La fusillade de la rue d'Isly, drame de la guerre d'Algérie que Macron va commémorer

ALGÉRIE - Le président Emmanuel Macron va faire un geste mémoriel ce mercredi 26 janvier envers les rapatriés d’Algérie qui portera sur la fusillade de la rue d’Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent...

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Emmanuel Macron, ici lors d'une conférence de presse à Berlin, en Allemagne, le 25 janvier 2022.

ALGÉRIE - Le président Emmanuel Macron va faire un geste mémoriel ce mercredi 26 janvier envers les rapatriés d’Algérie qui portera sur la fusillade de la rue d’Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée en mars 1962.

Le chef de l’État va porter “une parole de reconnaissance” lors d’une rencontre à l’Élysée avec des associations de rapatriés d’Algérie, communément appelés les “pieds-noirs”, a indiqué mardi la présidence française.

“Un des points saillants du propos du président de la République tournera autour de ce qu’il s’est passé le 26 mars à Alger, rue d’Isly”, a ajouté la présidence, sans plus de précisions.

Une semaine après la signature des Accords d’Évian et le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, en Algérie, des manifestants civils partisans de l’Algérie française qui tentaient de forcer le passage vers le quartier de Bab El-Oued, dans le centre d’Alger, étaient mitraillés à un barrage tenu par l’armée française.

La fusillade qui dura plus d’un quart d’heure fit, selon différentes sources, au moins une cinquantaine de morts, tous civils, parmi les manifestants. La fusillade de la rue d’Isly marqua le début de l’exode massif des pieds-noirs d’Algérie.

Cette “reconnaissance” s’inscrit dans une série d’actes mémoriels, depuis le début du quinquennat et à l’approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie avec les Accords d’Évian puis l’indépendance de ce pays le 5 juillet 1962. 

Le 14 septembre 2018, Emmanuel Macron a ainsi reconnu, “au nom de la République française”, que le jeune mathématicien communiste Maurice Audin avait été “torturé à mort, ou torturé puis exécuté par l’armée française” en 1957.

Le 3 mars 2021, il reconnaissait que l’avocat nationaliste Ali Boumendjel avait été “torturé et assassiné” le 23 mars 1957 par l’armée française, contredisant la version initiale d’un suicide.

Le 20 septembre 2021, le chef de l’État a demandé “pardon” aux harkis, supplétifs algériens de l’armée française, qui furent “abandonnés” par la France. Un projet de loi, actant ce “pardon” et tentant de “réparer” les préjudices subis, est en cours d’examen en Parlement et devrait être adopté d’ici la fin du mois de février.

“Main tendue”

Emmanuel Macron a aussi dénoncé des “crimes inexcusables pour la République” lors des 60 ans du massacre par la police française de manifestants algériens, le 17 octobre 1961 à Paris.

“L’objectif reste le même, construire à terme une mémoire apaisée, partagée, commune à tout ce qu’ont été jusque-là les mémoires liées à la guerre d’Algérie et à la colonisation”, en reconnaissant la “singularité de chacun”, a souligné l’Élysée.

Outre les représentants d’associations, des artistes “pieds-noirs”, dont le réalisateur Alexandre Arcadi et l’actrice Françoise Fabian, sont attendus à 15h à l’Élysée. Le chanteur emblématique Enrico Macias, également invité, ne pourra en revanche pas être présent ce mercredi à Paris.

La rencontre s’ouvrira par un témoignage de Danielle Michel-Chiche, blessée à l’âge de cinq ans dans l’attentat du Milk Bar le 30 septembre 1956 à Alger et autrice de Lettre à Zohra D, en référence à Zohra Drif qui déposa la bombe, habillée en jeune femme européenne. Danielle Michel-Chiche devint avocate puis sénatrice après l’indépendance.

Les relations restent compliquées entre l’exécutif et les rapatriés depuis qu’Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de “crime contre l’humanité” lors d’un déplacement à Alger en 2017.

Nombre d’associations appellent au retrait de ces propos et l’une d’elle, Le Cercle Algérianiste, a décliné l’invitation à l’Élysée tant qu’il n’en serait rien. L’Élysée réfute de son côté les accusations de visées électoralistes avec ces différents gestes mémoriels à l’approche de la présidentielle d’avril.

“Si certains esprits chagrins considèrent que convaincre, c’est électoraliste, grand bien leur fasse. Mais en l’espèce, le président s’est fixé une mission”, apaiser les mémoires, a lancé un conseiller du président.  

Les échanges mémoriels restent en revanche au point mort avec l’Algérie. “La France a fait un certain nombre de gestes. La main est toujours tendue et le président attend que quelqu’un la prenne”, fait observer l’Élysée.

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