“La Ligne” d’Ursula Meier, un film étrange et envoûtant
Le petit miracle du nouveau film d’Ursula Meier (Home, L’Enfant d’en haut) tient paradoxalement à son improbabilité : un scénario (co-écrit par Robin Campillo, le réalisateur de 120 battements par minute) très théorique (une jeune fille trace...
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Le petit miracle du nouveau film d’Ursula Meier (Home, L’Enfant d’en haut) tient paradoxalement à son improbabilité : un scénario (co-écrit par Robin Campillo, le réalisateur de 120 battements par minute) très théorique (une jeune fille trace à la peinture un cercle qui empêche sa grande sœur, conformément à la loi, d’approcher le foyer familial à moins de cent mètres après qu’elle a agressé leur mère), une distribution étrange (Valeria Bruni Tedeschi en pianiste de concert ratée perdue au fin fond d’une vallée enneigée, Éric Ruf en beauf…), un paysage de montagne plat comme un trottoir, une rédemption, une sublimation par la musique qui pourrait paraître grotesque.
Mais cette originalité un peu forcée, croisée avec un jeu naturaliste, donne heureusement vie à ce qui pourrait n’être que des clichés froids, rend plausible des personnages tellement chargés de névroses (l’héroïne, jouée par l’étonnante Stéphanie Blanchoud, est incapable de contenir ses pulsions violentes), que le film pourrait sombrer dans une hystérie collective malaisante. Toujours sur le fil, le récit évite le pire et s’adoucit peu à peu, à l’instar de ses personnages.
India Hair, une présence salvatrice
Certes, il y a aussi Benjamin Biolay qui vient apporter un peu d’équilibre, de pondération dans cette histoire de famille dysfonctionnelle, mais il y a aussi une actrice dans le film, dans un rôle secondaire comme souvent, dont ne dira jamais assez le talent, dont on pourrait dire qu’elle porte bonheur à tous les films dans lesquelles elle joue : la merveilleuse India Hair, dont la seule présence éclaire le moindre métrage d’une lueur d’humanité infinie. Dès qu’iel la voit, le spectateur·trice tressaille de plaisir, rassuré·e soudain : rien de grave ne peut arriver à un film dans lequel joue India Hair.
Alors on oublie le dispositif un peu froid, l’histoire de la ligne, de ce cercle de protection magique censé protéger la famille de l’un de ses membres perturbateurs, pour se laisser aller à la guérison par la musique d’une personnage, la mystérieuse Margaret, dont on ignorera à tout jamais, même si l’on en devine les raisons, pourquoi la violence est tellement en elle, au centre de son être. La Ligne est un film à retardement : on ne l’oublie pas, il vous revient parfois en mémoire, en douce. Il infuse.
La Ligne d’Ursula Meier, en salles.