Jean-Pierre Bacri, "furieusement de gauche", combattait le mépris
CULTURE - “Furieusement de gauche”, Jean-Pierre Bacri ne l’a pas toujours été. “J’ai été politisé très tard. C’est à 27 ans que j’ai découvert la politique, avant je m’en foutais complètement. J’ai découvert ça et je l’ai pris à cœur. Il se...
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CULTURE - “Furieusement de gauche”, Jean-Pierre Bacri ne l’a pas toujours été. “J’ai été politisé très tard. C’est à 27 ans que j’ai découvert la politique, avant je m’en foutais complètement. J’ai découvert ça et je l’ai pris à cœur. Il se trouve que j’étais de gauche et je le suis resté”, confiait le comédien et scénariste, disparu ce lundi 18 janvier, à Claire Chazal en octobre 2017 sur France5. Cet ancrage politique a ensuite influencé jusqu’à sa façon de travailler, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo.
C’est ainsi qu’en écrivant avec Agnès Jaoui le film “Le goût des autres”, le couple a souhaité partager équitablement les rôles et les répliques. “Notre façon de voir s’applique tout le temps dans la distribution, c’est-à-dire dans la façon dont on distribue les rôles. On veut que les gens soient heureux avec nous, donc on a l’esprit de troupe. C’est notre façon à nous d’être de gauche. Qu’ils soient heureux de jouer”, expliquait-il à la revue Savoir/Agir.
“Si vous lisez attentivement nos scénarios, vous verrez qu’il est toujours question de politique. Dans “Le goût des autres”, il n’est question que de politique puisqu’il n’est question que de sectes, de clans et de chapelles, du bourdieusisme permanent qu’il y a dans ce mépris qu’ont les gens pour les autres qui ne sont pas de leurs sectes. C’est éminemment politique mais on n’appelle pas cela un film politique. Les opinions politiques des gens se voient dans ce qu’ils disent ou dans ce qu’ils font comme films même quand ils prétendent ne pas parler de politique”, expliquait Jean-Pierre Bacri sur France5 en décembre 2015.
La critique du “racisme de classe” développée par le sociologue Pierre Bourdieu a fortement influencé son travail. “Le seul méchant contre lequel on se soulève dans la plupart de nos pièces et nos films, c’est le mépris. C’est ça notre ennemi. Donc que ce soit le mépris du riche pour le pauvre, de l’élite pour le petit peuple ou du petit peuple pour la politique, c’est la même chose. Que ce soit le poujadisme ou la condescendance de classe. C’est à chaque fois le mépris qui nous émeut”, confiait Jean-Pierre Bacri à la revue d’inspiration bourdieusienne Savoir/Agir.
“Humanitairement, je veux bien faire la pute”
Ses convictions l’ont poussé à militer et prendre position pour une série de causes, du féminisme à la défense du statut d’intermittents du spectacle en passant par son engagement en 2005 aux côtés de Joey Starr et Jamel Debbouze contre l’abstention aux élections. “Si cela aide, je joue le jeu très volontiers. Humanitairement, je veux bien faire la pute, ça ne me dérange pas du tout”, racontait-il en 1986.
Avec le temps, le jeune homme politisé qui s’exprimait de “façon radicale” dit avoir acquis le sens de la nuance. “Je n’ai pas changé de convictions, les valeurs que je défends sont toujours les mêmes mais on apprend en vieillissant qu’il n’est pas question d’être parfait et que les gens sont faillibles. Ne nous pressons pas de les juger”, demandait Jean-Pierre Bacri en 2017. “Avant de taper sur Macron, je vais attendre encore quatre ans”, plaisantait-il en 2018 sur le plateau de l’émission “C à Vous”, ne désespérant de voir le nouveau président de la République prendre un virage social.
“La plupart des hommes politiques travaillent et sont honnêtes. Mais à la télévision et dans les radios, on distribue de l’angoisse. Les gens finissent par penser que le monde est moche et que les gens sont pourris. Ce qui n’est pas le cas. Mais les bonnes nouvelles n’intéressant personne, continuons à déverser de l’angoisse”, râlait l’éternel ronchon du cinéma français.
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