La recherche des origines du Covid-19 "est au point mort", déplorent les experts de l'OMS
CORONAVIRUS - Un accident de laboratoire? Une mutation dans le règne animal? Plus le temps passe, plus les pistes sur l’origine du Covid-19 s’effacent, selon les experts de l’OMS chargés d’établir d’où provient le coronavirus responsable de...
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CORONAVIRUS - Un accident de laboratoire? Une mutation dans le règne animal? Plus le temps passe, plus les pistes sur l’origine du Covid-19 s’effacent, selon les experts de l’OMS chargés d’établir d’où provient le coronavirus responsable de plus de 4 millions de décès dans le monde.
Dans une tribune à Nature, les scientifiques en charge de cette enquête pour l’OMS et auteur d’un rapport non concluant à ce sujet en mars s’inquiètent. La recherche des origines du Covid-19 “est au point mort” et il est urgent de la reprendre, car plus le temps passe, plus elle est difficile à mener, avertissent-ils.
“La quête des origines du virus SARS-CoV-2 est à un tournant critique” et “la fenêtre de tir pour mener cette enquête cruciale se referme rapidement”, font-ils valoir dans un point de vue publié jeudi par la revue Nature, signée par 11 scientifiques, dont la Néerlandaise Marion Koopmans, le Britannique Peter Daszak, le Vietnamien Hung Nguyen-Viet ou le Qatari Farag El Moubasher.
Le temps presse
La raison? “Les anticorps déclinent avec le temps: collecter des échantillons (animaux) et tester des gens qui pourraient avoir été exposés avant décembre 2019 donnera donc de moins en moins de résultats”, mettent-ils en garde.
Les auteurs de cette tribune faisaient partie d’une équipe de 17 experts internationaux mandatés par l’OMS et 17 experts chinois, dont le rapport avait été publié le 29 mars, après une enquête menée en janvier à Wuhan (Chine), point de départ connu de la pandémie.
Sans apporter de réponse tranchée, ce rapport listait quatre scénarios plus ou moins probables. Celui qui était jugé le plus vraisemblable était la transmission du virus à l’homme par l’intermédiaire d’un animal infecté par une chauve-souris.
Venaient ensuite les hypothèses d’une transmission directe sans animal intermédiaire, d’une transmission par la nourriture, notamment la viande surgelée, et enfin d’une fuite accidentelle de laboratoire, toutefois jugée “extrêmement improbable”.
Aucune donnée depuis
Depuis, “aucune donnée” soutenant “l’hypothèse d’une fuite de laboratoire n’a été ni publiée ni soumise à l’OMS”, relèvent les experts. Leur rapport avait fait l’objet de critiques qui l’accusaient de minorer la responsabilité de la Chine.
“L’équipe chinoise était et est toujours réticente à partager des données brutes”, notamment sur les 174 1ers cas identifiés en décembre 2019, commentent ces scientifiques. Le 13 août, la Chine a rejeté l’appel de l’OMS à une nouvelle enquête sur place, en jugeant la 1ère suffisante.
Par ailleurs, des médias américains ont rapporté mardi qu’un autre rapport demandé par le président Joe Biden à ses services de renseignement ne permettait pas de trancher la question sensible de l’origine du Covid, source de frictions entre Washington et Pékin.
Le rapport américain non concluant
Le président des États-Unis avait appelé fin mai le renseignement américain, jusqu’ici incapable de statuer sur la thèse d’une origine animale ou celle d’une fuite au laboratoire chinois de Wuhan, à “redoubler d’efforts” pour expliquer l’origine du Covid-19 et à fournir un rapport sous 90 jours.
En dépit de leurs recherches et analyses, les responsables des services de renseignement n’ont pas pu s’accorder sur une explication définitive, selon le Washington Post qui cite deux responsables américains anonymes, proches du dossier.
Cela s’explique en partie par le fait que la Chine n’a pas fourni assez d’informations, affirme le Wall Street Journal, s’appuyant lui aussi sur deux hauts responsables américains non identifiés.
Longtemps balayée d’un revers de main par la plupart des experts, la théorie d’un accident de laboratoire à Wuhan, en Chine, est revenue ces derniers mois dans le débat américain. Pékin a de nouveau écarté mercredi toute nouvelle enquête de l’OMS sur son sol autour de l’accident de laboratoire.
“La Chine n’a pas besoin de prouver son innocence”, a estimé mercredi le directeur général du département du contrôle des armements du ministère des Affaires étrangères, Fu Cong.“Si les États-Unis pensent que la Chine est coupable, alors ils doivent présenter des preuves”, a-t-il dit devant la presse. L’enquête n’est pas que scientifique, elle est aussi diplomatique.
À voir également sur Le HuffPost: À Wuhan, la visite très surveillée de l’OMS dans le marché berceau de la pandémie de Covid-19