La Biélorussie accusée du meurtre de l'opposant Vitali Chychov

CRIME - Le directeur d’une ONG aidant des opposants au régime bélarusse a été retrouvé pendu ce mardi 3 août en Ukraine, selon la police ukrainienne qui a ouvert une enquête pour “meurtre”, l’organisation du militant dénonçant pour sa part...

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Vitali Chychov, à Kiev le 18 juillet 2021

CRIME - Le directeur d’une ONG aidant des opposants au régime bélarusse a été retrouvé pendu ce mardi 3 août en Ukraine, selon la police ukrainienne qui a ouvert une enquête pour “meurtre”, l’organisation du militant dénonçant pour sa part un assassinat orchestré par Minsk.

“Le citoyen bélarusse Vitali Chychov, disparu à Kiev hier (lundi), a été retrouvé pendu” dans un parc en périphérie de Kiev, près de son domicile, a indiqué la police dans un communiqué. L’une des pistes examinées est celle d’un “meurtre camouflé en suicide”.

Un militant bélarusse, Oleg Ovtchinnikov, a indiqué à l’AFP que le défunt avait des hématomes sur son visage et que son nez était cassé. Des dizaines de policiers ont été déployés sur les lieux du drame, selon des journalistes de l’AFP.

L’organisation du militant, “Maison bélarusse en Ukraine” (BDU), a dénoncé sur Telegram une opération des autorités bélarusses visant à “liquider” une personne “dangereuse pour le régime” du président Alexandre Loukachenko.

“Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une opération planifiée des tchékistes”, terme désignant les forces de sécurité, a affirmé sur Telegram cette ONG dont la mission est de venir en aide aux Bélarusses s’exilant en Ukraine pour échapper à la répression dans leur pays, qui depuis un an a vu des milliers de personnes incarcérées.

“Vitali était surveillé” et “nous avions été avertis à plusieurs reprises” de la possibilité de “toutes sortes de provocations allant jusqu’à l’enlèvement et à la liquidation”, selon la BDU.

Menacés même en exil

Vitali Chychov, 26 ans, était sorti faire un jogging à Kiev lundi matin mais n’est jamais revenu.

Il s’était enfui à Kiev à l’automne de 2020, face à la virulence croissante de la répression du gigantesque mouvement de contestation contre la réélection d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.

Depuis, le jeune homme s’occupait d’aider ses compatriotes exilés en Ukraine pour les mêmes raisons que lui et participait à l’organisation à Kiev des protestations contre le régime d’Alexandre Loukachenko, selon la BDU.

Les Nations Unies ont appelé mardi Kiev à conduire une enquête “minutieuse, impartiale et efficace” sur sa mort.

De nombreux bélarusses ont fui leur pays, souvent pour l’Ukraine, la Pologne et la Lituanie, sur fond de répression féroce de toute contestation dans cette ex-république soviétique nichée entre la Russie et l’UE.

La cheffe de l’opposition bélarusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa a exprimé ses condoléances aux proches de Vitali Chychov. “Les Bélarusses ne sont pas en sécurité même à l’étranger tant qu’il y a ceux qui tentent de se venger et de cacher la vérité en se débarrassant des témoins”, a-t-elle lancé sur Telegram.

Une nouvelle affaire après celle des JO

L’affaire de Vitali Chychov intervient peu après un incident aux Jeux olympiques de Tokyo avec la sprinteuse bélarusse Krystsina Tsimanouskaya, menacée d’un rapatriement forcé pour avoir critiqué sa fédération sur les réseaux sociaux.

Craignant d’être incarcérée dans son pays, l’athlète s’est réfugiée à l’ambassade de Pologne, dont elle a obtenu lundi un visa humanitaire alors que son mari a quitté le Bélarus pour Kiev. Le Comité international olympique (CIO) a lancé une enquête sur l’affaire.

Le régime bélarusse est aussi accusé d’avoir détourné en mai un vol commercial en prétextant une alerte à la bombe pour arrêter le dissident Roman Protassevitch à bord, scandalisant les Occidentaux.

Alexandre Loukachenko a également été accusé d’avoir créé des “escadrons de la mort” au début de son règne pour se débarrasser de ses opposants.

En 2019, un ancien membre d’un commando bélarusse a affirmé ainsi au média allemand Deutsche Welle d’avoir participé à l’exécution sommaire de trois opposants en 1999.

Autre affaire retentissante, le procès qui s’ouvre mercredi de l’une des trois grandes figures de la contestation au Bélarus de 2020, Maria Kolesnikova, poursuivie pour “complot visant à s’emparer du pouvoir”.

Maria Kolesnikova accuse les forces de sécurité bélarusses de l’avoir enlevée pour l’exiler en Ukraine. Mais comme elle a résisté, elle a finalement été arrêtée, incarcérée et inculpée.

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