“Kerber” : un Yann Tiersen aussi isolé qu’ouvert au monde
Deux ans après Portrait, disque-bilan dans lequel il revisitait (avec brio) son répertoire, Yann Tiersen revient avec Kerber, qui témoigne d’une évolution stylistique non préméditée. “L’envie de départ consistait à faire un album entièrement...
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Deux ans après Portrait, disque-bilan dans lequel il revisitait (avec brio) son répertoire, Yann Tiersen revient avec Kerber, qui témoigne d’une évolution stylistique non préméditée.
“L’envie de départ consistait à faire un album entièrement au piano, explique le musicien. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que ça ne m’intéressait pas du tout et même que ça m’ennuyait profondément. J’étais à deux doigts d’abandonner… Et puis, j’ai changé d’angle d’approche : j’ai considéré le piano comme l’élément principal du son du disque et non pas comme l’instrument unique. Ça m’a libéré et ça m’a remotivé. C’est ainsi que je suis parti sur l’idée d’un disque ayant le piano pour centre tout en accordant une place très importante à la musique électronique.”
Assez long et très élaboré, le processus créatif s’est imposé de lui-même. Au printemps 2020, sans lien direct avec la pandémie, Yann Tiersen a commencé à y travailler à l’Eskal, le studio qu’il s’est aménagé sur l’île d’Ouessant, là où il vit.
Un travail en duo
Il a d’abord composé des parties de piano afin de constituer une banque de sons. Il les a ensuite réenregistrées avec plusieurs autres travaillées sur ses instruments fétiches (ondes Martenot, mellotron et clavecin), puis il a minutieusement repris et transformé tous ces éléments sonores avec son système modulaire.
Dans un dernier temps, il a été rejoint à l’Eskal par le chevronné producteur anglais Gareth Jones (Depeche Mode, Erasure, Einstürzende Neubauten…) avec lequel il collabore depuis Infinity (2014).
Durant trois semaines, ils ont encore retraité toute la matière musicale et peaufiné les moindres détails. Au final, en résulte un album composé de sept (longues) plages instrumentales dont les titres correspondent à des noms de lieux se trouvant sur l’île d’Ouessant, à proximité immédiate de la maison de Yann Tiersen. “C’est un périmètre qui doit faire environ 200 mètres”, précise-t-il en souriant.
Vibration émotionnelle
Par exemple, Kerber, qui donne son titre au LP, évoque une chapelle située dans un petit village de l’île. Irradiant une mélancolie profonde sur plus de dix minutes d’une extrême densité, en suspension sur les rivages du silence, il apparaît vraiment comme le morceau-phare de l’album. Le piano s’y déploie dans tout son éclat tandis que l’électronique y reste discrète, distillée par touches légères.
La part d’électronique s’avère ainsi plus ou moins grande suivant les morceaux. Elle est particulièrement saillante sur Ker al Loch, le morceau le plus rythmé et vrillé, qui flirte même avec la techno. Conjuguant remarquablement sophistication des textures sonores, sens mélodique, vibration émotionnelle et fluidité, l’album – traversé en outre par ces cascades de notes tintinnabulantes caractéristiques de la musique de Tiersen – happe tout du long et laisse en mémoire un sillage entêtant. Par son orientation vers l’électronique, il semble ouvrir une stimulante nouvelle voie dans un déjà riche parcours entamé il y a maintenant plus de vingt-cinq ans.
Kerber (Mute/PIAS). Sortie le 27 août