Joe Goddard (Hot Chip) dévoile un “Harmonics” foutraque mais euphorique

Depuis une vingtaine d’années, Hot Chip, mené par Alexis Taylor et Joe Goddard, n’a cessé d’explorer et d’hybrider la notion de dance music, installant la pop au cœur du dancefloor comme personne. Une longévité, doublée d’une pertinence musicale,...

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Depuis une vingtaine d’années, Hot Chip, mené par Alexis Taylor et Joe Goddard, n’a cessé d’explorer et d’hybrider la notion de dance music, installant la pop au cœur du dancefloor comme personne. Une longévité, doublée d’une pertinence musicale, qui atteste de l’habileté du groupe à forger une drôle de galaxie créative dont il serait l’étoile noire, nourri par chacune des excursions, solitaires ou groupées, de ses membres.

C’est dans cette optique, un terrain d’expérimentation jouissif et décontracté, qu’il convient d’accueillir Harmonics, le troisième album solo en quinze ans de Joe Goddard, nounours à voix de velours, qui multiplie les casquettes (DJ, producteur, remixeur, patron de label) avec un enthousiasme toujours vivace.

Un équilibre précaire entre euphorie pure et pointes de mélancolie

Malheureusement, Harmonics, avec ses quatorze titres et son overdose de featurings (le rappeur Oranje, Tom McFarland de Jungle, Eno Williams de Ibibio Sound Machine, Fiorious et sa voix d’or, la New-Yorkaise Barrie), est souvent éreintant sur la longueur, même si Joe Goddard semble s’y amuser comme un fou.

Dans ce feu d’artifice foutraque de disco, de hip-hop, de breakbeat, de garage house, d’electro synth et d’afro house, déjà trop entendu pour révolutionner la pop, quelques perles relèvent le niveau – même si Joe Goddard est loin de retrouver le génie de Gabriel, l’un des meilleurs morceaux de house UK de ces vingt dernières années.

“Dans un monde marqué par de nombreuses divisions agressives, je souhaitais que cette œuvre soit empreinte d’amour”

Dans ce grand bazar, on sauvera Moments Die, bijou de soul électronique où la voix de Barrie accomplit des merveilles, Progress et son groove afro qui n’est pas sans évoquer des Amadou et Mariam rajeuni·es, la ballade crépusculaire Out at Night avec la voix de Goddard perdue dans l’Auto-Tune et le très disco-house Summon, avec Hayden Thorpe dans le rôle du fils de Sylvester.

La preuve en beauté que Joe Goddard n’est jamais aussi bon que lorsqu’il parvient à cet équilibre précaire entre euphorie pure et pointes de mélancolie, quitte à ajouter de la mélodie comme de la chantilly. Comme il le déclare à propos de ce nouveau disque : “J’ai essayé de créer quelque chose de très inclusif et empathique, quelque chose d’harmonieux. Dans un monde marqué par de nombreuses divisions agressives, je souhaitais que cette œuvre soit empreinte d’amour, de romantisme.”

Harmonics (Domino/Sony Music). Sortie le 12 juillet.