La musique se gentrifie, les artistes se précarisent

La semaine dernière, le quotidien britannique The Guardian publiait un papier sur le business du live outre-Manche intitulé : “The working class can’t afford it”: the shocking truth about the money bands make on tour. Soit, en français : “La...

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La semaine dernière, le quotidien britannique The Guardian publiait un papier sur le business du live outre-Manche intitulé : “The working class can’t afford it”: the shocking truth about the money bands make on tour. Soit, en français : “La classe ouvrière ne peut plus se le permettre” : la terrible vérité sur l’argent que gagnent les artistes en tournée. Interviennent dans ce sujet plusieurs groupes (English Teacher, Nubiyan Twist), un manager d’artistes, le représentant de l’association de défense des intérêts des musicien·nes (Featured Artists Coalition) : tous sont d’accord sur un point : les artistes ne peuvent pas vivre des concerts. Pire, ils perdent de l’argent.

Ils et elles ont testé pour vous

Une enquête qui fait écho à la parole de Lias Saoudi de Fat White Family, recueillie par nos soins à l’occasion de la sortie du dernier album du groupe : “Le rock (…) a été gentrifié, comme n’importe quoi d’autre. Qui peut aujourd’hui s’acheter des amplis de basse et de guitare, si ce n’est la jeunesse issue des classes moyennes ?” Sur X, la musicienne claire rousay (qui vient de sortir son génial nouvel album sentiment) cite l’article en allant dans le sens du constat qu’il établit : “J-2 avant l’échéance du loyer, je confirme.”

De son côté, l’immense Ryley Walker, héros héroïque de l’indie made in US, jamais le dernier pour la déconne, ironise, toujours en rebondissant sur le papier du Guardian : “J’ai accepté l’idée que si je devais mourir sur l’autoroute à péage de l’État de l’Ohio, le crédit poursuivra toute ma famille, même éloignée, jusqu’à ce que la dette soit payée.

Qui les paie ?

The Guardian souligne par ailleurs que cet état de fait concerne aussi bien les artistes indépendant·es que celles et ceux signé·es en major, qu’ils ou elles jouent pour 200 ou 2 000 personnes. Une artiste américaine nous confiait récemment qu’aux États-Unis, dès qu’un·e musicien·ne arrête de tourner, même en ayant joué sur scène à l’international, il ou elle retourne dès le lendemain servir des cafés dans les diners des quartiers gentrifiés pour maintenir un niveau de revenus décent.

Dans le Guardian, Dan Potts, de Red Light Management, pointe du doigt un problème endémique à l’industrie de la musique, qui méconnaîtrait elle-même son propre système de répartition d’une richesse qui ne ruisselle pas jusque dans les poches des artistes : “Les gens des labels pensent que les artistes se font de l’argent avec les tournées, pendant que les producteurs de spectacle s’imaginent qu’ils gagnent leur vie grâce aux revenus générés par les éditions (…) tout le monde pense que les artistes se font de l’argent via un autre secteur de l’industrie” et de conclure : “Les artistes sont les plus gros employeurs de l’industrie en réalité.

Chapeau et admiration éternelle pour tous les réseaux suburbains, salles, tourneurs DIY, artistes qui, envers et contre tout, continuent de faire communauté en se saignant pour que vive une certaine idée de la pluralité et de la lutte des classes.

Édito initialement paru dans la newsletter musique du 3 mai 2024. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !