Italie: après la chute du téléphérique à Stresa, 3 responsables de la société gestionnaire arrêtés

ACCIDENT - Le frein d’urgence a-t-il été désactivé volontairement? C’est ce dont sont accusés trois responsables de la société gérant le téléphérique qui a chuté dans le vide dimanche à Stresa dans nord de l’Italie, faisant 14 morts dont 5...

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Une cabine a chuté à Stresa, en Italie, sur le téléphérique qui rejoint Mottarone (Photo prise le 23 mai 2021)

ACCIDENT - Le frein d’urgence a-t-il été désactivé volontairement? C’est ce dont sont accusés trois responsables de la société gérant le téléphérique qui a chuté dans le vide dimanche à Stresa dans nord de l’Italie, faisant 14 morts dont 5 Israéliens. Ils ont été arrêtés ce mercredi 26 mai. 

Précisément, ils sont accusés d”avoir “désactivé ou ôté volontairement des dispositifs de sécurité”, en l’occurrence le frein d’urgence, a déclaré à l’AFP un porte-parole des carabiniers.

“Il y avait un dysfonctionnement sur le téléphérique, l’équipe de manutention n’a pas résolu le problème, ou seulement en partie. Pour éviter l’interruption de la liaison, ils ont choisi de laisser en place la “fourchette” qui empêche l’entrée en fonction du frein d’urgence”, a expliqué sur la station Radiotre un responsable local des carabiniers, le lieutenant-colonel Alberto Cicognani, cité par les agences italiennes.

Les trois personnes arrêtées sont Luigi Nerini, le dirigeant de la société “Ferrovie del Mottarone” qui gère le téléphérique, Gabriele Tadini, directeur de l’installation, et Enrico Perocchio, chef opérationnel du téléphérique, construit en 1970 et qui relie en 20 minutes le village de Stresa au mont Mottarone qui culmine à près de 1.500 mètres en offrant une vue stupéfiant sur le lac Majeur et les Alpes.

“Ils ont reconnu” que c’est volontairement que le frein d’urgence n’avait pas été activé, a ajouté Alberto Cicognani.

Acte “matériel fait de manière consciente” 

Selon la procureure de de la petite ville voisine de Verbania, Olimpia Bossi, en charge du dossier et citée par les médias italiens, ils savaient que la cabine du téléphérique circulait sans frein d’urgence depuis le 26 avril, jour de la réouverture de l’installation.

Dans un entretien mardi avec l’AFP, la procureure avait expliqué les causes de l’accident: “Le système de freinage n’a pas fonctionné, le système qui bloque la cabine sur le câble porteur est un système qui fonctionne en cas d’urgence lorsqu’un accident comme la rupture du câble se produit”.

La décision de procéder à ces arrestations est intervenue à l’issue d’une journée d’interrogatoires à la caserne des carabiniers de Stresa et l’analyse des débris trouvés sur place, qui a permis de démontrer que “le système de freinage d’urgence de la cabine tombée dans le vide avait été trafiqué”, et que la “fourchette”, à savoir le dispositif permettant de désactiver le frein, avait été insérée.

Selon les enquêteurs, il s’agit d’un acte “matériel fait de manière consciente” pour ”éviter des interruptions et l’arrêt du téléphérique”, alors que “l’installation présentait des anomalies qui auraient requis une intervention plus radicale avec un arrêt conséquent” de l’installation.

Un cauchemar qui vire en tragédie

Selon la procureure, des interventions techniques avaient été “demandées et effectuées”, dont une le 3 mai, mais “elles n’ont pas permis de résoudre le problème”. La décision de bloquer le frein d’urgence a été prise “avec la conviction que jamais le câble ne se serait rompu, courant un risque qui a ensuite malheureusement abouti à l’issue fatale”.

L’accident s’est produit dimanche vers 12H30 (10H30 GMT), à une centaine de mètres de la dernière station d’altitude du téléphérique au sommet du mont Mottarone. L’unique survivant, un enfant de cinq ans hospitalisé à Turin, souffre d’un traumatisme crânien et de fractures des jambes.

La procureure avait confié mardi à l’AFP la sidération provoquée par cet accident: “Très peu de personnes auraient pu imaginer une telle tragédie. Notamment parce que le téléphérique est considéré non seulement comme un moyen de transport sûr au sens général, mais aussi comme un moyen de transport de vacances et de loisirs. Personne ne peut donc imaginer que ce qui était une sortie du dimanche se soit transformé en un cauchemar qui s’est terminé de manière tragique”.

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