La crise du Covid-19 risque aussi d'aggraver la "rancœur" entre les générations

COVID - Les divergences entre les plus jeunes et les plus âgés pourraient bien s’accroître au vu de la situation sanitaire. Le risque d’une “fracture” entre jeunes et seniors se fait en effet craindre, note ce mardi 30 mars l’association “Les...

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Le risque d’une “fracture” entre jeunes et seniors se fait craindre

COVID - Les divergences entre les plus jeunes et les plus âgés pourraient bien s’accroître au vu de la situation sanitaire. Le risque d’une “fracture” entre jeunes et seniors se fait en effet craindre, note ce mardi 30 mars l’association “Les Petits frères des pauvres” dans un rapport, rappelant qu’il faut la combattre par des politiques d’éducation et de sensibilisation. 

Ce risque de “fracture générationnelle” se nourrit de “certaines prises de positions très douloureuses pour les personnes âgées, qui ont pu se sentir mises en accusation par des plus jeunes cherchant des boucs-émissaires” à la crise, estime l’association de lutte contre l’isolement des seniors. 

“On a l’impression d’être punis, comme dans une classe quand tous les élèves sont collés à cause d’un seul qui a fait une bêtise. On cherche des responsables à notre situation et comme on n’a personne à blâmer, on cible spontanément les vieux. Même si on est ambivalents parce qu’on ne veut pour rien au monde que nos grands-parents attrapent le virus”, explique au Monde Charlotte, 24 ans.

À l’inverse, certains aînés ont pu montrer de la “rancœur”, accusant les plus jeunes de laxisme dans l’application des gestes barrière, et de manquer de solidarité à leur égard.

“On nous culpabilise”

“On nous culpabilise en nous rendant responsables de ce que vivent les jeunes. On a l’impression qu’on dérange, qu’on est vus comme des privilégiés”, lance de son côté Marie-Jo Jimenez, 75 ans, également contactée par Le Monde.

La vaccination prioritaire des plus âgés, et qui, donc, vont pouvoir plus rapidement reprendre une vie normale, pourrait en outre accentuer ces ressentiments. C’est d’ailleurs un phénomène déjà constaté au Royaume-Uni. Là-bas, comme le rapport le HuffPost britannique, les seniors vaccinés se projettent déjà dans leurs futurs voyages, quand les jeunes attendent toujours impatiemment leur 1ère dose. 

Face à ce risque, un “changement de regard sur la vieillesse” est nécessaire, affirment les auteurs du rapport. Car même parmi les seniors - qui ne forment pas une catégorie homogène -, beaucoup ont “une vision très négative de l’avancée en âge”, perçue comme un “naufrage”: certains se sentent “exclus” et considérés comme “inutiles” par leurs concitoyens, soulignent-ils.

À travers des entretiens approfondis, réalisés avec 100 seniors de plus de 60 ans dont 45 résidents en EHPAD, se dessine le portrait d’une génération ayant globalement traversé douloureusement la crise sanitaire et ses confinements successifs. Les difficultés semblent avoir été plus importantes pour les personnes à faibles revenus ou qui étaient déjà marquées par un “cumul de vulnérabilités” avant la crise.

Sentiment de méfiance

Les seniors ont notamment souffert de la privation de contacts avec leurs petits-enfants et en ont gardé la “peur sous-jacente” que cette privation se pérennise, et qu’ils deviennent ainsi des ”étrangers” aux yeux de leurs descendants. 

Les règles de distanciation ont en outre engendré ou accru chez eux “un sentiment de méfiance à l’égard d’autrui, notamment dans l’espace public”.

Par ailleurs, certaines personnes interrogées ont dit n’avoir pas constaté concrètement “l’élan de générosité et de solidarité” envers les aînés, tel que les médias l’ont souvent relaté.  

“Ce mouvement de solidarité des plus jeunes, il va falloir l’ancrer durablement dans la société, sinon il va disparaître”, a dit à l’AFP Yann Lasnier, le délégué général de l’association. “Il y a un travail éducatif à conduire, par exemple pour sensibiliser à la bienveillance vis-à-vis de son entourage ou du voisinage”.

Pour l’association, restaurer une “volonté de toutes les générations de se respecter” et “de chercher à mieux se comprendre” pourrait passer par le développement d’“initiatives intergénérationnelles”, comme la mobilisation de jeunes en service civique auprès des aînés, ou des ateliers d’échanges entre seniors et écoliers.

Car la crise a montré que “le lien social est un lien vital” et que “son manque, à 20 comme à 90 ans, est douloureux”. 

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