Japanese Breakfast, musique de fête et de perdition
La carrière de Michelle Zauner ressemble de plus en plus à une suite d’échecs grandioses. Son précédent album, l’inusable Soft Sounds from Another Planet (2017), devait être une comédie musicale de science-fiction avant que l’Américaine ne...
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La carrière de Michelle Zauner ressemble de plus en plus à une suite d’échecs grandioses. Son précédent album, l’inusable Soft Sounds from Another Planet (2017), devait être une comédie musicale de science-fiction avant que l’Américaine ne décide de rester sur Terre, afin de mieux y soigner ses traumatismes dans un triomphe d’humanité.
Au moment d’appréhender Jubilee, son troisième disque sous l’alias de Japanese Breakfast, la chanteuse de 32 ans espère pouvoir enfin tourner le dos à une discographie née sous le signe de la maladie et de la mort, pour embrasser « un bonheur monumental », comme elle l’explique dans le communiqué du 1er single Be Sweet.
La playlist d’un dancing spatial
A l’image de ce morceau inaugural, dansant jusqu’à l’excès, Jubilee regroupe certaines des chansons les plus directes et immédiates de Japanese Breakfast. Suite spirituelle de Soft Sounds, le disque sonne comme la playlist du dancing de la station spatiale qui aurait reçu pour mission d’apporter la réponse terrienne à ces doux sons extraterrestres.
Dans ce passionnant résumé de soixante ans de culture occidentale, l’italo-disco croise le shoegaze, les fanfares l’ambient et la froide new wave la luxuriance de la pop orchestrale West Coast. Mais pendant l’expédition, le vaisseau de la capitaine Zauner aurait décroché de sa trajectoire et dériverait dans le vide infini de l’espace. Une musique de fête autant que de perdition.
Car malgré les efforts de la musicienne de Philadelphie, Jubilee tire toute sa force de son insondable tristesse. “Avec ma chance, tu vas mourir dans l’année. Je me suis mis à attendre ces choses-là”, confesse-t-elle ainsi en ouverture de In Hell, tandis que sur le single Posing in Bondage elle constate que “le monde est divisé en deux peuples : ceux qui ont vécu la douleur et ceux pour qui cela doit encore arriver”.
Même dans ses moments les plus férocement joyeux, l’album offre une vision viciée des rapports humains où l’amour et la souffrance sont les deux faces du même jeu de pouvoir entre les sexes – “Les hommes cruels gagnent toujours”, chantait-elle, il y a quatre ans, sur Till Death ?
Mais contre cette noirceur, Michelle Zauner propose enfin un moyen d’émancipation : sa musique. “Qu’est-ce que ça fait d’être toute-puissante ? De captiver les cœurs ? D’exposer ses idées à des étrangers qui écoutent pour n’en perdre aucune goutte ?”, s’interroge-t-elle sur Paprika avant de conclure : “Oh c’est excitant !”
Jubilee Dead (Oceans/PIAS)