Joe Biden veut s'affirmer sur le climat pour réaffirmer le leadership américain
INTERNATIONAL - C’est un rendez-vous décisif pour Joe Biden. Le président américain organise ces jeudi 22 et vendredi 23 avril un sommet sur le climat en visioconférence auquel il a convié 40 dirigeants mondiaux, dont Emmanuel Macron. La présence...
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INTERNATIONAL - C’est un rendez-vous décisif pour Joe Biden. Le président américain organise ces jeudi 22 et vendredi 23 avril un sommet sur le climat en visioconférence auquel il a convié 40 dirigeants mondiaux, dont Emmanuel Macron. La présence de deux autres invités est particulièrement scrutée: celle du président chinois Xi Jinping et de son homologue russe Vladimir Poutine.
Une réunion censée marquer le retour des États-Unis en 1ère ligne dans la lutte contre le changement climatique, après leur désengagement durant le mandat de Donald Trump, lequel avait retiré son pays de l’accord de Paris en 2017. Joe Biden avait d’ailleurs décidé dès son 1er jour à la Maison Blanche en janvier 2021 de réintégrer son pays à cet accord.
Pour Jean-Eric Branaa, politologue spécialiste des États-Unis, maître de conférences à l’université Paris 2-Assas, et auteur de Joe Biden. L’homme qui doit réparer l’Amérique (Nouveau Monde), ce sommet est avant tout un “grand rendez-vous international sur le leadership américain”.
“C’est un événement que le président Biden a décidé seul d’organiser, estime auprès de l’AFP Alice Hill, analyste du centre de réflexion Council on Foreign Relations et ancienne conseillère de Barack Obama. Cela ne lui a pas été imposé. Nous pouvons donc nous attendre à ce qu’il veuille démontrer au reste du monde que les États-Unis peuvent, et vont mener” la lutte contre le changement climatique.
Tourner la page Trump et appuyer sur “reset”
“Il agit dans la continuité de Barack Obama qui avait fait du climat un véritable enjeu”, juge le chercheur Jean-Eric Branaa qui estime qu’après les années Trump, Biden entend bien tourner la page et “appuyer sur la touche ‘reset’” (réinitialiser en français, ndlr). “Il veut montrer qu’il peut très vite rattraper le retard des États-Unis sur les questions environnementales et retrouver de la crédibilité sur le plan international.”
Car après quatre années de climato-scepticisme, les autres dirigeants mondiaux ne cachent pas leurs inquiétudes. Dans un entretien accordé à l’AFP, le Premier ministre canadien Justin Trudeau estime que “l’engagement montré par les États-Unis après des années loin de la table des négociations sur le climat est quelque chose qu’effectivement, les gens vont observer de près pour s’assurer qu’ils sont sérieux, qu’ils sont engagés”.
“Est-ce que Trump ou quelqu’un comme Trump pourrait revenir en 2024? C’est évidemment une possibilité et tout le monde l’a en tête”, note auprès de l’AFP Alden Meyer, un responsable du think tank E3G et observateur de longue date des négociations sur le climat. Mais, selon lui, l’administration Biden semble déterminée à “verrouiller” ses objectifs de baisse des émissions. Et à faire des émules.
La 1ère puissance mondiale s’était engagée à réduire ses émissions de 26 à 28% d’ici 2025, par rapport à 2005. Les experts s’attendent à ce qu’elle fixe un nouvel objectif d’une réduction de moitié d’ici 2030.
Jean-Eric Branaa estime que “les étoiles sont alignées pour Joe Biden”, qui a notamment réussi une “excellente campagne de vaccination”. “Cette conférence pour le climat est une aubaine pour lui, ajoute-t-il, estimant qu’il s’agira aussi d’une préparation en vue de la COP26, prévue en novembre prochain à Glasgow. “La COP se mettra forcément au diapason de ce que font les États-Unis.”
Un expert de la “diplomatie”
Les grandes puissances invitées, qui représentent ensemble 80% des émissions globales des gaz responsables du réchauffement, se sont mises mardi en ordre de marche pour ce sommet. Le président chinois Xi Jinping, à la tête du 1er pays émetteur de gaz à effet de serre, a confirmé, tardivement, sa participation, malgré les vives tensions avec Washington.
Également en froid avec les Américains, Vladimir Poutine, a promis que la Russie, producteur majeur d’hydrocarbures, agirait “sévèrement” pour “relever les défis du changement climatique”.
Mais peut-on “coopérer” sur le climat avec la Chine tout en l’accusant de “génocide” ou en estimant que Vladimir Poutine est un tueur? “Biden a déjà répondu à cette question”, estime Jean-Eric Branaa qui poursuit: “La réponse est la diplomatie. La semaine dernière, il a téléphoné à Poutine et lui a proposé de participer au sommet pour, clairement, discuter de tout ce qui les sépare. C’est une avancée énorme sachant ce qu’il disait de lui il y a quelques mois”.
Le nouveau président américain l’a en effet répété à l’envi: avec la Chine, mais aussi la Russie, les États-Unis peuvent “courir deux lièvres à la fois” ― en anglais, cela donne “walk and chew gum at the same time”, ou “marcher et mâcher du chewing-gum en même temps”.
“Le défi de cet équilibre, c’est que le plateau ‘contestation’ de la balance pèse beaucoup plus lourd que le côté ‘coopération’”, relève auprès de l’AFP Heather Conley, de l’institut de recherche Center for Strategic and International Studies.
Samedi 17 avril, le “Monsieur climat” de Joe Biden, John Kerry, s’est engagé à l’issue d’une visite à Shanghai avec son homologue chinois Xie Zhenhu, à “coopérer” sur le changement climatique. John Kerry qui a d’ailleurs jugé que serait “suicidaire” toute absence de collaboration.
L’entente de la Chine et les États-Unis, les deux plus gros pollueurs de la planète, est cruciale pour la réussite des efforts internationaux. Et les deux puissances rivales semblent donc décidées à mettre provisoirement leurs divergences de côté pour collaborer plus activement sur le climat.
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