La Rochelle choisit d'expliquer son passé négrier et ses noms de rues
MÉMOIRE - Sept rues de La Rochelle, en Charente-Maritime, une des villes fondatrices de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, sont dotées à partir de ce lundi 10 mai de plaques explicatives de leurs dénominations, en référence à son...
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MÉMOIRE - Sept rues de La Rochelle, en Charente-Maritime, une des villes fondatrices de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, sont dotées à partir de ce lundi 10 mai de plaques explicatives de leurs dénominations, en référence à son passé négrier.
“Ce n’est pas de la repentance, c’est de la connaissance”, a expliqué à l’AFP le maire DVG Jean-François Fountaine (DVG), qui a donc fait le choix de l’explication et de la contextualisation plutôt que d’effacer cette part de l’Histoire de la ville.
Assumer son passé
Depuis 1982 et l’ouverture de son musée du Nouveau monde, La Rochelle, “un des plus anciens ports négriers français” selon Mickaël Augeron, historien et enseignant à l’université de la ville, a choisi d’assumer son ancienne participation au commerce d’esclaves.
Ces plaques sont néanmoins une 1ère. En arpentant la rue de l’Armide, entre le Vieux-Port et le Bassin des Chalutiers, les passants pourront ainsi découvrir, de manière permanente, qu’“en 1749, le navire l’Armide est armé à la traite négrière par Pierre Gabriel Admyrauld. Armide est une magicienne musulmane, personnage de la Jérusalem délivrée du poète italien Le Tasse”.
Plus loin dans la ville, une nouvelle plaque rappelle que “Daniel Gareschè (1739-1811), armateur du Comte de Forcalquier, le plus gros navire négrier rochelais, est élu maire en 1791. Ruiné par les révoltes de Saint-Domingue, en Haïti, il est contraint de se démettre de ses fonctions en 1792”.
À l’inverse, certaines plaques rétablissent la vérité. Le naturaliste et philanthrope Louis-Benjamin Fleuriau n’a jamais participé à la traite des Noirs, contrairement à la croyance locale, ce sont ses aïeux qui s’y sont livré.
Des dizaines de milliers de déportés vers Saint-Domingue
Entre le XVIe et le XIXe siècle, 420 navires sont partis de La Rochelle pour le commerce triangulaire. 130.000 esclaves ont été déportés des côtes d’Afrique vers Saint-Domingue avec en retour du sucre brut, conduisant à un effroyable bilan humain sur lequel a été bâti un XVIIIe siècle rochelais prospère. L’apogée du commerce se situe entre 1720 et le décret d’abolition de l’esclavage le 29 août 1793.
Après la Révolution Française, le commerce triangulaire entre la France, le golfe de Guinée et les Antilles a continué épisodiquement jusqu’au décret d’abolition définitive de l’esclavage porté par Victor Schoelcher le 27 avril 1848.
Comme La Rochelle, 21 villes, agglomérations ou Régions de France ont choisi de regarder leur passé en face en créant la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, dont Nantes, Bordeaux, Brest, Paris, Saint-Denis de la Réunion, la Région Guadeloupe.
À quelques kilomètres, Rochefort a également connu une activité négrière, mais moindre. De 1817 à 1846, “il y a eu une traite illégale française, surtout depuis Bordeaux et Nantes”, rappelle Mickaël Augeron.
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