“Isn’t It Now?” : c’est bien maintenant qu’il faut découvrir le nouvel album d’Animal Collective
Difficile de retenir notre enthousiasme en écoutant Soul Capturer, qui ouvre Isn’t It Now?, dont le chant pop chamanique nous tire d’une anxieuse torpeur, en écoutant encore les variations de Genie’s Open où de la simple lumière surgissent...
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Difficile de retenir notre enthousiasme en écoutant Soul Capturer, qui ouvre Isn’t It Now?, dont le chant pop chamanique nous tire d’une anxieuse torpeur, en écoutant encore les variations de Genie’s Open où de la simple lumière surgissent d’infinies possibilités métaphysiques. Puis les échos synth-exotica de Gem & I, la ballade tout en harmonies de Stride Rite, la ritournelle post-cabaret-psyché de All the Clubs Are Broken, qui, en deux minutes, s’incruste dans notre mental assoiffé de mélodies accrocheuses. On ne résiste pas plus à Magicians from Baltimore, inspiré de la jeunesse dans le Maryland de Panda Bear, Geologist, Deakin et Avey Tare, comme nous l’explique ce dernier.
“Ces heures passées sur le perron de la maison de ma grand-mère ou à une table couverte de journaux attendant un tas de crabes bleus… Je me sens tellement loin de tout ça maintenant, et pourtant la sorcellerie de la musique me permet de le revivre. Ce qui donne l’impression qu’en effet, les musiciens sont des magiciens.” Et les producteur·rices s’avèrent être d’une aide précieuse lorsqu’il s’agit d’extirper l’élixir du chaudron.
Le microcosme d’un rêve
En l’occurrence ici, Russell Elevado, au CV plus qu’alléchant : The Roots, Kamasi Washington ou D’Angelo pour le mythique Voodoo, dont Animal Collective est “totalement fan” : “Lorsque nous réfléchissions à la façon d’enregistrer ce disque, nous nous concentrions surtout sur ce doux son de batterie, pour une ambiance peut-être plus traditionnelle et, du point de vue de Noah [Panda Bear], très influencée par le funk et la soul… Le disque devait également refléter nos performances live de la manière la plus précise et la plus chaleureuse possible. Nous avons donc pensé à Russell.”
Auparavant, ces neuf titres sont nés d’une résidence dans le Tennessee, à l’été 2019, qui a par ailleurs fourni de la matière au précédent album d’Animal Collective, Time Skiffs (2022), façonné à distance durant les confinements. Ce dont ce superbe Isn’t It Now? est le reflet, c’est une façon de rassembler les âmes autour d’une musique aussi fluctuante que nos vies, bousculées par des crises, attentats et pandémies.
Le groupe ne s’éloigne jamais trop de ses convictions humanistes tout en cultivant chaque parcelle poétique de son immense jardin sonore, à la végétation luxuriante et souvent surprenante : “Après le Covid, j’ai peur que d’autres événements comme celui-ci affectent la planète. Si c’est le cas, nous avons l’espoir qu’il y aura une prise de conscience collective, afin de travailler ensemble pour créer une existence plus saine pour tous. Defeat et Animal Collective sont le microcosme de ce rêve.”
À la fois opaque et cristallin
En son cœur vibrant, ce morceau de vingt-deux minutes écrit par Avey Tare le 1er octobre 2017, jour de la fusillade à Las Vegas, et fruit de quatre années de travail développé avec ses “frères musiciens” : “Il s’agit de la résilience de l’humanité, qui lutte au milieu du chaos. Les gens peuvent se reconnecter et se reconstruire. Ça pourrait être moi, ça pourrait être toi. Ainsi, le format de Defeat est libre, épouse le mouvement des vagues de l’océan, menaçant toujours de consumer la terre avant de reculer et de s’apaiser.”
Enfin, résonne King’s Walk, épatant a cappella tribal, déjà testé en concert, à peine serti d’éléments instrumentaux. À la fois simplissime et intense, opaque et cristallin, immédiat et à libération prolongée. “Il y a tellement de choses que nous ne pourrons jamais comprendre, conclut Avey Tare. Ne serait-ce que le fait de vieillir. Si le passé disparaît, persistent des traces de notre vécu. Des cycles continuent de se produire dans notre quotidien. La vie est de la pure magie.”
Isn’t It Now? (Domino/Sony Music). Sortie le 29 septembre.