La prime pour les travailleurs précaires versée par erreur à des milliers de personnes

CORONAVIRUS - Entre “flou artistique” et “précipitation”. Depuis quelques jours, plusieurs syndicats de Pôle Emploi dénoncent les conditions de versement de la prime pour les travailleurs précaires, dit aussi “prime pour les permittents”. Annoncée...

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Une agence Pôle emploi le 7 février 2018 à Paris

CORONAVIRUS - Entre “flou artistique” et “précipitation”. Depuis quelques jours, plusieurs syndicats de Pôle Emploi dénoncent les conditions de versement de la prime pour les travailleurs précaires, dit aussi “prime pour les permittents”. Annoncée par Jean Castex à l’automne et renouvelée depuis pour trois mois supplémentaires, cette prime a commencé à être versée par Pôle emploi, de manière automatique, au début du mois de février, au titre de novembre et décembre.

Alors que les saisonniers déploraient déjà une aide trop restrictive qui rate sa cible, la CFDT évoque désormais dans une lettre ouverte transmise au HuffPost de nombreux dysfonctionnements. Selon le syndicat, près de 40.000 demandeurs d’emploi auraient touché la prime par erreur, ou des montants ne correspondant pas à leurs droits. “Cette aide a été versée à des usagers qui rencontrent déjà des difficultés financières importantes. Pôle Emploi doit-il les accentuer en demandant de rembourser des montants versés par erreur?”, s’agace notamment la missive.

Pour David Vallaperta, secrétaire secteur emploi CFDT-PSTE, contacté par Le HuffPost, c’est un “vrai bazar”. “C’est le branle-bas de combat entre les conseillers, la direction et les régions. Les collègues sont extrêmement sollicités. On s’est rendu compte d’un certain flou artistique dans la rédaction du décret qui a été faite dans la précipitation et n’était pas suffisamment claire sur les revenus. Le gouvernement était dans une volonté de rassurer et n’a pas suffisamment travaillé en collaboration avec Pôle emploi”, déplore-t-il. 

Un aide en moyenne autour de 450 euros

Concrètement, pour déterminer automatiquement qui a droit à cette prime, une requête a été entrée dans le système informatique de Pôle emploi avec des paramètres pour retrouver les demandeurs d’emploi concernés. Si certains sont entrés dans le filet par erreur, 130.000 autres attendaient encore début février d’y pénétrer, le temps d’apporter des pièces justificatives. “Cela commence à faire long pour une aide qui est déjà versée au mois de février au titre de novembre et décembre, s’alarme Sylvie Espagnolle, de la CGT Pôle emploi. Et maintenant les agents se retrouvent en première ligne pour répondre aux questions”.

L’élue est également agacée par la communication gouvernementale autour de la prime “qui a laissé entendre que l’aide serait de 900 euros pour tout le monde, alors que c’est plutôt 50 ou 60 euros”. David Vallaperta abonde et déplore de son côté un effet d’annonce: “sur le papier c’était très intéressant mais les critères qui ont été mis en place nuancent tout de suite le tableau”. Selon des informations recueillies par Le Huffpost, la prime versée serait plutôt d’un montant moyen avoisinant 450 euros. 

Pôle emploi évoque des vérifications en cours

Contactée par Le HuffPost, la direction de Pôle emploi se refuse à confirmer le nombre de 40.000 dossiers et évoque des “cas de trop-perçus qui restent minoritaires”. Selon l’agence, certains dossiers n’étaient pas assez étayés et des agents ont simplement pris contact avec des demandeurs pour apporter de nouvelles pièces au dossier. L’établissement assure que 682.000 primes ont été versées à 408.000 demandeurs au titre de novembre et décembre. 

Une autre source n’exclut pas en off que le nombre de cas de trop-perçus ait pu atteindre à un moment les 40.000 mais précise que ce chiffre est de toute façon “temporaire” et ” va être remis en cause très rapidement avec la prime de janvier”. “La situation des demandeurs d’emploi évolue dans le temps et c’est normal. On a fait des tests et des simulations avant le versement. Mais rétrospectivement, de nouveaux éléments sont apparus et ont nécessité des recalculs ou des évaluations à la main. On a essayé de verser au plus tôt mais c’est très difficile de tenir compte de toutes les dernières évolutions d’un ensemble de dossiers, par ailleurs très hétérogènes, avec des durées de travail et de chômage qui varient beaucoup, tout comme les salaires”, détaille cette source. Pour qui les chiffres ne pourront vraiment être arrêtés clairement que dans quelques mois, le temps “d’avoir une vision globale.” Elle estime qu’au final les vrais cas de trop-perçus ne pourraient être que de l’ordre de 3 ou 4%.

La demande de remboursement devrait se faire comme lors d’un trop-perçu d’allocation chômage, via une notification et une possibilité de contestation.

De son côté, l’entourage de la ministre du Travail a déploré dans Le Parisien, un “faux procès”: “On a imaginé cette prime automatique exceptionnelle fin novembre, c’est-à-dire dans l’urgence, pour répondre à des situations difficiles de certains précaires. Ce n’est pas un retard! C’est un faux procès”. 

De leur côté, les syndicats de Pôle emploi réclament la mise en place d’un numéro spécifique pour alléger la charge de travail supplémentaire qu’engendre les différentes situations de versement. “Alors que l’on parle “sécurité“ dans tous les sites Pôle emploi, faut-il mettre les conseillers en difficulté face à un public légitimement en colère?”, interpelle notamment la CFDT en écho à l’assassinat d’une conseillère Pôle emploi à Valence le mois dernier.  

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