“La Femme à la fenêtre” : Amy Adams à l’affiche d’une boursouflure qui nous laisse froid

Un remake en cache souvent un autre. Anna Fox (Amy Adams, quasiment méconnaissable) une psychologue pour enfants qui souffre d’agoraphobie, reste cloitrée chez elle et passe une grande partie de ses journées à la fenêtre. Munie d’un appareil...

“La Femme à la fenêtre” : Amy Adams à l’affiche d’une boursouflure qui nous laisse froid

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Un remake en cache souvent un autre. Anna Fox (Amy Adams, quasiment méconnaissable) une psychologue pour enfants qui souffre d’agoraphobie, reste cloitrée chez elle et passe une grande partie de ses journées à la fenêtre. Munie d’un appareil photo, elle observe la vie de ses voisins. Jusqu’au jour où elle est témoin d’un assassinat se déroulant dans la maison d’en face.

Pour celles et ceux qui en douteraient encore, nous voilà bien dans une relecture de Fenêtre sur cour. Une filiation que le film exhibe dès son introduction, lorsque la caméra nous fait découvrir la maison du protagoniste et qu’un lent travelling filme en gros plan James Stewart se débattant à la fin du chef d’œuvre d’Hitchcock. Mais si chez le cinéaste britannique la fenêtre est un écran, génératrice d’une ambivalence (c’est à la fois l’impuissance du spectateur et son pouvoir de posséder autrui par le regard), la lucarne est dans La Femme à la fenêtre l’objet du refoulement.

Aucune inclination charnelle

La raison de l’enfermement du personnage principal n’est pas une jambe cassée enroulée dans un plâtre mais un trouble anxieux, l’agoraphobie, dont le film ne nous indique pas le traumatisme déclencheur. Regarder autrui ne produit chez Anna aucun plaisir mais lui permet de détourner le regard sur elle-même, de retarder l’introspection, de fermer les yeux sur les origines de la blessure originale. C’est là que l’image d’un autre film d’Hitchcock surgit sur le téléviseur du protagoniste. La voix d’un Grégory Peck tourmenté qui murmure : “Une chose me hante mais je ne vois pas quoi”, dans La Maison du docteur Edwardes. Toute l’ambition psychanalytique du film est révélée. Bien plus que le meurtre dont Anna sera témoin, il faut retrouver la scène traumatique originale afin de rétablir l’équilibre.

Situé au point de rencontre entre ces deux entités hitchcockiennes, entre le thriller en huis clos et le drame psychanalytique, Joe Wright ne réussit hélas aucun des deux films. Laissés à l’état de purs motifs, il ne les traite qu’artificiellement. Si ce n’est la trame initiale, et le plan iconique de James Stewart derrière l’œilleton de son appareil photo, le film n’établi aucun dialogue avec Fenêtre sur cour et La Maison du docteur Edwardes et ne restitue dans sa mise en scène aucune inclination charnelle avec ses images, privant son spectateur du plaisir de revoir certaines relectures de tableaux hitchockiens (un ersatz de De Palma nous aurait hautement plus satisfait).

>> A lire aussi : Pourquoi “La Leçon de piano” reste un film féministe essentiel

Paresseux

Soumis à une logique de révélations successives et à une outrance généralisée, La Femme à la fenêtre laisse une impression d’extrême pesanteur stylistique. Loin du grain sublime et crépusculaire d’Inside Llewyn Davis, l’image du chef opérateur Bruno Delbonnel rappelle les palettes chromatiques criardes issues de sa collaboration avec Jean-Pierre Jeunet. Mais c’est surtout dans sa dimension psychanalytique que le film sonne creux. L’événement traumatique du personnage et les échos qui ressurgissent par fragments dans sa psyché ne sont envisagés que comme des scories stylisées mais totalement dénuées de matière. De la même manière, le trauma du personnage ne s’avère qu’un obstacle à la résolution de l’enquête et sera surmonté avec une facilité déconcertante par ce dernier.

Au trois-quarts du film, l’idée nous vient alors que celui-ci partage un lien jusqu’ici gardé secret. Ce lien, il le nouerait avec une autre oeuvre dont il porte le même nom en version originale, La Femme au portrait de Fritz Lang (The woman in the window) et il en reprendrait le célèbre épilogue. A la fin du film de Lang, le héros se réveille et réalise que toutes les péripéties dont il était victime n’était que le fruit d’un mauvais rêve. Trop facile peut-être, mais quitte à être paresseux, autant être culotté. Des deux qualificatifs, La Femme à la fenêtre ne garde que le 1er.

La Femme à la fenêtre, de Joe Wright, disponible sur Netflix.

>> A lire aussi : Que voir sur Arte en mai ?