La dernière chanson de Daft Punk : une quête en boucle
Au moment de lire ces lignes, vous aurez probablement eu l’occasion d’écouter les neufs titres additionnels de l’édition 10th Anniversary de l’album Random Access Memories (2013) de Daft Punk, qui sort ce vendredi. Et si tel est le cas, peut-être...
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Au moment de lire ces lignes, vous aurez probablement eu l’occasion d’écouter les neufs titres additionnels de l’édition 10th Anniversary de l’album Random Access Memories (2013) de Daft Punk, qui sort ce vendredi. Et si tel est le cas, peut-être que vous avez déjà fait tourner en boucle certains de ces vestiges, sorte d’artefacts entreposés depuis dix ans dans le sous-sol fantasmé d’un studio comme on conserve un trésor. La boucle, c’est d’ailleurs tout le propos de RAM, ce grand disque dont la mécanique imite celle de la mémoire humaine qui va, qui vient et qui repart avec l’écume, laissant dans les embruns de son sillage des petits bouts de souvenirs, avant d’en récolter de nouveaux éclairés à la lueur d’une nouvelle émotion.
Parmi ces morceaux inédits, démos et autres archives documentant la réalisation de Random Access Memories, se cache la présumée dernière chanson de Daft Punk de tous les temps, Infinity Repeating, en duo avec Julian Casablancas + the Voidz (crédités ainsi). La dernière puisque l’on est en droit de penser que plus rien ne devrait sortir des coffres de Guy-Manuel de Homem-Christo et Thomas Bangalter, mais la dernière aussi car, d’un point de vue chronologique, celle-ci semble avoir été mise en boîte à la fin du processus d’enregistrement de RAM, en 2013 – année de sortie de l’album. La dernière enfin d’un point de vue plus métaphysique, cette fois, parce que dans la mémoire récente, il n’est pas de chanson ayant suscité autant d’attente larvée, au point de voir apparaître des détectives sur les réseaux du net interlope, partis en quête de cette mystérieuse collaboration entre le leader des Strokes et Daft Punk, qui aurait tout aussi bien pu ne jamais faire surface.
Cette attente a été rendue possible par la certitude que la chanson existait bel et bien. Depuis près de dix ans maintenant, Julian Casablancas en parlait ponctuellement, de façon laconique le plus souvent, évoquant pour la caractériser un mouvement cyclique qui se répète et une chanson qui “sonne comme du jazz moderne bizarre […] plus bizarre que n’importe quelle autre chanson du disque” qu’il connaisse. Construite à partir d’une boucle infinie qui, à mesure qu’elle s’impose à nous, s’éloigne dans l’immensité jusqu’à n’être plus qu’un point lumineux parmi d’autres (avant de s’achever, c’est son paradoxe, dans un brouhaha de charley et de guitares en roue libre), Infinity Repeating est ainsi le fruit d’une rencontre parfaite entre une mélodie et trois grands mélancoliques, qui envisagent la confection des entrelacs d’un motif répété comme le prolongement d’une quête : celle d’une issue vers un ailleurs dans le temps et dans l’espace qui ne poindra jamais.
Pour toutes ces raisons, la dernière chanson de Daft Punk pourrait bien être la dernière de toutes les chansons tout court.