Jean-Pierre Bacri vu par Pascal Bonitzer
“J’ai rencontré Jean-Pierre Bacri pour la première pour Cherchez Hortense. Je l’avais vu évidemment dans beaucoup de films, ceux de Resnais, celui de Noémie Lvovsky et ceux dont ils étaient les auteurs, avec Agnès Jaoui. J’appréciais beaucoup...
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“J’ai rencontré Jean-Pierre Bacri pour la première pour Cherchez Hortense. Je l’avais vu évidemment dans beaucoup de films, ceux de Resnais, celui de Noémie Lvovsky et ceux dont ils étaient les auteurs, avec Agnès Jaoui. J’appréciais beaucoup son talent son humour, sa puissance de comédien.
Quand j’écris, je ne pense pas à des comédiens, et c’était encore le cas pour Cherchez Hortense. Je lui ai envoyé le scénario, et c’est là que je l’ai rencontré pour la première fois, après qu’il a lu le scénario et qu’il a accepté le rôle, ce qui était à l’époque quelque chose d’assez rare - il disait non à beaucoup de projets qu’on lui proposait. C’était donc pour moi une heureuse surprise, et il m’a dit que le scénario avait été pour lui, je le cite : "une merveilleuse surprise".
"C’était un homme de gauche, un démocrate fervent"
A partir de là, nous avons eu une complicité qui a perduré au-delà des deux films que nous avons tournés ensemble. Qui perdurait aussi dans la vie. C’était quelqu’un… que j’aimais beaucoup, je crois qu’il m’aimait bien aussi, on se voyait régulièrement à déjeuner, à des intervalles plus ou moins distants, mais réguliers, toujours dans le même restaurant italien de la rue Grégoire-de-Tours qui était son fief. Et on parlait de tout, de rien, des films, de la vie, et de politique aussi. Parce que c’était un homme de gauche, un démocrate fervent, quelqu’un qui avait une éthique non seulement professionnelle mais dans la vie aussi. C’était quelqu’un qui, dans le privé, était une personne extrêmement aimable et… et d’une bonté assez rare.
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“On le caractérisait comme quelqu’un de râleur, de bougon. Mais non, il y avait une part sombre en lui, mais aussi un appétit de vivre très fort.”
Evidemment, il avait un talent immense, un humour très très spécial, qui lui était très propre, une diction très particulière, une façon de s’emparer des rôles qui n’appartenait qu’à lui. On le caractérisait comme quelqu’un de râleur, de bougon, mais non, il y avait une part sombre en lui, mais un appétit de vivre très fort.
Les deux rôles de Cherchez Hortense et de Tout de suite maintenant sont deux rôles antithétiques. Dans le premier, il jouait une profonde tendresse et dans le second une grande amertume. C'était un comédien, il pouvait jouer des rôles différents, évidemment.
Je crois aussi qu'il avait accepté de jouer dans Tout de suite maintenant parce que nous nous étions très bien entendus sur Cherchez Hortense, qu'il avait adoré. Il m'avait dit que le rôle de Damien, le personnage principal du film, lui avait donné une palette de jeu qu'il n'avait jamais eu auparavant. Il jouait sur plusieurs registres : le comique, le pathétique, l'émotion... Dans Tout de suite maintenant, le rôle était plus court et plus monocolore. Il avait accepté de le faire parce que je le lui avais demandé.
Je crois qu'il avait aussi accepté parce que c'était la première fois qu'il pouvait jouer avec Isabelle Huppert... Et ils avaient deux scènes importantes ensemble. Je me souviens que dans l'une, que j'ai tournée en plan-séquence, ils ont donné un maximum d'émotion...”
Propos recueillis par J.-B. Morain
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