La fin de l’engagement politique dans le Rap ?
La fin de l’engagement politique dans le Rap ? Sofiane l’a acté il y a quelques jours dans une série d’entrevue accordée à plusieurs médias. Chez Léa Salamé comme sur Radio Nova, Fianso a laissé entendre qu’il laissait ses opinions politiques...
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La fin de l’engagement politique dans le Rap ? Sofiane l’a acté il y a quelques jours dans une série d’entrevue accordée à plusieurs médias. Chez Léa Salamé comme sur Radio Nova, Fianso a laissé entendre qu’il laissait ses opinions politiques à la porte lorsqu’il entrait dans son personnage de rappeur. C’est un changement de philosophie autour du rap. Mais est ce la fin de l’engagement artistique ? Pas sûr !
Les années 90’ : « Qui prétend faire du rap sans prendre position » ?
C’est sans doute la punchline la plus représentative du rap des 90’. Elle est extraite du titre « J’boxe avec les mots » d’Ärsenik. Bien des années plus tard, Lino l’un de deux membres du duo dévoilera son album solo « Requiem ». Dans le titre « Fautes de français », il perpétue cette tradition d’engagement politique intimement liée au rap. Qu’ils soient conscients ou totalement inconscients, les groupes de rap des 90’ ont tous porté la défiance envers le pouvoir politique.
Depuis Fabe qui dans « L’impertinent » « écrit une lettre au Président », jusqu’au sulfureux « Hardcore » d’Ideal J, ou « Animalement Votre » de Première Classe, le rap des années 90’ est virulent, censuré, et anticonformiste. Le groupe NTM, fondateur parmi les fondateurs reprend le titre de KRS One « Sounds Of Da Police » dans un titre « Police » qui leur vaudra les foudres du pouvoir. Le titre est d’ailleurs repris dans une scène culte de la Haine avec DJ Cut Killer au balcon d’une grande cité.
Les exemples ne manquent pas. Jusqu’à la moitié des années 00’ même, le groupe Sniper perpétue cette tradition comme sur le titre « Brûle » qui monopolise le pouvoir contre le groupe. Puis les rappeurs s’enjaillent plus qu’ils ne revendiquent. La fin de l’engagement politique dans le Rap ?
La musique urbaine est le genre le plus écouté en France
Depuis 2019, la musique urbaine est le genre le plus écouté en France. Cependant le rap conscient est relégué aux seuls connaisseurs de rap et aux puristes. Il ne faut pas croire pour autant que seul la Pop Urbaine est au 1er plan. Le succès de PNL, Orelsan, Booba, de la vague Drill emmené par Freeze Corleone, et de la vague Trap, prouve que le gangsta rap ou le rap subversif a de beaux jours devant lui.
Si l’abandon de Sofiane devant la politique est une illustration parfaite du mouvement actuel. C’est que le rappeur représente parfaitement la success story des quartiers. Du temps où il dressait ses « Blacklist », Fianso était lui-même boycotté. Et ce n’est pas en travestissant sa musique ou ses valeurs que le rappeur a réussi. Non après la série de freestyle « #JesuispasséchezSo » gangsta rap comme son featuring avec Kalash Criminel sur « 93 Hardcore » il enchaîne les succès, fonde son label et devient un acteur respecté de tous. La fin de l’engagement politique dans le Rap ?
L’abandon de Fianso est loin d’être une lâcheté ou un échec. Mais la réussite certaines personnalités originaires des quartiers comme Omar Sy, ou encore Djamel Debbouze pour ne citer qu’eux ont prouvé que faire des exemples de réussite dans les quartiers est le meilleur moyen de renverser la donne.
« J’ai très envie de dire des choses et on me le réclame très souvent (…) j’aime être un artiste et j’ai juste l’impression de ne pas être à ma place.»
— On Est En Direct (@OnEstEnDirectF2) February 12, 2022
L’art est-il forcément politique ? La réponse de @Fianso et @kevadamsss qui dénoncent la chasse au buzz pic.twitter.com/PSIh3AL5NX
La fin de l’engagement politique dans le rap ?
Non, le rap par son principe est une forme de contestation. Même dans la Trap et la Drill qui originairement viennent du gangsta rap américain, il y a une forme de contestation inhérente. Il faut comprendre que le rap est essentiellement le témoignage de la minorité muette. Avec le gangsta rap, le rappeur retourne la violence de la société dont il a été victime. Accumulé les signes extérieurs de richesse façon bling-bling, c’est une façon pour les descendants des esclaves aux USA, comme pour les populations stigmatisées en France, d’exercer une « revanche sociale ».
De plus, de l’avis de tous, Booba est l’un des parrains du rap à l’heure actuelle. Et même si le rappeur est loin d’être moralisateur ou conscient, c’est souvent l’un des derniers hautcauseurs des quartiers lorsqu’il s’agit de s’insurger contre une injustice. Il l’a fait de nombreuses fois quand des femmes voilées ont été agressées lui qui n’est pas musulman (ouvertement en tous cas) ou en cas de violences policières. La fin de l’engagement politique dans le Rap ?
Puis des personnalités originaires des quartiers comme Aya Nakamura, Sofiane justement, Omar Sy, ou encore Djamel ont fait plus pour les quartiers que n’importe quel politique de la ville. Car même si à l’instar de Sofiane, beaucoup se refusent à être des exemples, ils ont permis à beaucoup de jeunes de se reconnaître dans des personnalités qui leur ressemblent.
L’article La fin de l’engagement politique dans le Rap ? via @ Urban Tracks.