Jean-Paul Belmondo est mort à l'âge de 88 ans

Affublé des nombreux surnoms venus de ses films, on avait bien fini par croire que Le Magnifique ou L'as des as ne pourrait jamais mourir. Pourtant, ce lundi 6 septembre 2021, l'avocat de Jean-Paul Belmondo a annoncé la mort du comédien à l'âge...

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Affublé des nombreux surnoms venus de ses films, on avait bien fini par croire que Le Magnifique ou L'as des as ne pourrait jamais mourir. Pourtant, ce lundi 6 septembre 2021, l'avocat de Jean-Paul Belmondo a annoncé la mort du comédien à l'âge de 88 ans, au terme d'une vie où se mêlèrent le meilleur et le pire, le succès fulgurant puis le déclin après 25 ans au sommet, les femmes, les amis, le cinéma et le théâtre, le plaisir du jeu et le goût des cascades. Flash-back...

Né en 1933 d'un père sculpteur de renom et d'une mère peintre, Jean-Paul Belmondo grandit au sein de la bonne bourgeoisie artistique parisienne, du côté de Denfert-Rochereau. L'enfant est turbulent, le genre à se prendre au balcon de l'appartement familial pour passer d'une pièce à une autre sous les yeux horrifiés de ses parents. Quant à l'écolier, il a depuis longtemps pris sa place non loin du radiateur. Au cours d'une primo-infection soignée à l'air pur et vif des monts d'Auvergne, l'adolescent Jean-Paul trouve sa vocation dans la réflexion des promenades en solitaire : il veut être comédien. Rentré à Paris, il fait part de sa décision à son père qui l'emmène voir un ami à lui, le comédien André Brunot, très sérieux sociétaire de la Comédie-Française. Le jeune homme lui récite une fable de La Fontaine qu'il a bûché comme un fou. Verdict de Brunot : « Retourne d'où tu viens, tu es nul ! ». Si Jean-paul repart le moral en compote, ça ne dure pas longtemps. Il veut être comédien, il le sera ! Il tente le concours du Conservatoire. Là encore, sa vocation est passée au mixer. Il est recalé à sa 1ère tentative en 1951, puis à nouveau en 1952. Il finit par être admis au troisième tour. Quatre années d'études, des profs pas toujours bienveillants comme Pierre Dux qui lui balancera en pleine face : « Avec la tête que vous avez, vous ne pourrez jamais tenir une femme dans vos bras ! ». Des années plus tard, le destin se vengera lorsque, devenue star, Jean-Paul Belmondo recroisera la route de Dux, sur les Champs-Elysées, avec la sublime Ursula Andress à son bras et balancera à son ancien prof : « Voyez... je fais ce que je peux !... ».

En attendant, il fait ses gammes au Conservatoire, vite réputé pour être l'arsouille de service, jamais à court d'un plongeon dans les rideaux de scène, semant une joyeuse pagaille dans les couloirs de cette docte institution. Ses camarades d'apprentissage s'appellent Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer, Pierre Vernier, Annie Girardot, Michel Aumont, Françoise Fabian... Parallèlement à ses études, il a fait la connaissance de Renée Constant, une jeune et jolie danseuse qui lui adonnera une fille, Patricia, née en 1954 et 1er des quatre enfants du comédien. En 1956, au concours de sortie, il ne reçoit comme récompense qu'un second accessit, un peu le prix de consolation pour les cancres. Le jury lui fait, semble-t-il, payer le prix de ses pitreries pendant toutes ces années. Pour tout remerciement à cette médaille en chocolat, il fait un énorme bras d'honneur à la salle... et se ferme du même coup les portes de la Comédie-Française où l'on n'a pas l'habitude de recruter les insolents. Peu importe, il décroche plusieurs rôles au théâtre, après avoir commencé comme figurant à La Huchette, aux côtés du futur cinéaste Jean-Pierre Mocky. Il joue Goldoni, Anouilh, Feydeau, Molière, Courteline et commence de timides débuts au cinéma.

Jean-Paul Belmondo : jeune 1er inclassable

En 1957, un petite rôle dans le film Sois belle et tais-toi lui permet de faire la connaissance de son futur concurrent au box-office : Alain Delon. Il tourne avec Marcel Carné, puis un bout d'essai pour être la partenaire de Brigitte Bardot pour La vérité avant d'être recalé, côtoie Bourvil dans Un drôle de dimanche. C'est d'ailleurs dans cette comédie depuis longtemps oubliée qu'un jeune critique des Cahiers du cinéma le remarque. Il s'appelle Jean-Luc Godard et prépare son 1er film, A bout de souffle. A la sortie de cette œuvre inclassable qui explose tous les codes du cinéma, un peu comme le fit Voyage au bout de la nuit avec la littérature, on ne remarque que Belmondo, jeune 1er qui n'a justement pas la gueule traditionnelle du jeune 1er. Preuve de son ascension fulgurante, on lui met vite les plus belles partenaires dans les bras, Jeanne Moreau dans Moderato Cantabile, Pascale Petit dans La novice, Sophia Loren dans La Ciocciara, Gina Lollobrigida dans La mer à boire, Claudia Cardinale dans La viaccia ! Professeur Pierre Dux aura vraiment perdu une belle occasion de se taire.

En 1961, Jean-Paul Belmondo joue Cartouche sous la direction de Philippe de Broca et devient la star qu'il ne cessera d'être durant quasiment 25 ans, tournant sous la direction de Gérard Oury, Henri Verneuil, Georges Lautner, Jean-Paul Rappeneau ou Jacques Deray. Avec L'homme de Rio, en 1964, l'acteur met une nouvelle corde à son arc : la cascade. Sa marque de fabrique pour le plus grand plaisir des spectateurs qui frissonneront en le voyant piloter des bolides à fond le champignon, sauter d'un toit à un autre ou perché sur celui du métro parisien (Peur sur la ville, 1974) ou s'accrocher à un hélicoptère (Le guignolo, 1980). Une cascade qu'il tentera de réitérer en 1985 pour une émission de Patrick Sabatier mais, déséquilibré, il chutera lourdement, manquant de se tuer. Ce jour-là, il décidera d'arrêter les acrobaties.

Jean-Paul Belmondo : le sommet et la chute

C'est dans les années 70 et dans la 1ère partie des années 80 que sa popularité atteindra des sommets, surtout ceux du box-office où il pulvérise plusieurs fois des records, comme avec Flic ou voyou (1979), Le professionnel (1981), L'as des as (1982) et Le marginal (1983). Le milieu le jalouse, la presse l'étrille, Belmondo s'en fout. Même s'il sait pertinemment que ses films sont de plus en plus des produits fabriqués au papier carbone et de moins en moins des œuvres d'art, à ses yeux seul l'avis du public compte. Et justement, le public finit par se lasser. En 1984, les chiffres d'entrées des Morfalous et de Joyeuses Pâques marquent le pas. L'année suivante, Hold Up ne fait guère mieux. L'acteur et producteur Belmondo décide alors de changer de braquet et suit les conseils de son papa, mort en 1982, qui l'implorait de revenir aux fondamentaux de son métier : le théâtre. Début 1987, 28 ans après son dernier passage sur les planches en 1959 avec Trésor Party, Jean-Paul Belmondo enflamme la scène du théâtre Marigny pour reprendre Kean, la pièce d'Alexandre Dumas adaptée par Jean-Paul Sartre et jadis créée par Pierre Brasseur, l'une des idoles de Jean-Paul. En quelques mois de représentations à guichets fermés, le comédien prouve aux pisse-froids et aux plus sceptiques toute la maitrise de son art, loin de ses guignolades sur grand écran. Il reprend plusieurs pièces (Cyrano de Bergerac, Tailleur pour dames, La puce à l'oreille, Frédérick ou le boulevard du crime) tout en essayant de retrouver les faveurs de son public sur grand écran. Mais L'inconnu dans la maison en 1992, Désiré en 1996, Une chance sur deux en 1998 ou en 1999 Peut-être de Cédric Klapisch sont des fours noirs.

Les goûts ont changé. Pour les poursuites et les bastons, le public préfère désormais Stallone, Schwarzenegger ou Bruce Willis. En 2000, Jean-Paul Belmondo fait une ultime tentative pour renouer avec ses anciens succès sur grand écran, s'adjoignant même le metteur en scène Philippe de Broca qui, de Tribulations d'un Chinois en Chine (1965) en Magnifique (1973) ou en Incorrigible (1975), a autrefois signé tant de cartons pour le comédien. La chose s'appelle Amazone et c'est une véritable faillite, tant financière qu'artistique. Un an plus tard, le 8 août 2001, comme une troublante coïncidence avec une carrière en train passer la main, Jean-Paul Belmondo est victime d'un AVC, alors qu'il est en vacances chez son ami Guy Bedos.

Jean-Paul Belmondo : un autre homme, une autre vie

Après des mois de rééducation et malgré une volonté en acier trempée, Jean-Paul Belmondo ne sera plus jamais le même et restera paralysé du côté droit. Cela ne l'empêche pas, en 2002, d'épouser en secondes noces Nathalie Tardivel dite Natty, ex coco-girl rencontrée en 1989 qui lui donnera un quatrième et dernier enfant, une petite Stella, née en 2003. Il tente de revenir à son métier d'acteur en incarnant en 2009 un SDF dans le film Un homme et son chien, piteux remake signé Francis Huster d'Umberto D, l'un des fleurons du néo-réalisme italien, autrefois réalisé par Vittoria de Sica. C'en est trop, Belmondo veut de moins en moins entendre causer de cinéma. Il préfère se recentrer sur sa vie privée, savourant le plaisir d'être grand-père avec les six petits-enfants que lui ont donnés sa fille Florence (née en 1960) et son fils Paul (né en 1963). Il vit aussi de nouvelles et suspectes amours dans les bras de la sulfureuse Barbara Gandolfi dont il se séparera en 2012, après s'être aperçu que la diablesse était davantage intéressée par son portefeuille que par ses sentiments. Un abus de faiblesse venu en grande partie de l'attirance légendaire de Belmondo pour les femmes sculpturales. Personne n'a en effet oublié ses liaisons avec Ursula Andress dans les années 60, puis avec Laura Antonelli dans les années 70 et enfin avec la Brésilienne Carlos Sotto-Mayor dans la décennie suivante, juste avant sa rencontre avec Natty.

Mais sous le masque du bon vivant, le sourire toujours aux lèvres malgré le terrible handicap de ses dernières années, se cachait aussi un homme blessé à qui sa pudeur naturelle interdisait de livrer le grand drame de sa vie : la mort de sa fille ainée Patricia en 1994, brûlée vive dans son appartement de la rue de Rennes. Elle venait d'avoir 40 ans. En 1996, à l'occasion d'un livre-album qui lui était consacré pour ses 40 ans de carrière, Jean-Paul Belmondo évoquait sa vie en ces termes : « Si je devais résumer mon parcours d'une formule, je l'appellerais « Itinéraire d'un enfant gâté ». C'est vrai que j'ai eu mon lot de coups durs, que j'ai subi la violence de ces chocs intérieurs dont on ne se remet pas. (...) Mais pour moi, ces flèches du destin n'ont atteint que ma vie privée. Dans ma vie professionnelle, j'ai toujours eu l'impression de planer comme dans un rêve. »

Jean-Paul Belmondo © DOMINIQUE JACOVIDES Jean-Paul Belmondo © ALAIN ROLLAND Jean-Paul Belmondo © PRESIDENT FILMS Victor Belmondo, Jean-Paul Belmondo et Paul Belmondo © PASCAL BARIL / TELE STAR - MONDADORI FRANCE Jean-Paul Belmondo © PASCAL BARIL / TELE STAR - MONDADORI FRANCE Jean-Paul Belmondo et Natty © TELE STAR / MONDADORI FRANCE Jean-Paul Belmondo, Jean Dujardin et Francis Huster © F COMME FILM / FRANCE 2 CINEMA Jean-Paul Belmondo © F COMME FILM / FRANCE 2 CINEMA Jean-Paul Belmondo © LE FILM FRANCAIS / MONDADORI FRANCE