“La Fille d’Albino Rodrigue”, “Fairytale”, “Le Paradis”… Voici les sorties de la semaine !
La Fille d’Albino Rodrigue de Christine Dory Dans le regard que pose la cinéaste sur ses personnages – elle ne les juge jamais, pas même les plus effrayants d’entre eux – il y a quelque chose de politique au sens noble du terme. Comme chez...
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La Fille d’Albino Rodrigue de Christine Dory
Dans le regard que pose la cinéaste sur ses personnages – elle ne les juge jamais, pas même les plus effrayants d’entre eux – il y a quelque chose de politique au sens noble du terme. Comme chez Renoir, ici, “chacun a ses raisons” – ce qui ne signifie pas que tout le monde a raison. Chacun a sa manière de se défendre, même mal. La Fille d’Albino Rodrigue est un film admirable d’intelligence, d’humanité, d’attention portée à ses personnages, où la réalisatrice parvient à transformer un fait divers sordide (inspiré de faits réels) et une enquête policière en récit d’une quête héroïque.
La critique de Jean-Baptiste Morain
Fairytale d’Alexandre Sokourov
De la nuit se lèvent des morts, des fantômes. Staline, dans son tombeau, cause à son voisin, Jésus en personne… Dans une forme impressionnante et extrêmement stylisée, graphique, quasi expérimentale, Sokourov ressuscite des figures de la seconde guerre mondiale à partir d’images d’archives réelles retravaillées numériquement. On voit donc Staline, mais aussi Hitler, Churchill et Mussolini.
La critique de Jean-Baptiste Morain
Le Paradis de Zeno Graton
Certes l’époque a changé. L’homosexualité, dans notre société en tout cas, est beaucoup moins scandaleuse que naguère – et on ne s’en désolera pas. Mais on sent aussi que Graton a voulu documenter son sujet et qu’il peine à sortir des rets du réalisme pour atteindre l’incandescence de la poésie. Un 1er film un peu trop sage, donc, mais très prometteur.
La critique de Jean-Baptiste Morain
War Pony de Gina Gammell et Riley Keough
War Pony est dans un 1er temps saisissant. Le talent des jeunes comédien·nes, tous·tes non professionnel·les, la description sans fard de l’extrême précarité de ces communautés, régies par la vente de drogues, les petites magouilles et menus larcins, créent un effet de réel ultra-séduisant. Mais passé le moment de la découverte, le film peine à déployer un vrai point de vue et s’enfonce dans les ornières d’un esthétisme clipesque de mauvais aloi.
La critique de Bruno Deruisseau
99 Moons de Jan Gassmann
Ce film suisse, présenté à Cannes en 2022 à l’ACID, se perd alors en considérations un peu nébuleuses et peu intéressantes sur la fragilité de la frontière entre l’amour et le plaisir sexuel. Peu à peu nos amants fébriles deviennent un couple aux préoccupations petites bourgeoises : on ne se comprend plus – air connu, convenu. Le plus convenu étant de dépeindre une fois de plus, en toute bonhommie, en toute quiétude intellectuelle, certaines pratiques sexuelles comme perverses, marginales, sordides.
La critique de Jean-Baptiste Morain