La direction du Refuge démissionne après des "dysfonctionnements structurels"

DÉMISSION - L’association était au cœur d’une polémique depuis deux mois. La fondation Le Refuge, qui héberge des personnes LGBT rejetées par leur famille, a annoncé le départ de ses dirigeants dans un communiqué rendu public ce jeudi 18 février....

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Le président du Refuge, Nicolas Noguier, à Montpellier le 16 août 2013.

DÉMISSION - L’association était au cœur d’une polémique depuis deux mois. La fondation Le Refuge, qui héberge des personnes LGBT rejetées par leur famille, a annoncé le départ de ses dirigeants dans un communiqué rendu public ce jeudi 18 février. La fondation, qui a accompagné 474 jeunes en 2019, était au centre d’une polémique depuis décembre et des révélations de Mediapart qui reprochaient à sa direction un fonctionnement quasi-sectaire et un management agressif.

Une enquête dont les constats ont été confirmés par un audit indépendant de l’agence BCG, commandé par l’association en janvier et publié jeudi 18 février. Ce rapport pointe notamment des “dysfonctionnements structurels (...) imposant une réaction forte et urgente”.

Le conseil d’administration a aussitôt annoncé avoir “pris acte” de la démission du président de la fondation, Nicolas Noguier. Il avait créé l’association en 2003, qu’il dirigeait avec son compagnon Frédéric Gal, qui va également quitter ses fonctions de directeur général.

Une communication en trois actes

Juste après la parution de l’article de Mediapart, l’association avait d’abord dénoncé le 16 décembre “différents faits et témoignages (...) qui datent de plusieurs années et sont totalement sortis de leur contexte et dépourvus de nombreux éléments factuels”.

Quelques jours plus tard, le 21 décembre, elle annonçait finalement la réalisation d’un audit interne, la mise en retrait de la direction et reconnaissait à demi-mots des dysfonctionnements. “Peut-être que la mobilisation permanente des équipes n’a pas laissé assez de temps pour professionnaliser notre structure comme il l’aurait fallu. Peut-être ne sommes-nous pas encore assez formé.e.s sur les questions relatives à la transphobie.” Avant de finalement annoncer la démission de la direction ce 18 février.

“Les dysfonctionnements observés au sein de la Fondation Le Refuge sont graves”, a réagi vendredi sur Twitter la ministre déléguée chargée de l’Égalité, Élisabeth Moreno, en insistant sur l’“exemplarité” imposée par sa mission et en prenant acte de cette démission.

Dans un communiqué publié vendredi 19 février, la ministre ajoute “prendre acte des décisions prises par le conseil d’administration du Refuge et souhaite que les services de l’État apportent la réponse adaptée aux dysfonctionnements constatés”.

Le collectif d’anciens jeunes et bénévoles du Refuge s’est réjoui de cette décision dans un communiqué publié le même jour, réclamant désormais une enquête de l’IGAS et un audit financier.

60% des salariés interrogés “ne se disent pas heureux au travail”

L’audit détaille sur 38 pages les dérives de cette “fondation en forte croissance”, qui “occupe un positionnement unique dans le paysage associatif français”, avec sa ligne d’urgence dédiée aux jeunes LGBT en rupture familiale et ses solutions d’hébergement dans une grande partie de la France.

Le document étrille notamment son “fonctionnement totalement artisanal”, reposant sur “des communications informelles, des relations interpersonnelles et une concentration des prises de décisions sur quelques acteurs”.

L’enquête de Mediapart dénonçait un “management par la terreur” envers salariés et bénévoles, qui se disaient “broyés”, “usés” ou “humiliés” par une direction qu’il “faut aduler”. Selon plusieurs témoignages, Nicolas Noguier se faisait appeler “papa” par les jeunes et aurait fréquemment donné des “câlins” et des ”étreintes”.

L’audit relève lui “un climat de défiance et un mal-être au travail d’une partie significative des acteurs” de l’association: 52% des salariés interrogés “estiment que leur charge de travail n’est pas soutenable” et 60% “ne se disent pas heureux au travail”.

Il critique également la communication de l’association: plus d’un quart des jeunes interrogés “estiment que leur consentement n’est pas systématiquement demandé pour utiliser leur image sur les réseaux sociaux en particulier”.

En réaction, le conseil d’administration du Refuge a notamment annoncé vouloir mutualiser sa ligne d’écoute avec d’autres associations LGBT, la nomination d’un médiateur et une nouvelle charte du droit à l’image au sein de l’organisation. Sollicité par l’AFP, Nicolas Noguier n’a pas répondu immédiatement.

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