James Caan, acteur fétiche de Francis Ford Coppola, est mort à 82 ans
Enfant du Queens, étudiant en économie et passionné avant tout de football américain, James Caan découvre les arts dramatiques au Neighborhood Playhouse de New York à la fin des années 50. Rapidement repéré, il joue ses 1ers rôles sur scène...
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Enfant du Queens, étudiant en économie et passionné avant tout de football américain, James Caan découvre les arts dramatiques au Neighborhood Playhouse de New York à la fin des années 50. Rapidement repéré, il joue ses 1ers rôles sur scène à l’âge de 21 ans, notamment à Broadway dans Mandingo et Blood, sweat and Stanley Poole. Après de courtes apparitions dans des séries télé, l’immense cinéaste Howard Hawks lui offre deux rôles centraux dans deux films, parmi les derniers de sa carrière, qu’il tourne successivement : Ligne Rouge 7000 (1965) et El Dorado (1966). Tête d’affiche du 1er, où il incarne Mike Marsh, un pilote automobile dont le collègue décède subitement, James Caan dévoile au monde sa puissance physique et son regard tombant.
Une longue collaboration avec Francis Ford Coppola
Howard Hawks lui aura ouvert les portes du succès, Francis Ford Coppola lui les fera franchir : en 1970, James Caan interprète le rôle principal des Gens de la pluie, incarnant un joueur de football qu’un grave accident a rendu simplet. Pris en stop par une femme enceinte (Shirley Knight) fuyant autant sa vie que son mari, il partage à ses côtés un épisode de son existence. Après cette 1ère collaboration réussie, Coppola refait confiance à James Caan en lui offrant, en 1972, ce qui sera son rôle le plus emblématique, celui de l’impulsif Santino “Sonny” Corleone, fils aîné et héritier de Don Vito Corleone dans Le Parrain et ses suites. Nommé pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, pour sa prestation sans concession dans le 1er volet, James Caan s’impose comme un des visages du cinéma américain des années 70.
Sa capacité à évoquer la violence mais aussi la douceur malgré sa prestance physique d’ancien athlète lui permet de se faufiler dans des rôles pleins d’ambiguïté. C’est le cas cinq ans après Le Parrain : James Caan est choisi par Claude Lelouch pour être la tête d’affiche du 1er film américain du réalisateur, Un autre homme, une autre chance, western romantique où il prête ses traits à Jimmy, un homme endeuillé et accusé du meurtre de sa femme. Il donne pour l’occasion la réplique à Geneviève Bujold, qui interprète Jeanne, une femme elle aussi endeuillée que Jimmy retrouve quelques temps après leur 1ère rencontre.
Deux rôles emblématiques pour Michael Mann et James Gray
Caan et Lelouch se retrouvent quelques années plus tard dans Les Uns et les autres, film choral dramatique sur la Seconde Guerre mondiale, juste avant que le comédien ne nous offre l’un de ses chefs-d’œuvre de composition dans Le Solitaire, 1er long-métrage de Michael Mann. Dans ce polar coup de poing, James Caan brille par son incarnation puissante, brutale mais aussi nuancée d’un braqueur plein d’idéaux. Le visage quarantenaire qu’il offre à ce gaillard hanté par l’American dream sera l’un des plus marquants de sa carrière, comme de celle du cinéaste.
Les années 1980 seront cependant les moins prolifiques pour l’acteur qui, suite à une dépression doublée d’addictions multiples, quitte les plateaux cinq ans durant après Le Solitaire et Kiss me Goodbye (où il fait brillamment montre de son talent pour le chant et la danse). En 1987, il opère un retour en grâce pour Francis Ford Coppola, qui lui offre le rôle principal de Jardins de pierre. Réponse méditative à Apocalypse Now, le film s’intéresse au bilan humain de la guerre du Vietnam et à l’absurdité de celle-ci. James Caan y incarne avec douleur et désenchantement un sergent qui se souvient de l’homme qu’il a autrefois formé et qu’il est en train d’enterrer. L’acteur enchaîne avec Misery, une adaptation de Stephen King où il donne la réplique à Kathy Bates et Lauren Bacall.
S’ensuivent des rôles dans des films assez mineurs au cours des années 1990, avec tout de même un rôle dans Le Lien de Steve Kloves ou encore dans L’Effaceur, aux côtés d’Arnold Schwarzenegger. C’est en 2000, avec The Yards, le deuxième film de James Gray, que James Caan retrouve un rôle particulièrement marquant. En prêtant sa nuque épaisse au patron du métro du Queens, il marque de son empreinte le geste fondateur de l’un des plus grands cinéastes américains contemporains, comme il l’avait fait – d’une certaine manière – 30 ans plus tôt avec Les gens de la pluie de Coppola. The Yards (comme plus tard La Nuit nous appartient) étant une œuvre aux motifs visuels et thématiques directement hérités de la trilogie du Parrain, cette collaboration fait d’autant plus sens, à la fois au sein de la carrière du jeune réalisateur et de celle du comédien expérimenté.
Les années 2000 marquent son retour sur le petit écran (Las Vegas, Magic City, Hawaï 5-0, Back in the game) et dans des téléfilms, avec assez peu de rôles marquants au cinéma, si ce n’est pour Lars Von Trier dans Dogville ou pour Peter Segal dans Max la menace. Nous devions retrouver James Caan dans Megalopolis, le film ultime de Francis Ford Coppola, où il devait donner la réplique à la nouvelle génération hollywoodienne, incarnée par Adam Driver et Zendaya.
Des hommages multiples
Ses acolytes du Parrain ont souhaité lui rendre hommage, à commencer par Coppola lui-même, qui s’est exprimé en ces termes, cité par nos confrères de Deadline : “Jimmy était quelqu’un qui a traversé ma vie plus longtemps et plus près que n’importe quel personnage de cinéma que j’ai jamais connu. Depuis ces 1ers temps, où nous avons travaillé ensemble sur Les gens de la pluie, et à travers toutes les étapes de ma vie, ses films et les nombreux grands rôles qu’il a joués ne seront jamais oubliés”.
De son côté, c’est dans Entertainment Weekly qu’Al Pacino a rendu hommage à son ancien collègue : “Jimmy était mon frère fictif et mon ami de toujours. Il est difficile de croire qu’il ne sera plus au monde parce qu’il était si vivant et audacieux. Un grand acteur, un réalisateur brillant, et mon cher ami. Il va me manquer”. Robert de Niro s’est déclaré, lui, “très triste d’apprendre le décès de Jimmy”.
Toujours dans Entertainment Weekly, Michael Mann a, quant à lui, rendu un long hommage à son ami : « Quelle perte terrible et tragique. Jimmy n’était pas seulement un grand acteur avec un engagement total et un esprit aventureux, mais il avait une vitalité au cœur de son être qui conduisait tout, son art, son amitié, sa force athlétique. […] Il a touché le cœur de son être pendant des moments personnels difficiles pour réussir à devenir l’enfant rebelle, à moitié sauvage, l’étranger institutionnalisé Frank dans mon 1er film, Le Solitaire. Frank est à moitié Frank, et à moitié Jimmy. Le personnage et l’homme – comme Sonny dans Le Parrain – étaient faits l’un pour l’autre. Unique. Quelle perte. »
James Caan laisse derrière lui 60 années de carrière hollywoodienne et plus de 100 rôles au cinéma et à la télévision.