Kerby Jean-Raymond fait passer un message avec cette robe en forme de main tenant une serpillère
MODE - Après la pluie, le beau temps. Ce samedi 10 juillet, le créateur de mode Kerby Jean-Raymond a présenté, à New York, sa 1ère collection haute couture en clôture de la semaine de la mode parisienne, au lendemain d’une annulation de dernière...
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MODE - Après la pluie, le beau temps. Ce samedi 10 juillet, le créateur de mode Kerby Jean-Raymond a présenté, à New York, sa 1ère collection haute couture en clôture de la semaine de la mode parisienne, au lendemain d’une annulation de dernière minute à cause de la tempête Elsa.
Le designer, 1er Afro-Américain à être invité au calendrier officiel de la prestigieuse Fashion Week française, est resté fidèle au propos de sa marque, Pyer Moss. Il a proposé une série de pièces surréalistes mêlant pop culture et commentaire social pour mettre en valeur des récits différents de ceux qui, pleins de douleurs, sont racontés habituellement sur les Afro-Américains.
“Les histoires que nous nous racontons entre nous sur nos vies causent de nos grand-mères et comment elles nous ont aimés sur fond de versets de la Bible et de limonade, mais aussi pourquoi les lignées de sang n’ont jamais défini qui étaient vraiment nos oncles et tantes ou comment notre maison a toujours été assez grande pour accueillir tous ceux que nous aimons”, peut-on lire dans un communiqué.
Il ajoute: “Nous portons des histoires pleines de gloire dans nos corps. L’imagination noire est la plus grande technologie de ce monde.”
L’hommage aux inventeurs noirs
Parmi les looks imaginés, une veste blanche et son pantalon, assortis d’une machine à écrire en référence à ses inventeurs, Lee S. Burridge et Newman R. Marshman, deux hommes noirs. En hommage à Lewis Latimer, un abat-jour au bout duquel pendaient des cristaux accompagnait une robe couleur lilas.
Le scientifique George Washington Carver, connu pour avoir découvert 300 manières différentes de consommer la cacahuète, a eu le droit, lui, à un gigantesque pot de beurre dudit fruit d’arachide.
D’après le Guardian, la collection, intitulée “Wat u Iz”, ne s’est pas arrêtée là. Elle avait pour but aussi de causer de la réalité de la vie des personnes noires aux États-Unis, “en demande de réparations face à l’héritage de l’esclavage”, comme en témoigne la robe ci-dessous en forme de main noire tenant une serpillère.
Sur une autre tenue représentant un réfrigérateur taille humaine, plusieurs aimants étaient alignés pour former la question suivante: “Qui est à l’origine du traumatisme noir?” C’est une allusion, ici, à un phénomène également connu sous le nom de traumatisme transgénérationnel. Celui-ci interroge la manière dont les effets des traumatismes chez certains groupes d’individus, comme les personnes noires ou les réfugiés, peuvent être transférés d’une génération à l’autre.
″À l’instar de Demna Gvasalia, qui a conçu des jeans et des parkas pour son défilé de haute couture Balenciaga, et d’Iris van Herpen, qui pratique la découpe au laser et l’impression 3D comme s’il s’agissait d’une aiguille et d’un fil, Kerby Jean-Raymond fait partie d’une nouvelle génération de créateurs qui respectent les règles traditionnelles et élitistes de la mode tout en les réinventant à son propre image”, écrit la journaliste du New York Times Vanessa Friedman.
Dans un article intitulé “Comment un couturier noir américain a chamboulé la haute couture française”, elle explique qu’il s’est approprié les notions d’héritage et de patrimoine, traditionnellement synonymes de savoir-faire et travail manuel dans la mode, pour leur donner “une dimension politique et culturel plus large”.
Kerby Jean-Raymond, un nom influent
Fondée en 2013, la griffe est encore peu connue du public français. De l’autre côté de l’Atlantique, elle n’est plus à présenter. Récompensé à trois reprises par les CFDA Fashion Awards, son directeur artistique engagé présente ses créations au croisement entre l’art, le sport et la mode depuis 2016 au calendrier officiel new-yorkais. En 2015, il était déjà parmi les trente personnalités de moins de 30 ans à suivre, selon Forbes. Quatre ans plus tard, c’est le Time qui lui confère un titre similaire.
Son credo? “Ramener de la substance dans la mode.” Anti-raciste et défenseur de la culture noire, il cherche à combiner “storytelling, militantisme, débat, théâtre et commentaire social” dans ses collections.
Cependant, Kerby Jean-Raymond l’a exprimé à plusieurs reprises: il ne veut pas causer ”éternellement des questions de racisme”. La pression et les enjeux ne sont pas sans impact sur sa santé mentale. “Si une nouvelle marque débarque et fait ça mieux que moi, je n’aurais peut-être plus besoin de le faire. Alors, je pourrai passer à autre chose, a-t-il confié à Cultured Magazine. Peut-être que je me mettrai à la poterie ou à autre chose. Pour l’heure, c’est une expérience sociale.” La collection de ce samedi 10 juillet laisse à croire qu’il n’est pas près de laisser la main.
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