J’ai perdu des amis pendant le confinement et ce n’est pas grave - BLOG
AMITIÉ - En regardant le profil WhatsApp grisé de mon amie, j’ai compris que notre amitié de sept ans était terminée.Nous étions à la fin du mois de janvier, probablement le plus morne du confinement, et les vestiges de notre dernière dispute...
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AMITIÉ - En regardant le profil WhatsApp grisé de mon amie, j’ai compris que notre amitié de sept ans était terminée.
Nous étions à la fin du mois de janvier, probablement le plus morne du confinement, et les vestiges de notre dernière dispute subsistaient en toile de fond. Elle avait été âpre, mais nous avions passé le cap le plus difficile sans trop de mal. Et puis les vannes de mes émotions se sont ouvertes. Quand nous avons commencé à exprimer plus ouvertement les problèmes qui existaient entre nous, l’anxiété, le doute et la peur de l’inadaptation accumulés pendant des années sont remontés à la surface. Mes mots n’étaient pas méchants, mais ils étaient blessants et, en les prononçant, j’ai su que je ne pouvais plus faire marche arrière.
J’aimerais pouvoir dire que le confinement n’a joué aucun rôle dans la fin de notre amitié (la Covid nous a déjà privés de tant de plaisirs!) mais nier son rôle reviendrait à nier la vérité.
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Depuis le début de la pandémie, 3,7 millions d’adultes disent se sentir plus seuls. Le confinement a été source de stress et de fatigue mentale pour beaucoup, y compris pour moi. Mais cela m’a aussi permis de mieux analyser les émotions que j’avais réprimées comme si c’étaient des réactions excessives.
À cause de mon trouble de la personnalité borderline, mes émotions fusent au point que je me sens constamment dépassée par des pensées intrusives, une expérience que je ne suis pas prête à gérer mentalement. Quand j’ai rencontré mon amie, elle a compris mes angoisses parce qu’elle en avait aussi, mais pour d’autres raisons. Je n’irai pas jusqu’à affirmer qu’un lien particulier nous unissait, mais comme nous nous comprenions et nous nous entendions bien, même lorsque nous n’étions pas d’accord.
Voir notre amitié se désagréger de manière aussi viscérale a été une expérience terrible. La perte était réelle, tangible. En fait, je faisais le deuil de ce que notre amitié avait été, pas de ce que nous étions devenues.
Voir notre amitié se désagréger de manière aussi viscérale a été une expérience terrible. La perte était réelle, tangible. En fait, je faisais le deuil de ce que notre amitié avait été, pas de ce que nous étions devenues. Si j’avais été plus lucide, j’aurais remarqué que notre rupture était inévitable, non pas à cause du confinement (même s’il a indéniablement accéléré le processus) ni à cause du mauvais caractère de l’une d’entre nous, mais parce que nous sommes devenues moins compatibles au fil des ans.
Le temps que j’ai passé confinée a accentué trop de reproches inexprimés, trop de plaies cachées sous des pansements de fortune. Une fois débarrassée de la pression sociale de maintenir une amitié au nom du passé, j’ai pu réfléchir à la personne que je suis.
L’image idéalisée de l’amitié que la société a créée est aussi belle que dangereuse. Elle promet beaucoup, comme si elle pouvait survivre à tout en dépit de la façon dont nous évoluons au fil des ans, mais tient rarement ses promesses. Certaines amitiés survivent à tous les orages, mais la plupart des gens perdent des amis plus souvent qu’ils ne veulent bien l’admettre. Même si nous savons qu’elles se terminent parfois, cette prise de conscience implique souvent que l’une des deux parties soit fautive, alors qu’elles s’éloignent simplement l’une de l’autre.
Le confinement nous a donné le temps de réfléchir, d’affronter nos émotions. Nous avons dû regarder en face des vérités que nous tentions d’ignorer: regardez tous ces couples qui ont rompu, tous ces gens qui ont quitté leur emploi ou fait leur coming-out depuis un an. Enfermés chez nous, nous n’avions rien d’autre à explorer que notre propre personne.
Ce n’est pas facile de perdre des amis pendant le confinement, et c’est une difficulté qui va probablement s’estomper maintenant que les restrictions sont en train d’être levées, mais on ne l’oubliera pas de sitôt.
Voilà la situation dans laquelle je me trouvais il y a quatre mois, condamnée au chagrin parce que je n’avais aucune échappatoire. C’était désagréable, mais cette épreuve m’a rendue plus forte et aidée à mieux me connaître. Je vois désormais plus clairement que nous avons toutes les deux bien fait de mettre un terme à notre amitié.
Ce n’est pas facile de perdre des amis pendant le confinement, et c’est une difficulté qui va probablement s’estomper maintenant que les restrictions sont en train d’être levées, mais on ne l’oubliera pas de sitôt. Nos séparations récentes sont d’autant plus difficiles que nous avons été déconnectés du monde social, réduits à une solitude étouffante.
Aujourd’hui encore, bien que je ne doute pas de mes décisions, j’ai de la peine quand je vois des amis s’arranger pour se voir après des mois de séparation. Cela me rappelle que mon groupe d’amis a rétréci, que les nouveaux souvenirs que je vais me faire n’incluront pas certaines personnes. Cependant, il est important de garder à l’esprit qu’il y a une raison pour laquelle nous nous éloignons de quelqu’un. La séparation évoque des connotations négatives, mais les gens peuvent se quitter parce qu’ils évoluent dans des milieux différents ou, comme dans mon cas, par incompatibilité.
Je ne suis absolument pas croyante, mais j’ai fini par comprendre que ce n’est pas parce qu’une personne entre dans votre vie qu’elle n’en sortira plus. Je conserverai toujours de bons souvenirs de mon ex-amie, mais ils seront figés dans le passé.
Même si cela m’attriste, je sais que nous avons toutes les deux agi pour le mieux.
Ce blog, publié sur le HuffPost britannique, a été traduit par M. André pour Fast ForWord.
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