La France ne peut être une Nation du tiers-monde de l’intelligence artificielle

La France se trouve à la jonction de deux époques, où le monde ancien, notamment industriel, se déconstruit, sans pour autant que le Nouveau Monde constitué de données ne soit prêt. Qu’est-ce que le Nouveau Monde? Il est maintenant certain...

La France ne peut être une Nation du tiers-monde de l’intelligence artificielle

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La France se trouve à la jonction de deux époques, où le monde ancien, notamment industriel, se déconstruit, sans pour autant que le Nouveau Monde constitué de données ne soit prêt. Qu’est-ce que le Nouveau Monde? Il est maintenant certain que la révolution de l’immatériel, la dématérialisation, le numérique, et, en un mot, l’intelligence artificielle sera le nouveau continent de l’humanité.   

Autant dire que nous sommes loin d’explorer ce nouveau continent. Et le commissaire au plan est plus prolixe sur la proportionnelle que sur ce qui fera l’avenir de la France même si les Français, eux, contraint par la Covid-19 ont dû se convertir au commerce, la culture, les dialogues, les études ou le travail via internet.

En France, nous souffrons d’un déficit d’anticipation en ce domaine. Notre horizon ne dépasse pas 3 ans. Il n’y a aucune vision globale dans un pays qui fut pionnier lors de la 1ère révolution industrielle. Cela est inacceptable !   

Les raisons sont multiples: i) une centralisation qui assèche les initiatives en régions; ii) des diplômes supérieurs d’intelligence artificielle délivrés dans des grandes écoles, principalement parisiennes; iii) des start-ups dans le domaine de l’intelligence artificielle bénéficiant de soutiens bien hétérogènes; iv) des régions -puisque nous sommes à la veille de leur renouvellement- sans budget de soutien; v) et une majorité des accélérateurs et incubateurs de start-ups géographiquement concentrés.

La lourdeur et la complexité administrative et bureaucratique pénalise l’innovation. Nous sommes consternés quand nous observons le succès de blueDot, la start-up canadienne qui a anticipé l’arrivée de la pandémie; ou, dans un autre domaine, le succès de la biotechnologie et la bio-informatique qui ont été à l’origine du succès des vaccins contre le Covid-19, proposés par les plus grands laboratoires du monde, au grand dam des géants pharmaceutiques français.

Pourtant, l’utilité de l’intelligence artificielle n’est plus à démontrer, que ce soit dans le domaine de l’agriculture, de l’environnement, de la santé ou même des services publics.    

 

Nos start-ups manquent de moyens financiers et ne peuvent participer à la mutation industrielle qui est nécessaire à la compétition internationale.

 

Il ne s’agit pas de croire qu’il y aurait là une substitution à l’industrie en tant que telle, mais une complémentarité, un relais de croissance nécessaire au siècle de la nouvelle économie.   

Nos start-ups manquent de moyens financiers et ne peuvent participer à la mutation industrielle qui est nécessaire à la compétition internationale. 

L’Union Européenne a alloué 312 milliards d’euros aux États européens, dont 40 milliards dévolus à la France. Seulement 400 millions d’euros ont été distribués pour combler le retard des entreprises dans le numérique c’est-à-dire 1% du plan de relance; un pur scandale au regard de ce qui serait nécessaire à une nouvelle croissance. Que dit le commissaire au plan?  

Pourtant, notre pays ne manque pas d’atouts: i) notre formation d’excellence en mathématiques est reconnue dans le monde entier; ii) les sciences de programmation dispensées par nos universités sont les meilleures en Europe; iii) la capacité d’appropriation technique et d’innovation de notre jeunesse sont redoutables; vi) nous produisons des scientifiques de renom international comme Yann Lecun, référence mondiale en matière d’apprentissage automatique. 

Nous avons un tel potentiel qu’il est pillé par les plus grands acteurs de la technologie. On s’alarme quand nos talents footballistiques partent à l’étranger, et pas lorsqu’il s’agit de nos créateurs-chercheurs.  

Il faut libérer les énergies dans l’intelligence artificielle. Et cela nécessite un plan aux multiples entrées.    

Tous les algorithmes de l’Intelligence Artificielle requièrent une puissance computationnelle qui n’est pas accessible à tout utilisateur. L’obligation de recourir à des infrastructures payantes, et souvent hors de l’UE, pour traiter ou gérer les données est pénalisante. À quand un géant européen du numérique offrant ce type de services? Il y a là un enjeu de souveraineté numérique pour l’Europe.   

Un plan spécifique doit être déployé de l’école à l’université pour former et qualifier en IA en vue d’alimenter nos écoles d’ingénieurs. Nous bricolons en ce domaine, alors qu’il faut repenser notre Éducation nationale autour des 3 fondamentaux du siècle à venir: l’intelligence artificielle, le défi climatique, la conscience civique (histoire-littérature-philosophie).  

Un plan doit promouvoir la création d’un écosystème régional et territorialisé comparable à la Silicon Valley.   

Je prône une France ambitieuse en matière d’intelligence artificielle: celle à l’importance stratégique que pouvait avoir l’atome, lorsque le général De Gaulle créa le commissariat à l’énergie atomique. Il s’agit de notre place dans le monde de demain. La France ne peut être une Nation du tiers-monde de l’intelligence artificielle. C’est non seulement notre place dans le top 10 des Nations qui est en jeu mais notre capacité à préserver un modèle qui fait que la France républicaine reste attractive.   

Il y a urgence monsieur Bayrou!

 

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