La suppression de l'Ena "dit quelque chose" de la future campagne de Macron pour Chloé Morin

POLITIQUE - C’est une promesse faite en 2019 juste après la crise des gilets jaunes qui doit désormais voir le jour: la suppression de l’ENA ou du moins sa réforme. Ce jeudi 8 avril, Emmanuel Macron l’officialise devant les hauts fonctionnaires....

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Chloé Morin, politologue

POLITIQUE - C’est une promesse faite en 2019 juste après la crise des gilets jaunes qui doit désormais voir le jour: la suppression de l’ENA ou du moins sa réforme. Ce jeudi 8 avril, Emmanuel Macron l’officialise devant les hauts fonctionnaires. Changement de nom, tronc commun avec les autres écoles de la haute administration ou encore passage sur le terrain avant d’être affecté à un “grand corps” et plus de mobilités entre ceux-ci. Le chef de l’Etat y arrivera-t-il avant la fin de son quinquennat alors qu’il a déjà lancé en février les prépas ”égalité des chances” qui peinent à se mettre en place?

Chloé Morin, autrice de Les inamovibles de la République: L’État malade de ses élites? (L’Aube, 2020) livre sa réaction auprès du HuffPost à ces 1ères annonces. Selon la politologue, “il existe un très fort lobbying des hauts fonctionnaires pour le statu quo” et cette réforme sera difficile à mener avant 2022. Entretien. 

Le HuffPost: Cette annonce du Président de la République arrive comme une surprise. Pensez-vous que ce soit improvisé?

Chloé Morin: Je ne sais pas si c’est improvisé. J’ai surtout l’impression que c’est porté de manière personnelle par Macron. Je pense que tous les ministres n’étaient pas au courant. Il y a tellement d’intérêts en jeu, de personnes qui sont contre, je me dis que la manière dont c’est annoncé, par surprise et par Emmanuel Macron lui-même, montre la volonté d’en faire un symbole et un marqueur de campagne. Ça dit quelque chose sur l’orientation qu’il va vouloir donner à sa campagne de 2022. 

C’était d’ailleurs sa promesse initiale en 2017: réformer l’État et le rendre plus divers, accessible, “disruptif”, sans forcément y arriver...

Il tire le fil de son récit, l’outsider hors du système qui va réformer les privilèges indus. Il y a une ambiguïté permanente chez lui entre l’immobilisme, les privilèges des hauts fonctionnaires, l’“État profond” qu’il dénonce dans un discours très dur et une pratique du pouvoir qui s’est largement appuyée sur eux en leur confiant des responsabilité très importantes.

 

Entre l’intention et l’exécution, c’est l’exécution qui compte.

 

Sur le fond de la réforme telle qu’annoncée, qu’en pensez-vous?

Il y a trois problèmes au sein de la haute fonction publique. D’abord, le recrutement. C’est le mieux traité aujourd’hui: toutes les écoles de l’élite essaient de s’ouvrir, c’est lent, mais ça avance. Le deuxième concerne la formation: ça s’améliore, mais il reste des évolutions à entreprendre. Et enfin le plus complexe à traiter: la gestion des carrières. C’est ce qui crée une culture de l’entre-soi et qui explique beaucoup des décisions excessivement prudentes ou de fonctionnaires qui ne seraient jamais responsables de rien. Cela crée une ambiance au sein des grands corps qui ne favorise pas la prise de risque, la confrontation des idées, la diversité des points de vue et donc qui est nuisible à la prise de décision.

Que les hauts fonctionnaires fassent du terrain avant de rejoindre les grands corps, c’est très bien, mais s’ils les rejoignent après sans en sortir... c’est beaucoup moins bien. Il faudra bien regarder les détails, c’est là où le diable se niche... Je suis sceptique aussi sur l’annonce d’une “super DRH” qu’il souhaite créer. Si c’est pour créer un nouvel échelon au-dessus de ceux qui existent déjà, je ne vois pas l’intérêt. Enfin, entre l’intention et l’exécution, c’est l’exécution qui compte.

Pensez-vous qu’il puisse la mettre en œuvre avant 2022?

Je me demande comment il va faire. La question est plutôt “pourquoi elle n’a pas été faite avant?”. C’est, de fait, une réforme de début de quinquennat. Il y a tellement de résistances au sein de l’État. Il y a eu des tentatives sous ses prédécesseurs, François Hollande ou Nicolas Sarkozy, qui ont échoué. A-t-il le poids nécessaire aujourd’hui pour entamer ce rapport de force? Je n’en suis pas sûre. Il y a une partie des hauts fonctionnaires qui souhaitent la réforme, mais il y aussi un très fort lobbying de la haute fonction publique pour le statu quo.

 

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