvres dessinées en noir et blanc ou en couleur, le rappeur puise dans la noirceur de son âme et offre aux jeunes générations souvent nihilistes le peu d’explications qui va à une vie qui n’a aucun sens.

Et les mangas, illustration parfaite de notre société de l’ultra violence déjà décriée par un Stanley Kubrick dans 70′ offrent le socle de la réflexion de Suzuya : « J’aime trop les animes violents et j’aime encore + quand y’a de la Romance en + , la romance est à mes yeux plus belle quand elle a lieu dans un monde où les gens s’entretuent. ». Aux antipodes du « happy ending américain » (pas sur toutes les productions mais les plus mainstream), le rappeur évoque le véritable sens de l’amour, douloureux et pénétrant, surtout lorsqu’il jaillit du chaos. Shakespeare en avait fait son œuvre la plus intemporelle.

Suzuya cite beaucoup XXX Tentacion en même temps que les animes : »c’est parce que du coup les animes me tiennent à cœur psk j’ai découvert XXXTENTACION en même temps que les animes et c’est un peu les 2 choses qui m’ont menées à la musique , en plus J’aime trop écouter mes sons avec un clip d’anime que j’aime bien en fond« . Le commun des mortels contrairement à Suzuya ne connaît pas vraiment l’œuvre du rappeur américain même après son énorme succès posthume. Car son dernier album énigmatique « ? » dont les profanes n’ont retenu que « Moonlight » est inclassable, nostalgique et mélancolique. Comme Suzuya, c’est une poésie et pas seulement du Rap, c’est un poème qui s’écrit en Rap de temps à autres. Et quelques fois même en rock pour ceux qui ont écouté autres chose que « Moonlight« . Et si les rappeurs rivalisent d’imagination pour faire le buzz, Suzuya est contre le culte de la personnalité, la star montante est une anti-star : « Je crois même que je préfère les animes au clip , je préfère voir des animes que de me voir moi sur un écran« . Et il le promet il le refera ! On lui en veut absolument pas. C’est dans cet esprit que Suzuya écrit et publie son projet « L’amour c’est la guerre« .

Si vous trouvez que le titre du 1er jet de l’artiste est évocateur, il dévoile son album « Condamné » ce 30 avril. Il s’agit d’une symphonie. Lorsqu’on lui demande si un concept a commandé la réalisation de « Condamné« , il explique un peu discret tout d’un coup que : «  le concept de l’album réside dans son titre: condamné« . Et pourtant à l’écoute des 14 titres de l’album, on est tenté de se demander si Suzuya n’a pas repris un concept cher à Ghostface Killah dans « 36 seasons » : un album histoire. Car dans les déchaînements des sentiments de Suzuya, des déchirements de l’amour, il y a l’histoire d’un homme. Elle s’écrit en prose avec un côté sensible mais réaliste, une vision écarlate sur la profondeur de l’amour, mais cela reste une histoire. Suzuya explique donc une histoire toute en subjectivité, sans jamais faire couler le sang à part le sien, et les armes à part sa plume.

Les deux 1ers extraits du projet « Suzuya Le Vampire » et « Meurs Cupidon Meurs » ne laissent pas de doutes sur les intentions de l’artiste. Proche d’un Eddy de Pretto dans la libération de la parole, Suzuya représente à contre cœur toute une génération. Se reconnaissent-ils dans son œuvre ? “Oui y’a des gens qui m’écoutent et qui se reconnaissent dans certains sons ????????. Réponse brève… Personne ne connaît cette jeunesse mieux que lui en tout cas, il sait lui causer.

On finit par lui poser les questions bateaux, ça ne lui plaît pas beaucoup. Définir son style ? “Moi Je sais pas, chacun est donc libre de le définir comme il veut mais vu que c’est mon style et que moi même je ne sait pas donner de réponse personne aura jamais raison ou tord.” Finalement il a raison, il vaut mieux laisser la musique causer.

[Interview] On a rencontré le phénomène Suzuya ! (Vidéo) via @ Rapunchline : C'est tout le rap français sur un seul site !.