Je suis une personne HPI et en amour, c'est tout aussi compliqué que passionné - BLOG

HPI - J’ai déjà entendu dire que pour les personnes HPI (haut potentiel intellectuel), les relations, c’est compliqué. Alors que dire de leurs relations amoureuses? Et ce n’est pas la série “HPI” sur TF1 qui pourrait prétendre le contraire...

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À mon sens, une relation de couple fonctionne si chacun prend en charge ses propres besoins et n’attend pas de l’autre qu’il ou elle le sauve. C’est le challenge des personnes HPI dans leur relation de couple: savoir se donner de l’amour pour ne pas attendre de l’autre de réparer une blessure due à leurs propres expériences.

HPI - J’ai déjà entendu dire que pour les personnes HPI (haut potentiel intellectuel), les relations, c’est compliqué. Alors que dire de leurs relations amoureuses? Et ce n’est pas la série “HPI” sur TF1 qui pourrait prétendre le contraire quand son héroïne est séparée du père de ses enfants et qu’elle insupporte les flics avec qui elle travaille.

Pourtant, être HP c’est être souvent doté de beaucoup d’atouts pour réussir dans les relations sociales: l’empathie, l’intuition, l’humour...

Alors, qu’est-ce qui fait que les relations sont compliquées quand on est surdoué? À quoi ressemble un HP amoureux?

L’intuition dans les relations

Je me souviens de ce soir de septembre, au téléphone, j’appelais une de mes amies pour lui partager la journée que je venais de vivre. Je me souviens des mots que je lui ai dits : “J’ai rencontré un homme, il est exactement l’homme que je verrais comme le père de mes enfants.”

Vous pensez que j’allais vite en besogne ?

Cet homme est aujourd’hui mon mari depuis 10 ans et nous avons eu deux magnifiques petites filles.

Qu’est-ce qui m’a permis de le savoir ? L’intuition ?

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Bien que mon mari soit le seul homme pour qui j’ai ressenti cela, ce n’est pas l’unique fois où, en rencontrant quelqu’un, j’ai su comment la relation allait se développer. Cela m’est par exemple arrivé également avec une de mes plus grandes amies. Bien souvent ce que je ressens, l’autre, au départ, ne le partage pas. Il a fallu plusieurs semaines à mon mari pour ressentir la même chose pour moi. Aujourd’hui, dans un groupe de personnes que je rencontre, je sens vers qui aller. Les personnes avec qui je vais avoir des atomes crochus.

L’amour, l’amitié c’est très sérieux

Chez les personnes HPI, les relations amicales comme amoureuses sont rarement prises à la légère. Il m’est arrivé de ressentir pour des amis, une amitié si forte, un attachement profond qui n’a rien à voir avec une simple camaraderie.

Ce sont des amitiés qui traversent le temps. Des années sans nouvelles, et puis des retrouvailles et c’est comme si on ne s’était jamais quitté. Alors, vous imaginez les relations amoureuses ? Certains nous traitent de bisounours quand on est HP : oui, j’ai des valeurs et comme beaucoup de choses ce ne sont pas des demi-valeurs. Il y a chez moi une générosité dans tous mes sentiments. J’ai longtemps tout donné à ceux qui comptaient pour moi.

Et cela m’a parfois joué des tours.

Quand l’amour devient fusionnel

Je n’ai pas tout de suite rencontré mon mari. J’ai connu, entre autres, un autre homme quand j’étais encore étudiante. A l’époque, je finissais mon école d’ingénieur. Des études pas vraiment choisies par passion, plutôt dans la suite logique des choses. Je n’avais pas vraiment d’idées de ce que je voulais faire, mais l’école d’ingénieur avait l’immense avantage de me permettre d’étancher ma soif d’apprentissage.

Tout ça pour vous dire que je ne me connaissais pas bien.

Alors quand Denis s’est intéressé à moi, j’ai plutôt été surprise voire flattée. Car en plus de ne pas bien me connaître, je n’avais pas une grande estime de moi. Je me trouvais insipide et trop grosse.

Par curiosité, d’abord, j’ai accepté de sortir avec lui. En presque 2 ans, cette expérience de curiosité s’est transformée en une relation fusionnelle où je me suis totalement oubliée.

Je n’avais plus de passion, je vivais ses passions à lui. Avant, j’aimais observer les étoiles, lire et faire des sports collectifs. Avec lui, j’ai fait de l’escalade, des jeux en réseaux, de la voile. Je le faisais d’autant plus que plus notre histoire avançait, plus je me sentais attachée à lui.  J’étais dans cette illusion qu’il m’acceptait pleinement, alors même que je filtrais tout ce que je pouvais pour correspondre à ces attentes.

Un dimanche soir, où il rentrait d’un week-end dans sa famille, il m’a avoué que je ne lui avait pas du tout manqué. Qu’il avait même été soulagé de ne pas être avec moi. Ce jour-là, mon cœur s’est fendu. Celui à qui j’étais prête à tout donner, ne voulait plus de moi !

S’oublier

Chez bien des personnes HPI, les attentes dans le couple sont comme dans bien d’autres domaines, plus importantes. Être HP, c’est ressentir insidieusement un décalage au quotidien, qui nous renvoie à nos différences. Cela provoque en nous un besoin de reconnaissance, de se sentir accepté, aimé pour qui on est. Le couple semble le parfait endroit pour réparer les blessures du rejet. On s’y jette à corps perdu. La capacité que les HP ont de comprendre leur pair, se démultiplie quand il s’agit de rendre heureux celui ou celle qu’on aime.

Avec Denis, mon empathie s’est transformée en véritable outil pour créer un masque et me transformer en ce que je pensais être aimable. Aujourd’hui, je sais dire que j’étais tombée dans la dépendance affective. Ma vie tournait autour de lui. J’avais trouvé un tel réconfort dans notre relation. Comme si je cherchais à combler un gouffre en moi avec son amour à lui. C’était trop, c’était disproportionné.

Je n’étais pas moi-même. Je m’étais oublié.

Quand la relation s’est terminée, j’ai ressenti une immense injustice. Tout ce temps que je lui avais consacré !

Cette expérience a été une très belle leçon pour moi. Car après cette rupture, j’ai commencé un long chemin de retour à moi-même. Qui suis- je ? Et qu’est-ce que j’aime, quelles activités m’intéressent ?

De mon point de vue, j’ai eu besoin de me perdre dans cette relation pour construire une nouvelle histoire sur des bases saines.

Oui, mon empathie est toujours présente, mais j’utilise maintenant ma capacité d’écoute à mon égard, pour entendre ce qui est juste ou non pour moi.

À mon sens, une relation de couple fonctionne si chacun prend en charge ses propres besoins et n’attend pas de l’autre qu’il ou elle le sauve. C’est le challenge des personnes HPI dans leur relation de couple : savoir se donner de l’amour pour ne pas attendre de l’autre de réparer une blessure due à leurs propres expériences.

Être heureux dans son couple, commence par se donner de l’espace à soi pour exister pleinement dans la relation et pas dans une version aquarellée de soi.

À voir également sur Le HuffPost:Est-ce plus difficile d’être heureux en amour quand on est surdoué?