“Joyland”, une Queer Palm subtile venue du Pakistan
Premier long de Saim Sadiq, et 1er film pakistanais sélectionné à Cannes, Joyland, a reçu le prix du jury Un certain regard et la Queer Palm, expression d’un rayonnement inédit et transgressif : d’abord pour une industrie jusqu’alors à l’arrêt...
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Premier long de Saim Sadiq, et 1er film pakistanais sélectionné à Cannes, Joyland, a reçu le prix du jury Un certain regard et la Queer Palm, expression d’un rayonnement inédit et transgressif : d’abord pour une industrie jusqu’alors à l’arrêt et en voie de reconstruction ; ensuite pour la communauté LGBTQI+ au Pakistan, dont les droits ne sont reconnus que depuis 2018. Par le prisme d’une famille, Saim Sadiq plonge au cœur de la société pakistanaise et circonscrit – notamment par de beaux plans aériens – son architecture urbaine et son intimité.
Le cinéaste privilégie les lieux clos tel l’appartement familial, maison de poupée filmée de plain-pied avec ses cadres dans le cadre que permettent portes et fenêtres, ou les coulisses d’un cabaret où Haider dégotte un boulot de danseur et s’éprend de Biba, femme trans à la fois tolérée et moquée, reflet d’une “société bipolaire”, selon Sadiq.
Faire éclore les désirs contraints
Quelque chose du cinéma d’Ozu est reconduit dans l’agencement du foyer, dans cette forme d’harmonie de la domesticité, ici entravée mais pas alourdie (le film a cette délicatesse de mêler au drame une légèreté, une douceur, une bonté à la Capra) par le patriarcat, système punitif qui vaut à Haider de ne pas être considéré comme un homme et à sa femme Mumtaz, alors salariée, d’être ramenée à la case “femme au foyer”.
Joyland se dévoile très habile dans sa façon de tricoter en chorale ces entrelacs d’existence, de faire éclore les désirs contraints de ses personnages qui butent contre les bords du format carré de l’image. Traversé de détails signifiants sur le visible et l’invisible (une partie de cache-cache, un voile, une obscurité), Joyland se montre et se regarde intensément et surpasse sa douleur par un sauvetage avec une éclaircie à l’horizon.
Joyland de Saim Sadiq, avec Ali Junejo, Rasti Farooq (Pak., 2022, 2 h 06). En salle le 28 décembre.