La France lance une Villa Médicis aux Etats-Unis
DIPLOMATIE - Cocorico en Amérique. La France a annoncé, ce 2 juillet 2021, qu’elle allait inaugurer à l’automne la Villa Albertine, lieu de résidence et de création pour des artistes français aux États-Unis, dans la tradition de la prestigieuse...
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DIPLOMATIE - Cocorico en Amérique. La France a annoncé, ce 2 juillet 2021, qu’elle allait inaugurer à l’automne la Villa Albertine, lieu de résidence et de création pour des artistes français aux États-Unis, dans la tradition de la prestigieuse Villa Médicis à Rome.
Innovation majeure: cette nouvelle vitrine de la culture française ne sera plus concentrée en un lieu unique, mais déclinée dans dix grandes villes américaines, de la côte est à la Californie. “La Villa Albertine, c’est d’abord le pari de porter le nouvel élan transatlantique jusque dans le domaine de la culture et des idées” après les “malentendus” de l’ère Trump, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en dévoilant le projet au Quai d’Orsay.
Explorer les États-Unis
Elle va permettre à des créateurs français “d’explorer les réalités américaines” mais aussi de “peser sur la manière dont notre culture est perçue aux États-Unis”, a-t-il expliqué, soulignant combien “l’influence culturelle est devenue un levier de puissance”.
Plus de trois siècles après la création de l’Académie de France en 1666 à Rome, devenue depuis la Villa Médicis, la Villa Albertine va offrir un nouveau havre pour de jeunes artistes, en prise directe avec la culture américaine et l’ère des “industries créatives”. “S’il y a bien un pays qui occupe la place que l’Italie occupait au 17e siècle, c’est les États-Unis”, relève Gaëtan Bruel, directeur de la Villa Albertine (son nom fait référence à l’une des “jeunes filles en fleur” de Proust).
La France comptera désormais quatre résidences artistiques à Rome, Madrid (Casa Velázquez, inaugurée en 1928), Kyoto (Villa Kujoyama, 1992) et la Villa Albertine dans dix villes américaines simultanément. Dix lieux symbolisant la diversité américaine et s’appuyant sur les réseaux culturels français aux États-Unis: New York, Washington, Boston, Miami, Atlanta, La Nouvelle-Orléans, Chicago, Houston, Los Angeles et San Francisco.
“On s’inscrit dans la tradition de la Villa Médicis mais dans un schéma profondément renouvelé”, a relevé l’ambassadeur de France aux États-Unis, Philippe Étienne. “Les résidents seront davantage en immersion dans les lieux qui les accueillent”, a-t-il indiqué à l’AFP.
Un travail immersif pour les Français
Exit le cadre prestigieux de la Villa Médicis, avec palais du 16e siècle, parc et jardin à l’italienne, parfois jugé trop élitiste et trop éloigné des réalités. À Los Angeles, les résidents seront accueillis par des producteurs d’Hollywood et de grands collectionneurs d’art. À New York, ils choisiront le quartier et le type de lieu (atelier, lieu d’exposition..) dans lesquels ils souhaitent s’immerger.
L’écrivaine Constance Debré, qui va réaliser une enquête sur la contre-culture américaine, résidera ainsi dans un appartement new-yorkais. Le photographe Nicolas Floc’h, qui se concentre sur la représentation de l’eau, ira pour sa part explorer le Mississippi et ses couleurs changeantes à bord d’un bateau.
Quentin Zuttion, auteur de bande dessinée, a choisi, lui, une itinérance en train de New York à Los Angeles pour réaliser un portrait de la nouvelle jeunesse américaine. “C’est un énorme cadeau, du pain béni”, a déclaré le dessinateur, qui fera son “road trip” en avril-mai 2022 autour de la figure de la “Prom Queen”, la reine du bal de promo, élue par ses pairs étudiants en fin de cycle universitaire.
Trois autres artistes, la plasticienne Josefa Njtam, la contrebassiste Sélène Saint-Aimé et le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomia, signeront cette saison inaugurale de la Villa Albertine. Sélène Saint-Aimé a expliqué vouloir faire un travail de “recherche, de composition et de création” à La Nouvelle-Orléans pour “resserrer les liens” entre le jazz et la musique des Caraïbes, dont elle est originaire.
Ils seront 60 résidents à terme, pour des séjours d’un à trois mois et d’un coût moyen de 20.000 euros, soit un budget de 1,2 million par an, cofinancé par du mécénat privé, dont la Fondation Bettencourt Schueller. La Villa Albertine offrira aussi une quinzaine de programmes d’accompagnement pour des conservateurs de musée, des scénaristes, l’écriture de jeux vidéos ou la promotion de la création numérique française aux États-Unis.
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